L’incroyable combat d’un postier britannique !

Alan Bates pose en 2000 devant « son » bureau de poste de Craig-y-Don, dans les faubourgs de Llandudno © Mirrorpix via Getty Images

Dimanche à 20h50 sur La Une, la minisérie « Mr Bates contre le Post Office » retrace une histoire humaine émouvante et le plus grand scandale judiciaire britannique !

Lorsqu’un certain Alan Bates (campé par Toby Jones dans la série) emménage à Llandudno (nord du Pays de Galles), en 1998, avec sa compagne Suzanne, le couple investit ses économies dans l’achat d’une succursale de la Poste britannique, au sein du village de Craig-y-Don. Un an plus tard, comme à tous ses homologues gérants, l’institution lui impose un nouveau système informatique, « Horizon », censé automatiser la comptabilité. Le logiciel développé par Fujitsu est conçu pour payer les retraites et les avantages sociaux des agences de la Poste. Mais bientôt, des fonds disparaissent mystérieusement des comptes…

Injuste chasse aux sorcières

Bien que cela ait lieu dans tous les bureaux franchisés et soit peut-être dû à un problème de la nouvelle installation de gestion, la Poste accuse ses sous-traitants. C’est la chasse aux sorcières. Bates est licencié en 2003 et perd la totalité de son investissement dans l’entreprise, soit 65.000 £ (78.000 €). De 2000 à 2014, nombre de ses homologues subissent le même sort. Certains doivent puiser dans leurs économies ou hypothéquer leurs biens pour combler le déficit de leur bureau local. D’autres employés font de la prison. Parmi eux, Seema Misra, gérante d’une succursale dans le Surrey, mère d’un garçon de 10 ans et enceinte d’un second enfant, se voit reprocher d’avoir volé 74.000 £ (88.000 €) et est condamnée à 15 mois d’incarcération. Seema confiera plus tard que la seule raison pour laquelle elle ne s’était pas suicidée en détention était sa grossesse.

Malgré ce coup de massue, Mr Bates, lui, ne baisse pas les bras. Il crée un site Web pour relater sa mésaventure, contacte des journalistes et rallie d’autres victimes grâce à un groupe militant, Justice for Subpostmasters Alliance. Un rapport de la Poste est bientôt divulgué par la BBC. Celui-ci indique que le système Horizon n’était pas fiable, que les enquêteurs n’ont pas cherché plus loin, préférant accuser les sous-chefs de fraude !

Le mensonge aux commandes

Et le public anglais, bien qu’informé régulièrement de cette chronique judiciaire, prend conscience de la souffrance des employés en regardant la série « Mr Bates contre le Post Office » en 2024. Le vrai Bates devient alors un justicier valeureux qui s’est battu pour la vérité. « De nombreux hauts responsables de la Poste connaissaient les anomalies du logiciel de Fujitsu », explique-t-il au Guardian. « Ils ont essayé de protéger la marque et de se couvrir. L’arrogance et le mensonge étaient aux commandes ! »

Mais l’homme de 70 ans, élevé au titre de chevalier par le Palais royal en septembre dernier, se désole pour les dommages irréparables subis par certains de ses collègues. Selon lui, « l’obstination institutionnelle » de la Poste a entraîné des dépressions, des décès. Certains accusés à tort ont perdu leur maison, leur réputation. Et de qualifier les vrais coupables de « voyous en costume-cravate ». Aujourd‘hui, plus de 240 anciens gérants de bureau postal attendent toujours une compensation financière, des années après avoir remporté leur bataille devant la Haute Cour !

Cet article est paru dans le Télépro du 20/2/2025

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