Laurent Bignolas : «Je ne cherche pas à faire du Leymergie»

Laurent Bignolas : «Je ne cherche pas à faire du Leymergie»
Julien Vandevenne
Julien Vandevenne Rédacteur en chef adjoint

Discrètement, en douceur, il a pris les commandes «Télématin» pour deux semaines au début du mois de juillet dernier, avant de faire sa véritable rentrée à la fin de l’été. Laurent Bignolas succède à William Leymergie à la présentation du rendez-vous du matin sur France 2. Rencontre.

Fin juin, on a annoncé d’abord que vous remplaceriez à la rentrée William Leymergie à la présentation de «Télématin». Et voilà que trois jours après sa dernière, vous étiez aux commandes de l’émission…

William a fait ses adieux un vendredi. Le lundi, discrètement, sans prévenir, j’étais à l’antenne. J’avais assez envie de cela, et la direction des programmes en a été d’accord. C’était une manière de souligner la continuité plutôt que la rupture. C’était aussi pour moi, avouons-le, un moyen de me jeter à l’eau plutôt que d’y penser pendant tout l’été, au risque d’angoisser un peu. J’ai présenté l’émission quinze jours, après quoi, je suis parti en vacances je ne dirais pas satisfait, mais en pensant que je pouvais le faire, et surtout en ayant fait mieux connaissance avec l’équipe dans l’action. Il n’empêche que la véritable rentrée était le 21 août. Mais ainsi, ce n’était pas tout à fait une page blanche. Ni pour les membres de l’équipe ni pour moi.

Cette proposition de succéder à William Leymergie vous a surpris ? Intimidé ? Flatté ?

Sans doute un peu tout cela. J’ai reçu un vendredi soir un message de Caroline Gott qui me disait : «Voyons-nous». J’ai répondu : «Quand ?» — «Demain». En substance, elle m’a expliqué : «William ayant décidé de partir, on a choisi la solution interne et on a pensé à toi.» Évidemment, c’est un peu intimidant, mais aussi très excitant. «Télématin» est un programme important, emblématique de cette chaîne, presque une institution. France 2 a inventé – en France – avec cette émission, il y a plus de trente ans, une formule qui a beaucoup inspiré les autres chaînes mais que, bizarrement, aucune n’a véritablement tenté de concurrencer. Il y a une sorte d’évidence de «Télématin». Certains disent : «Oui, bah, ça roule tout seul»… Mais il faut des équipes, du travail, des talents, justement, pour donner l’impression que ça roule tout seul ! Je n’ai pas tellement réfléchi, à vrai dire, avant d’accepter. Pas seulement parce que cela me faisait gagner deux heures de sommeil par rapport à la matinale de France info (rires). Je suis curieux, je me sens bien dans cette entreprise, de sorte que je n’appréhende pas de rencontrer de nouvelles équipes, de me confronter à de nouvelles façons de travailler. Enfin, j’aime le changement. Je crois que mon parcours l’a prouvé.

Avec le recul de ces quelques semaines d’antenne, qu’est-ce qu’exige selon vous la présentation de «Télématin» ?

Sans doute – l’émission étant une assez grosse machine – la capacité de s’adapter, de comprendre rapidement comment fonctionne une équipe et chacun de ceux qui la composent. Une bonne connaissance de l’actualité, évidemment, mais aussi de la curiosité et de l’empathie, l’envie de partager, le sourire, le dynamisme. Un peu de légèreté pour installer une ambiance détendue, un peu d’autorité pour remettre les choses dans les rails quand ça chahute. William Leymergie, quand nous avons parlé de sa succession, m’a dit : «Tu as l’habitude d’une équipe de rédaction, tu vas trouver à Télématin une équipe que j’ai toujours considérée et dirigée comme une troupe de théâtre.» Entre l’équipe de rédaction et la troupe de théâtre, je verrais bien également la formule du club – plus proche de ma sensibilité – dans lequel les chroniqueurs se succèdent et où l’on accueille les téléspectateurs dans une atmosphère conviviale pour leur proposer de commencer la journée de façon agréable.

Envisagez-vous des changements dans la formule de «Télématin» ?

Qu’on le veuille ou non, ma présence induit forcement des changements. Je ne cherche pas à faire du Leymergie. Je ne sais faire que du Bignolas. C’est un apprivoisement réciproque. J’arrive sans rien brusquer et l’équipe a la gentillesse de s’adapter à ce que je suis. J’aime les rencontres, l’échange. Si on veut que l’émission ne soit pas une succession de one-man shows mais au contraire ce club dont je parlais, il est indispensable de se voir souvent, de se parler. Au-delà de cela, il n’y a pas lieu de chambouler quoi que ce soit. «Télématin» fonctionne bien, l’audience est au rendez-vous. Nous aurons en novembre un nouveau plateau, un nouveau décor, sans doute de nouvelles possibilités. Il sera bien temps alors de voir tous ensemble si cela suscite de nouvelles envies sur le fond ou dans la forme. Depuis qu’elle existe, cette émission a fait la preuve de sa capacité à se renouveler, chaque fois avec discrétion, intelligence et finesse.

Entretien : Christophe Kechroud-Gibassier

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici