«Le Jour le plus long» : 60 ans d’un film culte toujours aussi bon !
Sorti il y a 60 ans, ce classique des films de guerre n’a pas pris une ride, et est même devenu culte grâce à son souci du détail et de l’authenticité.
Basé sur le best-seller éponyme du journaliste Cornelius Ryan (publié en 1959), ce film est le projet fou de Darryl F. Zanuck, producteur et fondateur de la 20 th Century Fox. Avec un budget de dix millions de dollars, un record pour l’époque, la fiction rassemble une noria de stars, mais est, surtout, le fruit d’une préparation minutieuse.
Production sans précédent
Outre les détails puisés dans le livre, Zanuck a exigé qu’une large partie des dialogues soit tirée des journaux d’alors et des rapports de ceux ayant combattu lors du débarquement en Normandie le 6 juin 1944. Il a poussé le perfectionnisme jusqu’à engager d’anciens militaires, alliés et allemands, pour les conseils techniques. L’œuvre, tournée en 1962, aurait pu être en couleur mais a été immortalisée en noir et en blanc afin d’avoir l’air plus réaliste, à l’instar de vraies archives de guerre. Toujours dans un souci de respect, le producteur a embauché trois cinéastes, chacun filmant les séquences de ses compatriotes : Ken Annakin pour les scènes britanniques, Andrew Marton suivant les Américains, et l’Autrichien Bernhard Wicki assurant les actions allemandes. Et, fait rarissime pour une création hollywoodienne : dans la version originale ! Chaque nation parle dans sa langue natale.
Indulgent mais pédagogique
Malgré cette minutie, «Le Jour le plus long» a parfois été critiqué pour… sa délicatesse. Montrant certes les horreurs du combat où jouent des centaines de figurants, il ne fait pas de gros plans. Les morts se voient de loin, sans effusion de sang ni corps mutilés. Une partie est aussi consacrée au côté allemand, le but étant de dépeindre chaque facette de l’Histoire, de la bravoure anglaise au courage yankee, en passant par la Résistance française. Cette approche multilatérale mâtinée d’indulgence s’explique par la période durant laquelle le long métrage a été tourné. La guerre froide étant à son apogée, les pays alliés d’alors devaient être reconnus et la fierté européenne, mise en exergue. Ce choix artistique ne déplaît pas, de nos jours, aux historiens qui attribuent à l’œuvre une aura pédagogique.
Le cordon de la peur
Cette production est d’autant plus précieuse que le livre dont elle s’inspire est écrit par un correspondant de guerre de 24 ans qui a assisté au jour J ! Cornelius Ryan a vu le débarquement au large des côtes françaises durant cinq heures et s’est dit dépassé par «l’ampleur de la chose, son immensité». Il n’était pas le seul. Parmi les soldats alliés que le reporter a interviewés, aucun n’a pu lui dire «si l’eau était chaude ou froide ce jour-là.» Ryan souligne aussi, dans une interview à CNN, la souffrance de tout un chacun : «Mon récit passe du côté allié au côté allemand sans transition, car c’est ça, un conflit, une parfaite toile de confusion. (…) En temps de guerre, il y a un cordon ombilical entre l’attaquant et l’agressé, c’est celui la peur !»
Acteurs vétérans
Touché par l’intensité du livre et du film, Dwight D. Eisenhower en personne, chef d’État-major des Forces armées américaines devenu président des États-Unis (1953-1961), a proposé de jouer son propre rôle à l’écran. En vain, vu son âge. Mais le long métrage compte tout de même de vrais vétérans, dont Rod Steiger et Henry Fonda décoré de la Navy Presidential Unit Citation et d’une Étoile de bronze.
Cet article est paru dans le Télépro du 26/5/2022
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