Un parcours semé d’embûches ! Le réalisateur Terry Gilliam s’est battu pendant presque trente ans pour achever un film d’aventures intitulé «L’Homme qui tua Don Quichotte», à voir mercredi à 20h45 sur La Trois.
Connu pour être le seul membre des Monty Python d’origine américaine, Terry Gilliam (80 ans) s’est forgé une carrière audiovisuelle hors du commun. Réalisateur, acteur et scénariste, il a travaillé avec Johnny Depp, Bruce Willis, Brad Pitt et a décroché de multiples récompenses.
En 1999, il se lance enfin dans la réalisation d’un projet qui le taraude depuis des années : «L’Homme qui tua Don Quichotte». Un film qui aura presque sa peau…
Genèse
1990. Terry Gilliam décide d’adapter les aventures du célèbre anarchiste espagnol Don Quichotte. Il choisit de contrebalancer l’aspect médiéval du roman de Cervantès en intégrant un personnage moderne, un publicitaire dépité nommé Toby Grosini. Le réalisateur révèle que «porter un regard surréaliste sur le monde semble être la seule façon sensée de réaliser un film». Dix ans plus tard, «L’Homme qui tua Don Quichotte» entre en production.
Première…
60 millions de dollars. Tel est le budget estimé par Terry Gilliam pour son film. Le réalisateur fait appel à des producteurs européens et en réunit 40 millions, trop peu donc. Le tournage, prévu pour septembre 1999, est reporté. Premier imprévu.
Octobre 2000, le financement est bouclé par des investisseurs allemands. L’équipe de tournage s’installe dans une base militaire de Madrid. Pas de chance, ils se trouvent sous un couloir aérien qui perturbe les prises de son. Puis des inondations détruisent le matériel et saccagent le désert, élément principal du décor. Au bout d’une semaine cauchemardesque, Jean Rochefort, qui devait incarner Don Quichotte, se plaint de maux de dos. Son médecin lui diagnostique une double hernie discale. C’est la goutte d’eau.
Terry Gilliam est contraint de plier bagage. Un documentaire ressort de cette première tentative de tournage. Intitulé «Lost in La Mancha», il est composé d’interviews d’acteurs et de rushes initialement prévus pour le making of du film.
… et multiples tentatives
Terry Gilliam ne se décourage pas. Il réécrit le script du film et trouve un nouveau casting. C’est Robert Duvall et Ewan McGregor qui joueront le duo de choc. Les investisseurs sont rares, mais le tournage est prévu en avril 2010, puis au printemps 2012. Owen Wilson remplace alors Ewan McGregor, avant que le projet ne soit de nouveau annulé pour manque d’argent. Terry Gilliam se lance alors dans la réalisation de «Zero Theorem», tout en gardant Don Quichotte en tête.
2014. Le cinéaste retourne à son projet de vie. Le scénario change une nouvelle fois. La notion de voyage dans le temps est supprimée et Toby Grosini devient réalisateur. Cette fois-ci, c’est John Hurt et Jack O’Connell qui endossent les rôles. Le budget peine toujours à se boucler. Entre-temps, John Hurt est atteint d’un cancer du pancréas.
Diverses moutures plus tard, «L’Homme qui tua Don Quichotte» se concrétise au printemps 2017. C’est finalement Jonathan Pryce qui joue Don Quichotte. Adam Driver lui donne la réplique. Amazon Studios permet à Gilliam de trouver les derniers millions manquants. Le tournage se déroule sans encombre, à quelques exceptions près. Paulo Branco, ex-producteur, estime avoir des droits sur le scénario. Après de long mois de procès, il n’aura pas satisfaction.
Le 4 juin 2017, Terry Gilliam annonce sur son compte Facebook : «Désolé pour le long silence. Après 17 ans, nous avons terminé le tournage de «L’Homme qui a tué Don Quichotte». Muchas gracias à toute l’équipe et aux croyants.»
Cet article est paru dans le Télépro du 15/7/2021
Vous pouvez modifier vos choix à tout moment en cliquant sur « Paramètres des cookies » en bas du site.
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici