La théorie du genre nouveau sur Télésambre

Anthony Cujas, Laura Gentile et Catherine Businaro, aux commandes de l'émission d'un tout autre genre de Télésambre © Télésambre
Pierre Bertinchamps
Pierre Bertinchamps Journaliste

Nouvelle directrice, nouveaux projets et nouvelles émissions. Télésambre présente son menu pour 2020.

Le plein de nouveautés, c’était un peu le thème de la conférence de presse de la télévision locale de Charleroi, Télésambre, ce jeudi matin à Médiasambre. L’occasion pour la nouvelle directrice Valérie Dumont de se présenter. Comme Télépro l’a déjà annoncé, elle a pris les rênes de la chaîne en janvier dernier.

«Je t’aime etc…» à la sauce carolo

Premier grand chantier, une émission sur les genres et l’amour (voire un peu le sexe aussi), «Gender Baby» (on a échappé à «Des Boules et des Moules» comme titre, confesse-t-on). Un mensuel qui compte casser les clichés sur les hommes et les femmes et qui s’ouvre à la pluralité des sexes, des genres et des identités sexuelles à travers un format de 20 minutes. Intimité, expertise, témoignages et réflexions sont au menu. Saint-Valentin oblige, le 14 février, jour de la première, le poly-amour sera abordé. «On va parler des genres et de sexualité, de façon moderne et jeune», assure-ton. «On ne sera pas sur le côté scientifique comme on pourrait le voir sur ARTE.»

«Ce sera un peu dans la veine de la websérie « La Théorie du Y » (disponible sur Auvio, NDLR)», explique Anthony Cujas, chroniqueur. «C’est bien en série, mais en véritable émission, qu’est-ce qu’on pourrait faire ? Ça n’existe pas dans le paysage audiovisuel belge en télévision. Il fallait quelque chose que l’on pouvait diffuser à 18h30. Montrer un sextoy à cette heure-là, ce n’est pas évident, mais vous allez voir qu’on va relever le défi.»

Aux commandes : Laura Gentile, avec Catherine Businaro (et donc Anthony Cujas). Si l’émission est produite à Charleroi, l’objectif est qu’elle soit reprise par d’autres télévisions locales. Au passage, RTC à Liège et No Télé à Tournai proposent déjà l’émission d’Ingrid Franssen, «Sans chemise, sans pantalon», un peu plus sexo au sens strict. «Quand on fait des appels à témoins sur Facebook, on a pas mal de réponses mais peu de personnes de la région de Charleroi», confesse Laura Gentile. «Pour le poly-amour, on est allé à la rencontre d’un Bruxellois qui a demandé pour garder son anonymat. Les gens ont peut-être peur de témoigner dans leur coin…»

Parler de sexe et de genre, c’est actuellement à la limite du politiquement correct sur les réseaux sociaux. «Si on a des commentaires négatifs, c’est que ça gène», ajoute Catherine Businaro. «Le pari, c’est ça aussi : taper dans la fourmilière pour que les choses changent. On n’est plus sur un schéma binaire femme-homme. Il y a plein de genres et plein de sexualités, mais on ne va pas faire une émission de sexe. On peut parler de sextoy sans tout ramener au cul !» Le message est clair.

Une grille plus lisible

Clarté, c’est aussi le message de Martial Dumont, rédacteur en chef de Télésambre depuis presque un an. Son premier chantier a été de rendre la grille plus claire et plus lisible. Un magazine mensuel doit être réellement mensuel, ce qui n’était pas toujours le cas. Depuis septembre, le 6e JT (une obligation décrétale) est un entretien décalé avec un invité carolo ou non, dans «Sans langue de bois».

Parmi les projets plus lointains (en septembre ?) un relifting du JT, en tout cas dans son habillage et un magazine sportif de type «La Tribune» pour mettre en avant des clubs amateurs et des sports un peu moins médiatisés sur les grandes chaînes. Le tout en public. Le rédacteur en chef va également développer un peu plus les activités sur le web, autrement qu’en mettant en ligne simplement un reportage du JT.

Plus proche de nous, la chaîne va mettre le paquet sur la retransmission en direct du Carnaval de Charleroi. Le seul écoresponsable de Wallonie avec des chars non-motorisés. 3h30 de directs pour couvrir toutes les festivités du passage sur le Boulevard Tirou au brûlage du corbeau en début de soirée. Christophe Baneton fera les transitions avec des invités en plateau. Ce sera pour le jour du mardi gras, soit le 25 février prochain, dès 16h30.

Un besoin de refinancement

De son côté, la nouvelle directrice pointe le besoin de rentrées d’argent pour pouvoir rendre le grand studio TV de Médiasambre (celui qui avait servi pour la grande soirée d’inauguration du site, en 2017, sur La Une, avec Armelle et Luc Maton) plus modulable et lui permettre d’avoir du public. Valérie Dumont souligne qu’en Fédération Wallonie-Bruxelles, deux télévisions n’ont pas d’aides financières des communes (Télésambre et RTC Télé Liège) en plus de la contribution des câblos.

Là aussi, elle plaide pour qu’on tienne compte de ceux qui regardent les médias de proximité sur le web (à l’image de l’ancienne Redevance TV qui avait été élargie à tous, et non plus aux foyers qui avaient la télé). De son côté, Télésambre va devoir développer des services aux entreprises. Une prospection vers les zonings industriels est à l’étude.

La radio toujours au programme

Enfin, les projets radios n’ont pas été mis à la poubelle. Télésambre avait déposé deux dossiers lors de l’appel à candidatures en 2019, auprès du CSA. Un en vue d’obtenir un réseau communautaire en collaboration avec BX1, NoTélé, TéléMB,… et un autre pour une radio locale sur les ondes carolorégiennes. Le CSA avait recalé le tout, estimant que les télés locales sont des services publics et que c’est donc dans le pot des fréquences de la RTBF qu’il faut aller piocher. La directrice attend les échos du premier bilan de Marc de Haan, directeur de BX1, avant de plancher sur une webradio 100% info carolo, à l’image de BX1+.

Télésambre touche 75.000 téléspectateurs quotidiens, sur une zone de 28 communes (Grand Charleroi et Botte du Hainaut), 2,54 millions de visiteurs du site en 2019 (dont 70% viennent de leur smartphone), avec 35 équivalents temps plein et une vingtaine d’indépendants. C’est la 2e chaîne en importance de la Communauté française après la bruxelloise, BX1.

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