«L’Ange exterminateur» : une satire sociale grinçante signée Buñuel

Un film inclassable aux multiples degrés de lecture © Arte/Producciones Gustavo Alatrist

En 1962, Luis Buñuel signait son avant-dernier film mexicain, «L’Ange exterminateur», un état des lieux de la bourgeoisie et sa rapide décadence lors d’un huis clos étouffant. À (re)voir ce jeudi à 23h25 sur Arte.

Ce long métrage appartient à sa veine surréaliste. Le réalisateur n’a pas hésité à répéter certaines scènes une dizaine de fois pour brocarder et fustiger une bourgeoisie sclérosée et enfermée dans ses certitudes séculaires.

À Mexico, Edmundo et Lucia de Nobile ont organisé une réception mondaine à la sortie de l’opéra. Sont conviés une dizaine de membres de la haute société. Sans raison apparente, les domestiques quittent la demeure les uns après les autres. Seul reste le majordome, Julio. Quant aux invités, ils sont victimes d’une étrange maladie de la volonté et ne peuvent pas quitter les lieux.

La soirée se resserre sur le salon. Les convives finissent par s’y endormir. Au final, ils vont y rester quatre jours et quatre nuits. Ces séquestrés subissent les affres de la promiscuité, le manque d’hygiène, la faim et l’épuisement…

Buñuel a raconté que, à court d’idées, il a improvisé la fameuse scène d’une femme piégée qui bande les yeux d’un mouton et donne un poignard au maître des lieux. Cette satire sociale grinçante annonce dix ans plus tard «Le Charme discret de la bourgeoisie», couronné d’un Oscar.

Cet article est paru dans le Télépro du 30/9/2021

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