L’histoire incroyable de l’empire AB Productions

«Hélène et les garçons» ou comment un nanar télé est devenu une sitcom culte... © DR./Prod.

«Hélène et les garçons», «Premiers baisers», «Les Filles d’à côté», «Salut les Musclés»… Retour sur ces sitcoms signées AB : Azoulay et Berda.

Les années 1970. Après avoir repris l’entreprise de prêt-à-porter de son papa, Claude Berda (75 ans aujourd’hui) rencontre Jean Luc Azoulay (74 ans), secrétaire de la chanteuse Sylvie Vartan. Les amis rêvent de travailler dans les médias. Ensemble, ils fondent AB Productions en 1977 : A pour Azoulay, B pour Berda. Le duo repère l’animatrice d’une émission enfantine («Récré A2») sur Antenne 2, Dorothée. «C’est un hasard, je suis allé au Midem à Cannes, j’ai mangé une pizza aux moules et j’ai attrapé une hépatite virale. Je suis resté un mois au lit, j’ai regardé la télé et j’ai vu Dorothée», raconte à l’époque Jean Luc Azoulay.

De «Hélène…» à «Friends»

Après de multiples échanges, en 1987, ils réussissent à convaincre TF1 de leur confier une nouvelle émission jeunesse, «Le Club Dorothée». Pour la première chaîne française, ce mariage est le moyen d’avoir une programmation efficace à un prix abordable. Et le succès est vite au rendez-vous. Quatre ans plus tard, le duo produit des sitcoms à la pelle : «Hélène et les Garçons», «Salut les Musclés», «Premiers baisers»… Pour étoffer leur catalogue, Azoulay et Berda rachètent les droits de séries étrangères comme «Friends», que Berda considère comme une pâle copie de ses sitcoms. Partie de rien, la société AB Productions devient rapidement un véritable empire et le restera jusqu’en 1997.

Règlement de compte avec TF1

AB voit si grand que la société parachève, en 1996, son introduction à la Bourse de New York. L’argent levé (135 millions d’euros ) sert à lancer un bouquet par satellite, ABSat. Mais TF1, actionnaire à l’époque d’un autre bouquet (TPS), est furieuse de cette concurrence. Elle ne renouvellera pas son contrat avec AB Productions, qui vient à échéance à l’été 1997. C’est un coup dur pour Azoulay et Berda, car l’émission de Dorothée et les sitcoms représentent un chiffre d’affaires de 50 millions € , soit plus d’un tiers des revenus du groupe AB. La société est obligée de licencier 1.000 de ses 1.300 employés !

Des chaînes AB à gogo

En 1999, le duo se sépare. Claude Berda rachète, via sa nouvelle société AB Groupe, TMC et obtient deux canaux pour lancer ses premières chaînes NT1 et AB1. Il revendra plus tard TMC et NT1 à… TF1. Berda fait encore parler de lui en rachetant en 1998 la chaîne historique RTL Télévision (devenue RTL 9). En Belgique, il crée AB3 (2001) et AB4 (2002, devenue ABXplore). AB Groupe devient en 2017 une filiale à 100 % d’un autre groupe audiovisuel français, Mediawan.

Séparés mais toujours actifs

À 75 ans, Claude Berda s’est éloigné des studios télé pour assouvir une autre passion : l’immobilier. Jean-Luc Azoulay reprend la production audiovisuelle d’AB sous le nom JLA Holding. C’est ainsi qu’on lui doit «Les Mystères de l’amour», la troisième série dérivée d’«Hélène et les Garçons», après «Le Miracle de l’amour» et «Les Vacances de l’amour». La fiction est toujours diffusée sur TMC. Azoulay est aussi un des fondateurs de la chaîne IDF1 (chaîne parisienne) et producteur de nombreux artistes comme Hélène Rollès, Tony Carreira et Sylvie Vartan. À 74 ans, il continue de travailler et de veiller sur ses poulains. Cet été, trois ex-candidates de «The Voice Kids» en ont pris pour leur grade avec leur reprise des tubes de Dorothée : «Un album affligeant, des arrangements à contresens, une non-production anémique. Une catastrophe», a-t-il déclaré sur Twitter.

Cet article est paru dans le Télépro du 11/08/2022.

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