«Les Corbeaux noirs», une série-événement sur les femmes et Daesh

«Les Corbeaux noirs», une série-événement sur les femmes et Daesh
Pierre Bertinchamps
Pierre Bertinchamps Journaliste

Pendant le ramadan, les chaînes arabes mettent le paquet sur les séries locales. MBC1 (Arabie Saoudite) diffuse une fiction qui dépeint l’Etat islamique.

Le ramadan a débuté le week-end dernier, et sur les chaînes arabes, c’est le «mois de la fiction» ! Elles en proposent des saisons entières. La raison ? Pour passer le temps entre le lever du soleil, et son coucher (moment de rupture du jeûne), le musulman est scotché devant sa télé.

MBC 1 (pour Middle East Brodacasting Center), chaîne panarabe qui émet depuis Dubaï, pour l’Arabie Saoudite, a décidé de frapper fort en proposant une fiction qui dénonce les pratiques de l’organisation terroriste Etat islamique : «Black Crows», soit «Les Corbeaux noirs».

Scénario fidèle à la réalité

Alors que jusqu’ici, les chaînes arabes tournaient en dérision Daesh (un peu comme «Les Guignols», chez nous), cette fiction en 30 épisodes est très sérieuse. Le quotidien français Libération parle même d’une œuvre «dramatique qui veut restituer les réalités et les horreurs de l’organisation, en s’appuyant sur des histoires vécues par ceux et celles qui ont intégré les rangs de l’EI ou qui ont été soumis à son joug en Irak et en Syrie.»

Selon les résumés présentés par la chaîne et les reportages réalisés sur le tournage dans un village de montagne libanais placé sous haute protection, on y retrouve des chefs de guerre barbus fanatiques et impitoyables, hypocrites et corrompus, des scènes d’égorgement de «renégats» insoumis et des attentats-suicides contre des civils à Bagdad ou ailleurs.

Et ce n’est pas tout. L’embrigadement et le lavage de cerveau des enfants, enlevés à leurs parents pour être entraînés dans des camps où ils apprennent à n’obéir qu’à leur chef sont mis en avant. Les femmes, plus souvent victimes que bourreaux, tiennent le haut de l’affiche où chacune a son histoire. «Certaines ont été séduites par l’argent pour échapper à la misère, d’autres par une aventure exceptionnelle, avant de découvrir les atroces réalités», explique-t-on. «Il y a même une mère de deux garçons qui rejoint le mouvement pour échapper à la justice après avoir tué son mari qui la trompait.»

La réalité occidentale n’est pas mise de côté : on y évoque les jeunes femmes d’Europe, attirées via les réseaux sociaux, ou encore l’esclave, employée dans la maison d’un chef jihadiste, qui devient l’amie de l’épouse de celui-ci, laquelle l’aidera à s’échapper…

Adaptée chez nous ?

En plein monde arabe, «Les Corbeaux noirs» fait du bruit. La chaîne dit vouloir «participer à la lutte mondiale contre le terrorisme à travers cette série.» Mieux, MBC1 travaille sur une version anglaise. «Cette superproduction s’inscrit dans la nouvelle politique affichée par le royaume – un combat sans merci contre l’extrémisme islamique – pour se défendre des soupçons de lien avec le terrorisme qui pèsent sur lui.»

Deux des trois réalisateurs du feuilleton sont saoudiens, ainsi que la majorité des comédiens et des comédiennes célèbres qui jouent aux côtés d’autres vedettes égyptiennes, libanaises, koweïtiennes ou tunisiennes.

On parle d’une «bombe télévisuelle» en plein mois sacré, où les téléspectateurs ont l’embarras du choix, parmi les comédies satiriques, policières ou d’espionnage, les feuilletons à l’eau de rose produits en Egypte, dans les pays du Golfe ou du Maghreb, et voire en Syrie.

Pierre Bertinchamps

Découvrez ci-dessous le trailer de la série :

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