«Le 15 h 17 pour Paris» : cauchemar à 300 km/h
Clint Eastwood retrace l’attentat manqué du Thalys, le 21 août 2015, avec les héros dans leur propre rôle.
Un terroriste intercepté dans un train lancé à pleine vitesse par trois Américains en vacances. Un véritable scénario de thriller ! Mais c’est surtout l’histoire vraie de l’attentat déjoué dans un Thalys reliant Amsterdam à Paris le 21 août 2015. Ce jour-là, des centaines de vies ont été sauvées grâce au courage de quelques passagers… et d’un sacré coup de pouce du destin. Retour sur cette incroyable histoire, portée en 2018 à l’écran par Clint Eastwood dans «Le 15 h 17 pour Paris» (jeudi à 20h35 sur La Trois).
«J’ai l’arme !»
Vendredi 21 août 2015. 17.13, le Thalys 9364 reliant Amsterdam à Paris quitte Bruxelles. Alors que le train vient de passer Lille, Damien, un Français de 28 ans (qui a préféré garder l’anonymat) et Mark Moogalian, 51 ans, Franco-Américain professeur à la Sorbonne, patientent devant les toilettes qui séparent les voitures 11 et 12. Quand les portes s’ouvrent, les deux voyageurs se retrouvent face à un homme armé d’une kalachnikov, un sac à dos contenant près de 300 munitions ouvert sur le ventre. Damien se jette sur l’homme. Un contrôleur du train assiste à la scène. Une balle le frôle. Il court alors vers la voiture 11 pour donner l’alerte. Il est 17.50. Dans l’agitation, Mark parvient à s’emparer de l’AK-47 et s’écrie «I’ve got the gun !» Mais le terroriste possède aussi un pistolet. Il lui tire dans le dos, Mark s’écroule. L’homme tente de l’achever, mais la balle ne part pas.
«Vas-y !»
À quelques sièges de là, Spencer, Alek et Anthony, trois amis américains sillonnant l’Europe, sont alertés par le bruit. L’homme armé a choisi le mauvais wagon. Spencer Stone, 23 ans, est soldat de première classe dans l’armée de l’air. Alek Skarlatos, 22 ans, est membre de la Garde nationale de l’Oregon, tout juste de retour d’Afghanistan. «Go !», chuchote celui-ci à Spencer. Le colosse se lève et court vers l’homme, qui le met en joue. «Je l’ai entendu appuyer sur la gâchette plusieurs fois, comme s’il essayait de faire marcher l’arme. J’ai été surpris d’avoir le temps d’arriver jusqu’à lui», explique-t-il lors du procès. La chance est aussi avec lui, les balles sont défectueuses. Il se jette sur le terroriste qui parvient à lui mettre son pistolet sur la tempe. À nouveau, l’arme s’enraille. Chris, un passager Britannique, et les amis de Spencer s’élancent à leur tour. L’homme parvient à sortir son cutter avec lequel il entaille gravement le pouce de Spencer et le blesse à la nuque avant d’être immobilisé et ligoté. Spencer s’occupe ensuite de Mark. Le garrot qu’il lui fait lui sauvera la vie.
«Agresseur maîtrisé»
À 17.57, le conducteur du Thalys contacte le poste de Lille : «L’agresseur est maîtrisé.» Quinze minutes plus tard, le train s’arrête à Arras où l’attend la police. Cet agresseur, c’est Ayoub el-Khazzani. Né au Maroc en 1989, il s’installe en Espagne avec sa famille en 2007 où il se radicalise. En 2014, il vit successivement en France puis en Belgique avant de s’envoler pour la Turquie d’où il passe la frontière syrienne, recruté par l’État islamique. Après son entraînement aux côtés d’autres djihadistes et prêt à mourir, une mission d’attentat en Europe lui est assignée. Le 17 décembre 2020, el-Khazzani sera condamné à la réclusion criminelle à perpétuité par la cour d’assises spéciale de Paris.
Plus vrais que nature
Pour porter cette histoire à l’écran, Clint Eastwood a demandé aux trois Américains, Alek Skarlatos, Spencer Stone et Anthony Sadler, de jouer leur propre rôle ! «Il est plus facile de se dissimuler derrière un personnage que de se dévoiler aux yeux de tous. Mais plus je passais du temps avec ces gars, plus je comprenais qu’ils étaient la colonne vertébrale de cette histoire. J’ai senti qu’ils pouvaient y parvenir et faire comprendre aux spectateurs ce qu’ils avaient ressenti mieux que quiconque», précisera d’ailleurs le réalisateur de ce film hors norme.
Cet article est paru dans le Télépro du 10/11/2022
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