Les 4 raisons du flop de «Rising Star» (Plug RTL)

Les 4 raisons du flop de «Rising Star» (Plug RTL)
Julien Vandevenne
Julien Vandevenne Rédacteur en chef adjoint

Le télécrochet-événement de la rentrée a poursuivi sa chute ce jeudi 9 octobre. En France, il a déjà perdu 1,5 million de téléspectateurs. Chez nous, l’émission est tombée à 122.000 fidèles.

Même pour «Rising Star», les Gaulois n’auront pas été un peuple d’irréductibles. Comme chez nos voisins allemands et anglais, le format du télécrochet ne prend pas. De près de 4 millions de Français devant le programme pour la première (et 17 % de parts de marché), le 25 septembre sur M6, on n’en dénombrait plus ce jeudi que 2,2 millions (9,8 %). C’est presque une perte de 50 % du public. En Belgique, le programme s’en sort un peu mieux, et est passé de 204.000 personnes (14,6 % de PdM) à 122.000 téléspectateurs et 8,2 % de parts de marché.

Voici, selon nous, les raisons de cet échec.

1. Des candidats peu crédibles

Dès la semaine dernière, la production a resserré les boulons. 4 millions de personnes, c’était bien pour un début, mais un peu chiche pour la chaîne qui espérait plus, sachant que dans la majorité des cas, l’effet de curiosité et de la nouveauté conduisent à un plafond de l’audience.

À 800.000 € la soirée, M6 espérait que ce chiffre soit un minima et pas un maxima. Il faut avouer que le niveau des talents est loin des espérances. Avec «The Voice», TF1 a mis la barre très haut, puisqu’à l’inverse de version belge de la RTBF, les candidats français sont des professionnels ou des semi-pro.

Le public de M6 s’attendait sans doute à des talents un peu moins amateurs. D’ailleurs, dans le «quota belge», on retrouve quelques déçus de «The Voice Belgique». Pour relever la sauce, la production a eu l’idée de faire venir des chanteurs déjà plus aguerris. En vain.

Un finaliste de la version allemande appelé en renfort n’a pas fait lever le mur (à sa plus grande stupéfaction). Et jeudi dernier, la fille de Ray Charles, annoncée avec tapage et teasings toute la soirée, a – heureusement – atteint les 70 %, mais s’est faite doublée par un ersatz de George Erza (et son tube «Budapest») ! La France a d’incroyables talents, mais quand même…

2. Un jury pas très convaincant

On l’a déjà dit, les quatre jurés, rebaptisés «experts musicaux», ne sont pas vraiment charismatiques, et sont plutôt dignes d’une lignée d’assistants-coachs de «The Voice». Là aussi, on a recadré Cathy Guetta qui, lors de la première, en faisait tellement qu’on n’entendait qu’elle.

David Hallyday a – enfin – un avis. Cali n’aime toujours pas grand-chose ou presque, et le programmateur de NRJ est subjugué par des styles et des artistes qu’il ne passera jamais sur sa radio. Bref, on y croit…

Sans oublier, l’effet «suspense» qui tombe à l’eau avec la diffusion des précastings. Et quand ce n’est pas la diffusion en télé qui balance tout, c’est l’application qui annonce déjà que le candidat sera retenu alors qu’il vient à peine de se présenter devant le jury. Ça cafouille…

3. Un duo d’animateurs qui ne prend pas

Rendons à César… M6 a eu la bonne idée d’amener un peu de fraîcheur dans la présentation. Et a osé mettre à l’antenne une nouvelle tête, Guillaume Pley. Certes, la radio partenaire (NRJ) l’a un peu imposé, mais il faut reconnaître qu’un peu de nouveauté fait du bien à la télévision française qui ne jure, en général, que sur des valeurs sures.

Mais le duo Guillaume Pley/Faustine Bollaert ne prend pas. Et les deux animateurs tantôt se marchent sur les pieds, tantôt partent en roue libre. Faustine Bollaert toute seule aurait très bien pu prendre les commandes…

4. Une interactivité bien pensée, mais mal utilisée

C’était LE coté novateur du concept. Le téléspectateur est jury (avec un maximim de 72 % des voix). Et en plus, il peut voter gratuitement grâce à une application (où en échange, on a droit à une pléthore de publicités très envahissantes). L’avatar du juré apparait sur le mur.

Mais voilà, la chance de voir sa photo en direct à la télé est assez mince (il paraîtrait même qu’un Belge a plus de chances qu’un Français d’apparaître sur le mur !). Le public est un peu déçu, même si là aussi, le tir avait été rectifié, et on (re)voyait les votants pendant les explications des experts à destinations des candidats.

C’est par contre le flou artistique autour du vote en lui-même. Comment est comptabilisé le vote ? Les votes «non» ont-ils un réel impact puisque la jauge ne fait que grimper ? Pas d’explications de la chaîne…

Conclusion

Les signaux étaient à l’orange, au démarrage, en France, et viennent de passer au rouge. Ce n’est pas une surprise. La tendance suit les autres marchés qui ont tenté l’aventure «Rising Star», même si le tableau n’est pas totalement noir.

Comment va réagir M6 ? Les audiences vont-elles encore baisser ? La chaîne avait misé très gros sur le programme, et si elle se prend le mur. Les conséquences risquent de laisser quelques traces, à Paris.

Chez nous, RTL a eu le nez fin, en reléguant discrètement «Rising Star» de RTL-TVI à Plug RTL, au coeur de l’été. Certes, il y a l’inconvénient de la diffusion en direct qui dérangeait RTL-TVI (mais bon, du temps de «X-Factor», le problème avait été surmonté) et du jour choisi par M6.

Grâce à Plug RTL, RTL ne perd pas les pédales ! Même 120.000 fidèles, c’est 2 voire 3 fois mieux qu’un prime moyen de la chaîne. La notion d’échec devient, dès lors, toute relative…

Pierre Bertinchamps

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