«Le Mépris» : les fesses de BB, sinon rien !

Brigitte Bardot, Michel Piccoli et Jack Palance (de g. à droite) © Isopix

Dans ce mélodrame où Michel Piccoli prête ses traits à un scénariste de cinéma et où Brigitte Bardot joue le rôle de son épouse, «Le Mépris» montre les querelles empoisonnantes d’un couple qui vont mener à une tragédie sans retours en arrière possible. À (re)voir sur France 5 lundi à 20h50.

Un mois. C’est le temps qu’il a fallu à Jean-Luc Godard en pour tourner le film reconnu aujourd’hui comme un classique du cinéaste français. Sur la petite île de Capri, la villa Malaparte fait office de lieu de tournage ainsi que les studios de Cinecittà à Rome. Un cadre idyllique et baigné d’une ambiance méditerranéenne, atout charme de ce film à gros budget pour l’époque.

Mais pas seulement : l’actrice la plus célèbre et la plus convoitée du monde a accepté de mettre à profit son talent (et son physique) pour porter ce film majestueux. J’ai nommé «Brigitte Bardot» («BB» pour les intimes). Le printemps 1963 est décidément très chaud.

Un séjour à couteaux tirés

Paul Javal (Michel Piccoli) part direction Capri avec sa femme Camille (Brigitte Bardot). Ils y rejoignent Fritz Lang, grand réalisateur travaillant pour le producteur de cinéma américain Jérémy Prokosch. Sur place, on propose à Paul de terminer le scénario d’«Ulysse», adaptation du film «L’Odyssée». Dès lors, il laisse sa femme aux mains du producteur pour le séduire.

Elle accepte avant de se rendre très vite compte du piège tendu par Paul, qui ne voit en elle qu’un moyen de réussir professionnellement. Cet élément déclencheur va lui faire ouvrir les yeux sur la réelle personnalité de son mari et la pousser à se rebeller contre lui d’une manière à laquelle il ne s’attend pas.

Une polémique en interne…

Avant sa sortie en salles, les producteurs Ponti et Levine découvrent avec stupeur que le montage définitif du film n’inclut pas des scènes de nu de Brigitte Bardot. De fait, ils ordonneront à Godard de tourner des scènes «olé-olé» à placer en post-production au début et au milieu du film ; sans quoi le réalisateur ne toucherait pas l’entièreté de son cachet pour proposer son œuvre.

Godard s’exécute et tourne en décembre 1963 les scènes jugées manquantes au succès du film. Raoul Coutard, directeur de la photographie, dira : «Ça a été un drame parce que Jean-Luc a été obligé de retourner un certain nombre de plans pour que les Américains finissent de payer le dernier versement et c’est Alain Levent qui les a tournés parce que moi j’étais sur un autre film à ce moment-là. Cela s’est passé complètement à la fin, c’est-à-dire qu’on avait fait l’étalonnage du film. On avait envoyé le film à Sam Levine et ensuite il a dit : “Non, non, ça ne va pas, je veux voir le cul de Bardot”.»

…menant à un succès attendu

Lorsque le film sort au cinéma, 235.000 Français (majeurs, le film étant interdit aux moins de 18 ans) se pressent pour admirer le nouveau film de Jean-Luc Godard.  C’est une réussite pour le réalisateur bien que les recettes commerciales soient «infimes» compte tenu du salaire de Brigitte Bardot (250 millions de francs français).

Néanmoins, le film aura depuis réussi à se faire connaître et a confirmé encore plus la popularité de BB grâce à une scène devenue une légende, celle du «Tu les aimes mes fesses ? … et mes seins ?» Les producteurs Ponti et Levine avaient flairé l’affaire !

Le film «Le Mépris» est diffusé sur France 5 lundi à 20h50.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici