«L’Homme qui en savait trop» : la mécanique parfaite du suspense selon Hitchcock
Avec James Stewart et Doris Day au sommet de leur talent, Hitchcock signe un chef-d’œuvre du cinéma d’espionnage, diffusé ce dimanche à 20h50 sur Arte.
Ben et Jo McKenna, un couple de touristes américains, sillonnent le Maroc avec leur petit garçon, Hank. Dans un autocar, ils font la connaissance d’un Français, Louis Bernard, assassiné quelque temps plus tard à Marrakech. Avant de rendre l’âme, Bernard a le temps de souffler quelques mots à Ben. Ce dernier s’apprête à prévenir la police lorsqu’il apprend que son fils a été enlevé…
Une œuvre inquiète
Deux ans après « Fenêtre sur cour », Alfred Hitchcock retrouve le grand James Stewart pour le remake d’un de ses films, réalisé en Grande-Bretagne en 1934. Hitchcock, ici au sommet de son art, ne se contente pas d’améliorer un brouillon pour le transformer en classique du cinéma d’espionnage.
Comme tous les grands films américains du cinéaste, « L’Homme qui en savait trop » dissimule sous son vernis de parfaite mécanique à suspense une œuvre inquiète et tourmentée, une interrogation sur la culpabilité. Cette dichotomie est particulièrement sensible dans cette œuvre qui commence comme un aimable divertissement familial pour se transformer en tragédie.
Hitchcock a réuni un couple qui exprime à la perfection ce sentiment de confort vite bouleversé. Aux côtés de James Stewart, évidemment génial, Hitchcock a choisi Doris Day, prototype de la vedette populaire presque vulgaire qui contraste, malgré sa blondeur, avec les beautés sophistiquées habituellement filmées et désirées par le cinéaste.
Ce personnage à la limite du ridicule va connaître la grâce lors de l’épreuve douloureuse que lui inflige le film. D’abord écartée du récit par son mari (il la drogue avant de lui apprendre que leur fils a été enlevé par des espions, afin d’atténuer son angoisse), elle interviendra de façon décisive à deux reprises grâce à sa voix (d’abord un cri, puis une chanson) pour enfin retrouver son enfant.
Cette quête devient le symbole de sa propre renaissance : elle avait abandonné sa carrière de chanteuse pour devenir une bonne mère au foyer. « L’Homme qui en savait trop », c’est donc peut-être, et avant tout, le film de Doris Day.
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