«La Servante écarlate» : la peur au ventre

Elisabeth Moss interprète June Osborne, une servante rebaptisée Defred © RTBF
Aurélie Bronckaers
Aurélie Bronckaers Journaliste

Série coup de poing, «La Servante écarlate» fait craindre que la réalité ne rattrape la fiction…

«N’oubliez jamais qu’il suffira d’une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question. Ces droits ne sont jamais acquis. Vous devrez rester vigilantes votre vie durant.» Ces mots de Simone de Beauvoir continuent de vibrer en chacune de nous. Et si l’évolution des droits des femmes est en constant développement, il est difficile d’imaginer un retour en arrière.

Pourtant, la romancière Margaret Atwood et son roman «The Handmaid’s Tale» (1985) bouleversent encore aujourd’hui. La Canadienne remet en question les droits fondamentaux des femmes et appelle à la vigilance. Mercredi à 21h05, La Trois diffusera les deux premiers épisodes de l’adaptation en série télé, «La Servante écarlate». Une œuvre «coup de poing» aux multiples récompenses.

Dystopie

Dans un monde où le taux de natalité a drastiquement chuté, le rôle des femmes est ajusté. À la suite d’un coup d’État, les États-Unis sont renommés en République de Gilead et dirigés par un groupe religieux extrémiste, les Fils de Jacob. Ceux-ci ont réalisé un tri de la population. Les femmes ont été démises de tous leurs droits, contraintes d’obéir aux hommes, sous peine de mort.

Les rares femmes fertiles, qualifiées comme «servante», sont asservies sexuellement par les plus hauts dirigeants. Éduquées par les «tantes» pour être de «gentilles filles», les servantes, habillées de la tête aux pieds d’un rouge vif, sont surveillées de près… La série suit le parcours de June, servante du Commandant Waterford, dont l’objectif est de retrouver sa fille Hannah. Mais avant, il faudra qu’elle survive…

Sexualité

La République de Gilead rabaisse la femme à sa fonction primaire de procréation. La sexualité féminine est inexistante. Aux États-Unis, le sujet reste encore tabou, bien qu’il y ait une évolution des mentalités. La série, diffusée d’abord sur la plateforme de streaming Hulu, se permet de montrer des scènes explicites.

Mais l’idée de Bruce Miller, showrunner de la série, est d’appuyer l’effroi des servantes en ne dévoilant à l’écran que les scènes de viols. Le désir féminin est aux abonnés absents, masqué par des plans sombres, vagues et peu cadrés, signifiant que le corps des femmes leur est enlevé…

Une série d’influence

Plus qu’une fiction, «La Servante écarlate» est devenue un moyen d’expression et de révolte pour de nombreuses femmes à travers le monde. De Washington jusqu’à Tokyo, en passant par Copenhague, Paris et Bruxelles, des tenues de servante écarlate sont apparus lors de nombreuses manifestations.

Mais c’est outre-Atlantique que les «Women’s Marches» (marches des femmes) ont été les plus nombreuses. En effet, les premiers décrets signés par Donald Trump l’ont notamment été à l’encontre des ONG soutenant l’avortement. Margaret Atwood a même déclaré que «Trump avait rendu « La Servante écarlate » encore plus effrayante»

Cet article est paru dans le magazine Télépro du 6/1/2020

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