La radio reste un média fort !

La radio reste un média fort !
Pierre Bertinchamps
Pierre Bertinchamps Journaliste

L’étude des audiences de la radio change en 2018. La RTBF en profite pour faire un état des lieux du secteur sur ces dix dernières années.

Depuis cette année, la méthodologie de calcul des audiences des radios par le CIM, en Belgique, change. Si nous ne sommes toujours pas dans un système de récupération de données instantané comme pour la télévision, le modèle «déclaratif» est amélioré (le CIM V3). Désormais, 30% du recrutement des sondés se fera par le web, histoire de rajeunir le panel. Autre grand changement, il y aura 6 vagues d’audiences (au lieu de 3 actuellement), dès 2019. L’année 2018 étant une année de test du nouveau système.

Hausse et baisse

Des nouveautés qui pourraient changer la donne. La RTBF a tenu à faire un point sur le secteur radio. Pas spécialement de l’autosatisfaction, puisque les chiffres sont ceux du CIM, mais on ne cache pas sa joie en regardant l’évolution sur ces dix dernières années où le groupe RTBF prend le leadership…

En 2017, 3.510.840 auditeurs ont écouté la radio au moins une fois par semaine, soit 84% de la population de la Fédération Wallonie-Bruxelles. C’est 0,5% de plus chaque année, entre 2007 et 2017. 55% de ces auditeurs (soit 1,9 million) se sont branchés sur une des radios de la RTBF (hors TARMAC qui n’est pas encore cimée).

Par contre, la durée d’écoute du média radio est en recul de 1,3% par an pour arriver à 147 minutes par jour (en 2007 : 168 min.). On parle donc d’une lente érosion du média en Belgique francophone.

L’une monte, l’autre chute

Si on compare ces chiffres avec la télévision, la radio a un peu plus d’impact en terme de population (2.901.403 auditeurs contre 2.425.758 téléspectateurs), par contre la télé conserve une place prépondérante dans la vie des Belges puisque chaque jour, le téléspectateur moyen reste 283 minutes devant son petit écran, contre 147 minutes à côté du transistor. Enfin, l’âge moyen du téléspectateur est de 52 ans contre 50 ans pour l’auditeur. Là, la RTBF n’est pas du tout dans le coup puisque ses radios intéressent les individus de 54 ans…

En parts de marché, sur une décennie, la RTBF a grimpé de 28% à 37,1%. RTL est en chute, de 34,3% à 26,5%. Quant au groupe NRJ, il est assez stable à 18,8% (contre 15,7%, dix ans plus tôt).

En digital, toutes les radios francophones sont gagnantes, et c’est VivaCité qui est la meilleure élève avec 13.831 visiteurs par jour en 2017. Bel RTL en totalise 6.218 et Nostalgie 6.403. Et en consommation de podcast, c’est La 1ère qui est leader (et de loin) avec 18.625 visiteurs uniques en streaming, par jour devant VivaCité et Classic 21. Radio Contact est à 3.953 et Bel RTL à 3.521. Une tendance qui pourrait changer, cette année, avec le lancement prochain de RTL Play.

Les images dopent les paroles

C’est incontestable, la radio à la télévision a une influence sur les audiences du CIM Radio. Rappelons que le sondage se fait sous la forme d’un questionnaire déclaratif où le support d’écoute choisi par le panel n’importe pas. Pour VivaCité, son évolution en 3 ans est clairement aidée par la télé.

En 2014, entre 6h et 11h, RTL-TVI était leader avec 16,4% de parts de marché. Suivis de France 2 (11,8%), La Une (9,2% avec «Matin Première») et les programmes jeunesse de TF1 (7,7%). L’arrivée du «6/8», «Le 8/9» et «C’est vous qui le dites !», sur La Une, a redistribué les cartes. La RTBF est désormais loin devant, le matin, avec 24,5% de PdM, France 2 ne bouge pas à 8,8%, et TF1 et RTL sont au coude à coude à 6,8%. Sur la même période, les audiences de VivaCité ont bondi de 16,4% à 19%. Le raccourci est «facile» souligne-t-on à la RTBF, mais un parallèle existe…

C’est toujours (et heureusement) sur un poste de radio (ou un autoradio) que le Belge écoute le plus la radio (95%), mais la télévision gagne du terrain avec 26,8% d’auditeurs. L’ordinateur représente 14% des répondants et les mobiles 13,8%. Un auditeur peut évidemment écouter le média radio sur plusieurs plateformes différentes durant la période.

Et le DAB+, c’est pour quand ?

En Belgique, la radio est le média le plus fort et notamment sur les revenus publicitaires. Voilà pourquoi la communication autour des chiffres d’audiences est toujours bien pesée (il n’y a jamais de véritable perdant même quand on passe de la 1re à la 4e place !), d’ailleurs l’arrivée de la RNT (le DAB+) ne fera que renforcer la puissance de la radio où chaque grand groupe devrait ajouter au moins une station à son offre hertzienne (TARMAC pour la RTBF, Mint pour RTL, et Chérie FM pour Ngroup). Un accord privé/public à ce sujet devrait permettre le lancement du DAB+ au sud du pays avant fin 2018, pour les grands réseaux. Les radios locales doivent toujours trouver un terrain d’entente…

Ce bilan très ertébéen marque aussi la fin d’une époque, sur le service public. La nouvelle organisation fait sauter le poste de «Directeur général des radios» que Francis Goffin occupait depuis 15 ans. Dès septembre (pour ne pas perturber les projets de rentrée), le nouvel organigramme sera effectif. Le briscard de la radio belge francophone ne quitte pas pour autant le paquebot et la radio, puisque Goffin sera consultant pour ce média au sein de la RTBF.

Pierre Bertinchamps

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