Louis de Funès, «Regardez-le là !»

Pour de Funès, réussir une scène à la perfection, c’est improviser © SKOPIA FILMS

Ce vendredi 6 janvier, La Trois brosse un portrait de l’immense acteur comique décédé en 1983.

«Le Petit Baigneur», «Le Corniaud», «Les Gendarmes de Saint-Tropez», «La Grande vadrouille», «Rabbi Jacob»… font partie des 140 films interprétés par Louis de Funès (1914-1983). Et à chaque rediffusion à la télé de ces grands classiques, le public est au rendez-vous. Pourtant, derrière le statut de star se cache un homme d’une délicatesse et d’une pudeur infinie. Cette timidité, il l’a héritée de sa mère, Leonor, son premier professeur de comédie. Quant à son père, Carlos Luis de Funès de Galarza, avocat espagnol fantasque devenu diamantaire, il quitte sa femme et ses trois enfants pour s’installer au Venezuela. «Au début des années 1930, quand on lui annonce son « suicide », ma grand-mère part là-bas, elle n’y croit pas», explique Olivier de Funès, fils du comédien. «À la maison, c’était un sujet tabou.» Et de fait, Carlos a simulé sa mort, Leonor le retrouve et le ramène en France. Atteint de tuberculose, il meurt ruiné en 1934. Louis est ébranlé.

Il rêve de comédie musicale

Rêveur, indiscipliné et taciturne, Louis de Funès se découvre une passion pour la peinture. À Saint-Raphaël (ProvenceAlpes-Côte d’Azur), dans le musée qui porte son nom, quelques-unes de ses toiles pendent aux cimaises. «Il était assez doué», poursuit Olivier. «Mon père avait fait des études de dessinateur industriel».

Plus tard, alors que tout lui sourit au cinéma, Louis de Funès rêve de comédie musicale. Ne voyant rien arriver, il se console, en 1970, avec «L’Homme orchestre» : «Jamais, je n’ai vu mon père si heureux», se souvient Olivier. «Néanmoins, mécontent que le producteur Alain Poiré lui refuse une augmentation de salaire, Louis réussit à rallonger le tournage en Italie. Un retard qui va coûter très cher à la production et vaudra un chèque supplémentaire à Fufu.

Pro et écolo

Pour de Funès, réussir une scène à la perfection, c’est improviser. Comme dans «La Grande Vadrouille». Dans la scène où il incarne un chef d’orchestre énergique, il dirige réellement. «Son passé de pianiste de bar lui avait donné un rythme d’enfer», ajoute son fils. «Les musiciens avaient applaudi à la fin de la scène». Autre moment emblématique du film, la séquence où il atterrit sur les épaules de Bourvil. Dans le scénario, les deux acteurs devaient s’écrouler. S’ensuit un dialogue devenu culte : «Ça fait trois fois que vous me faites ça ! Mes souliers, mon vélo !»

Sur le plan personnel, Louis de Funès avait déjà pris conscience de la fragilité de la nature. «À la fin de sa vie, il était toujours dans son jardin», se souvient Olivier. «Il disait : « La seule chose qui vaille la peine, c’est la nature : c’est pour elle qu’il faut se battre ! »». Une phrase qui prend tout son sens en 2023.

Cet article est paru dans le Télépro du 29/12/2022.

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