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Le CDJ dénonce des atteintes à la liberté d’informer de la chaîne Boukè par la commune d‘Andenne
Le Conseil de déontologie journalistique (CDJ) alerte mardi sur des tentatives d‘attenter à la liberté d‘informer du média de proximité namurois Boukè par le bourgmestre sortant d‘Andenne, Claude Eerdekens, et le collège de la commune.
Le CDJ tire la sonnette d‘alarme alors qu‘il a jugé non fondée une plainte de Claude Eerdekens et du collège communal d‘Andenne visant une capsule vidéo de Boukè qui présentait les enjeux de la commune namuroise à l‘approche des élections d‘octobre 2024.
Selon les parties plaignantes, la vidéo se montrait « favorable à l‘opposition » et portait atteinte à Claude Eerdekens en le qualifiant de « parrain ».
Le CDJ a estimé au contraire que « la vidéo n’était ni orientée à l‘encontre du bourgmestre sortant, ni n‘adoptait un parti pris favorable à l’égard de l‘opposition ». Le terme « parrain » se justifiait par le style adopté par la journaliste, alors que la capsule se destinait à un public jeune, et les références au film éponyme « n’étaient ni exagérés, ni stigmatisants, ni injurieux, ni empreints de stéréotypes », a considéré le Conseil. Pour l‘organe d‘autorégulation journalistique, il serait « excessif » d‘y voir une atteinte à la dignité ou la réputation du bourgmestre sortant, alors qu‘il avait lui-même fait référence à ce film pour se décrire dans une précédente interview accordée à Boukè.
Pressions et suppression de subsides
En marge de la publication de cette décision, le Conseil de déontologie journalistique juge « nécessaire d‘alerter sur les différentes tentatives d‘immixtion des parties plaignantes dans la liberté rédactionnelle de la journaliste et du média avant le dépôt de leurs plaintes au CDJ, au CSA et en justice ».
Le CDJ pointe des « pressions exercées pour obtenir la suppression de la capsule en cause du site et de la page Facebook du média, au détriment du droit à l‘information du public » mais aussi les tentatives de remplacer la journaliste autrice de la vidéo pour présenter un débat électoral à Andenne et d‘obtenir une représentation surnuméraire de la liste du bourgmestre dans ce débat.
« S‘y ajoute désormais le retrait du subside 2025 de la ville au média, une mesure que les intéressés justifient non seulement par des impératifs d’économie, mais également par l‘action qu‘ils mènent en justice à l‘encontre de la capsule vidéo et ‘le manque de dialogue et de suivi au niveau communal sur les choix opérés ces dernières années par le média en matière de collaborations et de partenariat », dénonce le CDJ.
Le Conseil salue au contraire « qu‘en dépit des pressions qu‘il subissait, le média avait résisté aux tentatives d‘intervention dans le travail de la rédaction précitées, et réussi à préserver son indépendance ». Le CDJ « dénonce avec force les tentatives d‘ingérence de l‘autorité communale dans la liberté rédactionnelle du média », rappelant que l‘article 25 de la Constitution consacre la liberté de la presse.
Par ailleurs, la Ville d‘Andenne a décidé d‘attaquer en justice le magazine Wilfried et une de ses journalistes pour un article dressant le portrait de son ex-bourgmestre Claude Eerdekens. Une décision dénoncée par la Fédération européenne des journalistes (FEJ), qui a alerté le Conseil de l‘Europe à ce sujet.
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