Le CSA classe sans suite un dossier contre «C’est vous qui le dites»
Le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) a classé sans suite le dossier qu’il avait ouvert il y a un an et demi au sujet d’un débat sur le viol dans l’émission «C’est vous qui le dites» sur la radio Vivacité. Il a toutefois demandé à la RTBF d’être plus vigilante quand elle traite de violences sexuelles, rapporte mercredi l’organe de régulation.
L’émission en cause, diffusée en direct le 12 janvier 2018, avait précipité le départ de son animateur, Benjamin Maréchal.
Ce jour-là, il avait invité ses auditeurs à réagir à une déclaration faite la veille par l’ex-actrice porno française Brigitte Lahaie, qui avait affirmé sur BFM TV qu’on pouvait jouir lors d’un viol. « Vous lui répondez quoi? », avait demandé Benjamin Maréchal à son audience.
Pas moins de 45 personnes avaient saisi le CSA, choquées que le vécu des victimes de viol soit ainsi banalisé. Le Secrétariat d’instruction du CSA avait ouvert un dossier conjoint avec le Conseil de déontologie journalistique (CDJ). Fin avril, l’instance d’autorégulation journalistique a conclu que Vivacité avait bien « manqué de responsabilité sociale » lors du lancement du débat « en omettant de documenter brièvement le fond de la problématique ».
Le CDJ a en revanche rejeté les plaintes pour ce qui concerne le débat lui-même, vu notamment les précautions langagières prises et l’absence de propos contraire à la dignité humaine. Le Secrétariat d’instruction du CSA regrette lui que le débat ait été mené avec « légèreté ». Mais, au regard de la législation audiovisuelle, aucune atteinte à la dignité humaine « grave et manifeste » n’est établie, d’où le classement sans suite, explique-t-il. Il est tout de même intervenu auprès de la RTBF « pour l’appeler à la plus grande vigilance dans le traitement médiatique des violences sexuelles ».
À l’instar de l’Institut pour l’égalité entre les femmes et les hommes (IEFH) qui lui a donné son avis, il estime en effet que diffuser des idées reçues sur le viol participe à sa banalisation et en minimise le traumatisme. Si une érection ou un orgasme peuvent parfois survenir durant un stress extrême, cela ne signifie nullement que la personne ressent du plaisir.
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