Le magazine «#Investigation» (RTBF) a-t-il dépassé les bornes ce mercredi ?

Justine Katz présente «Investigation» © RTBF/Martin Godfroid

La famille d’une des victimes de l’attentat du 22 mars 2016 à Brussels Airport, qui a fait le choix de l’euthanasie à 23 ans, s’est dite « choquée » par un reportage diffusé mercredi dans le cadre de l’émission #Investigation sur la RTBF, intitulé «Les oubliés du 22 mars». Le reportage aurait été réalisé à l’insu des proches de la jeune femme.

Cette dernière a été euthanasiée le 7 mai 2022 en raison de ses « souffrances psychiques insupportables ». Elle s’apprêtait à partir en voyage scolaire le 22 mars 2016, lorsque les bombes ont explosé dans l’aéroport de Zaventem. Si elle n’avait pas été blessée physiquement, l’attentat l’avait profondément traumatisée.

Après plusieurs séjours en institutions psychiatriques, la jeune femme avait émis le souhait, à plusieurs reprises, d’avoir recours à l’euthanasie. Toutefois, un neurologue du CHU Brugmann, Paul Deltenre, qui est intervenu dans le dossier, a estimé auprès de la RTBF que l’euthanasie n’aurait pas dû avoir lieu car d’autres propositions de soins avaient été formulées à la jeune femme. Le parquet d’Anvers avait ouvert une enquête sur les faits, mais a ensuite classé l’affaire, concluant que la procédure encadrant l’euthanasie avait été respectée.

La famille de la jeune femme indique ne pas avoir été consultée pour ce reportage et a réagi via son avocat. « La famille émet des réserves sur le respect de la déontologie et de l’éthique. En outre, ce reportage contient plusieurs erreurs fondamentales. » Les proches de cette victime des attentats demandent que leur vie privée et leur tranquillité soient respectées.

La réaction de la RTBF

La RTBF dit comprendre l’émotion de la famille, mais assure avoir pris contact avec cette dernière à maintes reprises, sans succès, selon l’explication de l’opérateur de service public sollicité par l’agence Belga. « Nous sommes bien évidemment respectueux de la position de la famille et comprenons qu’avoir parlé de leur histoire est sensible. Cependant, notre équipe a à plusieurs reprises tenté de les joindre pour les interviewer et entendre leur histoire, cela a toujours été sans réponse », a précisé la RTBF.

Les auteurs du reportage ont malgré tout décidé d’en parler, estimant devoir faire la lumière sur les conséquences de ce drame pour les victimes. « La décision d’en faire le récit a été prise car c’est un fait d’intérêt public qui participe aussi à la bonne compréhension de ce qui s’est passé pour des victimes après ces terribles événements. L’enquête porte sur le suivi, l’aide apportée aux victimes et met en lumière ce qui n’a pas fonctionné dans la prise en charge, l’accompagnement que ce soit d’un point de vue thérapeutique, financier, etc. Il y a différentes situations qui sont présentées et chacune a fait l’objet d’angles multiples pour expliquer de la manière la plus juste ce qui s’est passé, sans juger ni opposer », conclut la RTBF.

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