Le pouvoir des fleurs au cinéma

Katy Perry adore les hortensias et les pivoines, mais elle ne crache par sur les roses... © Getty Images

Le langage des fleurs s’immisce à l’écran : celles-ci y sont discrètes ou expriment ouvertement de poétiques allégories. Dans le nouveau film, «La Fine fleur», s’ouvrir comme une rose est aussi subtil pour les humains que pour les plantes…

Cette semaine dans les salles, le réalisateur Pierre Pinaud («Parlez-moi de vous») donne à Catherine Frot (lire notre entretien) le rôle d’une célèbre créatrice de roses prise dans les épines d’un concurrent industriel et contrainte d’embaucher de jeunes pousses maladroites pour sauver son entreprise et rester en lice dans un prestigieux concours floral… Les décors tout en fleurs au cinéma – d’«American Beauty» à «Mémoires d’une geisha» en passant par «Gatsby le Magnifique» – envoient maints messages au spectateur tout en l’enveloppant dans une agréable atmosphère. Visite discrète sous les gloriettes.

Stars passionnées

Certaines célébrités disent ne pas pouvoir se passer de fleurs au quotidien. Angelina Jolie affectionne les orchidées, symboles de l’élégance, et en exige des bouquets frais dans ses chambres d’hôtel. Tout comme Madonna qui, elle, a besoin du parfum des roses blanches dans sa loge. Autre chanteuse éprise de pétales multicolores : Katy Perry. Elle prend soin, en coulisses, d’hortensias et de pivoines et arbore souvent, à la scène comme à la ville, de somptueuses robes à motifs fleuris. Certaines stars donnent même à leurs enfants des noms rafraîchissants. Jennifer Garner, maman d’un fils et de deux filles, a prénommé celles-ci Violet et Seraphina Rose ! Dans son jardin, l’actrice «élève» aussi ses glaïeuls et ses dauphinelles. Mais elle ne dépense certainement pas autant qu’Elton John. Une indiscrète enquête financière a révélé que le dandy pouvait débourser, en deux ans, jusqu’à 293.000 £ (342.000 €) pour l’achat de fleurs.

Faire parler les roses

Certains longs métrages hollywoodiens ne lésinent pas non plus sur les coûts, puisque formes des pétales et couleurs variées sont nécessaires pour exprimer les sentiments des héros. Ainsi, dans le surprenant «Big Fish» (2003) de Tim Burton, Sandra (Alison Lohman) découvre une mer de jonquilles jaunes et comprend qu’Edward Bloom («bloom» signifiant «floraison» en anglais !), campé par Ewan McGregor, lui signifie ainsi sa fascination ! Tim Burton réutilise la poésie dans sa version d’«Alice au Pays des Merveilles» (2010) en créant, entre autres, des roses qui parlent !

Celles, toutes rougissantes, dans «American Beauty» (1999, Sam Mendes), symbolisent pour leur part le fantasme des sentiments interdits de Lester (Kevin Spacey) envers la meilleure amie de sa fille. Tandis que les fleurs de cerisiers voletant autour de l’héroïne des «Mémoires d’une geisha» (2005, Rob Marshall) illustrent la beauté de la vie. Ce décor a d’ailleurs été primé aux Oscars ! Aussi époustouflante, la scène de «Gatsby le Magnifique» (2013) où se croisent Leonardo DiCaprio et Carey Mulligan réunit trois luxueuses catégories d’orchidées : cymbidium, dendrobium et phalaenopsis.

À la fois fragile et énergique

Qui se cache donc derrière pareille tâche de patience ? Des scénographes, artistes floraux ou chefs de la photographie. Sur le tournage de «La Fine fleur», les roses étaient encore en fleurs dans les champs, mais pas en nombre suffisant. «On a prévu le coup avec des rosiers que nous avons replantés dans les serres», explique le réalisateur Pierre Pinaud. «Ce travail a régalé Philippe Chiffre, le chef décorateur !» Selon Gillian O’Brien, scénographe sur «Game of Thrones» : «Nous avons créé des mondes botaniques élaborés, parfois pour quelques heures. Travailler avec du fragile dégage une énergie particulière !»

Fleurs sur plateau…

«C’est très excitant !», conclut la fleuriste Jenny Tobin dont la vocation est née sur le plateau de «Love Actually» et qui crée des décors floraux depuis vingt ans au cinéma. Celle qui a conçu boutonnières, bouquets et jardins de plus de 60 œuvres («Maléfique», «Cendrillon», «La Favorite») explique à flowerpowerdaily.com : «Quand les films nécessitent de nombreuses prises, les fleurs doivent être identiques d’une semaine à l’autre. Alors, j’ai recours à des modèles en soie. Mais je glisse toujours de vraies fleurs odorantes. Techniciens et acteurs ont ainsi l’impression d’être au milieu de bouquets frais !»

Stars des roses, roses de stars

L’idée de donner aux roses des noms de personnalités est née au XIXe siècle quand l’entreprise américaine Jackson & Perkins décida de donner à l’une de ses créations le prénom de la petite-fille d’un des dirigeants : Dorothy. La tradition perdure grâce aux célébrités.

Liv Tyler : rosier très vigoureux qui tolère des températures hivernales de -20 °C.

Audrey Hepburn : hybride rose clair avec une odeur très douce et fruitée.

Diana, princesse de Galles : longues tiges, légèrement parfumée, résistante aux maladies.

Elizabeth Taylor : d’un rose vif avec des bords d’un ton plus foncé, très glamour.

Catherine Deneuve : coloris rose saumoné à blond rosé lumineux, parfum aux notes d’agrumes.

Découvrez l’interview de Catherine Frot et de Luc Noël dans le Télépro du 8 juillet 2021.

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