Laurent Mathieu (Tipik) : «Je suis content de sortir du studio du JT»
Le présentateur des JT du week-end de la RTBF se lance dans le documentaire avec «2030». À quoi ressemblera la société belge dans huit ans ?
Une nouvelle émission pour Laurent Mathieu, sur Tipik : «2030», des documentaires d’anticipation un peu à la façon de Martin Weill (TMC). «Je ne prétends pas me prendre pour Martin Weill», sourit le journaliste. «Ce serait présomptueux de ma part, mais c’est dans nos influences».
Quel est le concept de «2030» ?
On veut faire du reportage en immersion avec une problématique de société. Le fait que ce soit incarné est important aussi. La grammaire est plutôt jeunes adultes (cible de Tipik, NDLR). Je comprends et j’assume cette référence à Martin Weill.
Pourquoi «2030» et pas«2050» comme on le voit beaucoup ailleurs ?
C’est tellement compliqué de pouvoir imaginer le monde dans huit ans, en 2030, que si on avait pris le point de repère 2050, ça aurait relevé de l’exercice de la science-fiction. Il se passe tellement de choses pour le moment que c’est une question de réalisme. Prédire ce à quoi ressemblera le monde, ça pourrait passer pour le logement, thème du premier numéro. Ce serait impossible pour les rapports hommes-femmes, de la deuxième émission. On démarre avec 2030, et si ça fonctionne bien, on fera une série 2040, 2050,… (rires)
C’était un de vos souhaits de faire ce type de programmes ?
Oui, je reviens à mes premières amours. Avant de présenter les JT, je faisais beaucoup de reportages que ce soit pour «Questions à la Une» ou les journaux. Je voulais refaire du reportage. Clairement, ici, je peux faire les deux : le terrain et le JT. Je ne suis pas seul derrière ce projet, il y a toute une équipe de journalistes. Je suis content de pouvoir sortir du studio.
Pourquoi ces deux sujets-là ?
Ce sont des thématiques où on se rend compte que la nouvelle génération, sur ces questions-là, ne vivra pas comme celle de ses parents. Que ce soit le logement où on se rend compte que la manière dont nos parents ont grandi et ce qu’ils ont pu acheter comme bien immobilier, c’est terminé, pour des raisons économiques et écologiques. Il se passe quelque chose, et il y a une génération qui ne vivra pas comme la précédente. Ça vaut aussi pour les questions hommes-femmes. Depuis «#Meetoo», le débat jeunes vs boomers amène à une fracture générationnelle. Comment les jeunes se positionneront en 2030 sur ce sujet ?
C’est un projet pour Tipik, le ton sera différent de celui de «Questions à la Une» ?
Nous sommes sur quelque chose pour jeunes adultes. Ça veut dire que les intervenants sont des ados et des jeunes que l’on a mis très en avant. Pour le ton, on veut aussi une forme plus directe qui ressemble moins à la télé de papa, même si j’y suis et j’assume aimer la télé de papa. Il y a un vrai travail sur le ton pour que l’on sente qu’il y a une identité différente.
On commence avec deux numéros. Il y en aura d’autres ?
On n’a pas encore imaginé la suite, mais si ça peut se faire, je suis partant et j’ai des idées.
Vous avez d’autres envies d’émissions ?
J’ai toujours vu le métier de journaliste comme une opportunité de faire plein de choses différentes. Je suis ravi d’être au JT, d’aller en radio sur La 1ère ou Vivacité. J’aime bien cet exercice de parler sur des tons différents et avoir différentes cordes à mon arc. J’aime beaucoup raconter des histoires. Je suis demandeur de faire des choses très différentes.
Ça veut dire que l’exercice du JT est trop étriqué ?
Je dois tout au JT ! C’est vrai que c’est très codifié. Le présentateur est là pour servir le JT, pas sa propre personne. Je suis au service de l’info. Si on veut amener de la fantaisie ou des manières différentes de raconter, le JT n’est pas toujours le lieu pour le faire. Et ce n’est pas grave ! Le JT n’est pas fait pour ça… C’est très agréable de pouvoir mettre plus de sa personnalité dans des projets à côté.
Comme les docs de Martin Weill, l’idée est de vendre «2030» à l’étranger ?
Aujourd’hui, la RTBF a une politique de développement de contenus et de marques. Dans ce cadre-là, on peut le vendre à l’étranger. J’en serais ravi. Mais le programme est produit et réalisé pour la cible première de la RTBF qui est la Belgique. Le logement, c’est très local, les rapports hommes-femmes sont un peu plus universels.
Votre spectacle avec François De Brigode, c’est fini ?
On ne le joue plus parce que le sujet était le covid-19. Que ce soit François, moi ou le public, on n’en peut plus, et on veut passer à autre chose. Sans spoiler, on réfléchit à une saison 2 du spectacle. Il faut qu’on se retrouve autour d’une bonne bouteille avec François pour qu’on se mette à l’écriture…
Interview : Pierre Bertinchamps
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici