Le CSA ne désespère pas de réguler aussi Netflix

Le CSA ne désespère pas de réguler aussi Netflix
Pierre Bertinchamps
Pierre Bertinchamps Journaliste

Le Conseil supérieur de l’Audiovisuel a présenté son rapport pour 2014. Deux sanctions sont tombées, sur 172 plaintes déposées, l’an dernier.

C’est un rituel printanier, le CSA présente son rapport annuel à la presse et fait un état des lieux des médias audiovisuels en Fédération Wallonie-Bruxelles. L’occasion, par exemple, de découvrir qu’Algérie Télévision – ATV s’est déclarée auprès du CSA, tout comme la chaîne payante de Proximus TV, M&S – Movies & Séries. Sur le web, Vike ou NRJ Hits TV, l’ont fait également. Et chez les webradios, toute la panoplie de Radio Nostalgie est en règle depuis 2014.

Netflix est hors d’atteinte

Autre nouvel acteur du secteur, Netflix. Le géant américain est arrivé chez nous en septembre 2014, et le mois suivant, le régulateur rencontrait son CEO, Reed Hastings. Le CSA voulait discuter avec le patron de la plateforme notamment de la protection des mineurs.

Mais en Europe, Netflix vient de déménager du Luxembourg vers les Pays-Bas et est donc hors d’atteinte du CSA belge. «Netflix a choisi des territoire où la législation est plus avantageuse pour lui, à l’heure actuelle. Le CSA ne régule pas Netflix, mais je ne désespère pas», précise Dominique Vosters, président de l’organe de régulation. Un rêve pieux qui vaut d’ailleurs aussi pour RTL Belgium.

Stabilité des plaintes

Mais ce qui intéresse surtout, c’est le bilan des plaintes déposées, l’an dernier, par le public (ou sur autosaisine (à l’initiative même du CSA). 172 plaintes ont été recensées (dont 8 autosaisines). C’est un peu plus que l’an dernier où il y avait eu 163 plaintes et 7 autosaisines.

100 d’entre elles ont directement été déclarées irrecevables, 44 sont des dossiers classés sans instruction et 28 ont fait l’objet d’une enquête (27, l’an dernier). Au final, trois griefs sont établis, et 31 décembre 2014, deux ont fait l’objet de sanction. I

l s’agit d’une incompatibilité dans le CA de RTC Télé Liège pour la première, et une incitation à la haine, sur la radio bruxelloise AraBel, pour la seconde.

La pub entre dans les mœurs

En combinant la radio et la télévision, ce sont les propos sur la discrimination et la dignité humaine qui représentent la plus grosse partie des thèmes de plaintes recevables (23 %). Viennent ensuite à 19 % chacune les plaintes sur le manquement à la protection des mineurs (signalétique,…) et les plaintes liées au règlement électoral (thème qui ne reviendra plus avant 2017).

Le non-respect des obligations de la RTBF revient dans 11 % des cas, et le ras-le-bol de la pub et/ou du placement de produit, bref de la communication commerciale, représente 9 %.

Pour la petite histoire, 1 % des plaintes touche la call-TV alors que le genre avait disparu des écrans, mais le CSA précise que sous ce générique, on entend aussi le téléachat, qui lui pullule.

C’est la radio qui enregistre le plus de plaintes (45 %) suivi de près par la télévision (41 %), le solde est à mettre sur le compte du net (uniquement les webmédias audiovisuels)

Des plaignants plus sensibles

Si 2015 a démarré sur une note sombre pour les médias, avec les attentats de Charlie Hebdo, le CSA précise qu’il n’y a pas eu une recrudescence des plaintes liées à la manière de traiter l’info en télé, à l’inverse de la France.

Ce genre de plainte est de toute façon du ressort du Conseil de déontologie journalistique. Le régulateur ressent par contre une plus grande susceptibilité des plaignants pour tout ce qui touche aux propos communautaristes.

RTL mieux surveillé

2014 a aussi été marqué par un changement d’organe de régulation au Luxembourg. Le CNPL (Conseil national des programmes) fait place à l’ALIA (Autorité luxembourgeoise indépendante de l’audiovisuel).

Notre CSA en ressent quelques effets puisque même si – à tort ou à raison – le régulateur de la Communauté française n’avalise pas la décision de RTL de se retrancher derrière le pavillon luxembourgeois, lors de la transmission des plaintes des téléspectateurs, le suivi est de plus en plus systématique, alors que le CNPL faisait plutôt la sourde oreille.

RTL-TVI a d’ailleurs fait l’objet d’une condamnation, pour le compte du magazine «Indices».

L’avenir du CSA n’est pas tout à fait rose. Pour garantir son bon fonctionnement, il lui manque 5 équivalents temps plein.

Le budget de l’autorité des médias sera discuté dans les prochaines semaines avec le gouvernement, mais les marges de manœuvre semblent étroites.

Pierre Bertinchamps

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