La caméra cachée, une histoire bien belge ! (vidéos)

La caméra cachée, une histoire bien belge ! (vidéos)
Julien Vandevenne
Julien Vandevenne Rédacteur en chef adjoint

Ce vendredi à 20h50, La Une diffuse un nouveau numéro de «Ça n’arrive pas qu’aux autres», avec Arnaud Tsamère comme invité. Les caméras cachées en Belgique : un succès depuis plus de 50 ans !

Le mois dernier, le premier numéro de «Ça n’arrive pas qu’aux autres» était au coude à coude (en parts de marché) avec la série US de RTL. Preuve que même si le concept est «vieux comme le monde», il est toujours fédérateur. Petit historique du genre, en Belgique francophone.

«On ne se moque pas des honnêtes gens»

C’est en 1962, que la première émission composée majoritairement de caméras cachées, «Sans rancune», voit le jour. Petite particularité, ce sont les journalistes de la jeune RTB qui étaient à la présentation (Philippe Dasnoy et George Konen).

Robert Stéphane, René Thierry, Albert Deguelle et Daniel Vos imaginaient ensemble les scénario machiavéliques des caméras cachées. Inspirée directement des «Candid Cameras» américaines, le programme innovant et surprenant pour l’époque, provoque de vives réactions indignées auprès des téléspectateurs.

Dans les années 60, «on ne se moquait pas des honnêtes gens». Devant la polémique, la direction préférera déprogrammer l’émission après la première saison !

L’ère Monsieur Zygo

Il faudra donc attendre les années septante pour que le genre revienne sur la RTB(F) dans «Keskinvapa», «Clafoutis» et même «Lollipop» . On se souvient de Marion, Stéphane Steeman, Albert Deguelle (encore lui !) et bien sûr Philippe Geluck.

Cette fois-ci, les émissions ne sont pas composées que de caméras cachées. Gags, sketches et parodies sont aussi au rendez-vous. Ce sera aussi le menu de «Zygomaticorama», de 1977 à 1982. Monsieur Zygo alias Bernard Faure, comédien multitâche de la RTBF (des dramatiques radio à la télévision scolaire) sera la vedette de ces caméras cachées qui ont marquées toute une époque, voire une génération en Belgique.

L’affichage de ce contenu a été bloqué pour respecter vos choix en matière de cookies. Cliquez ici pour régler vos préférences en matière de cookies et afficher le contenu.
Vous pouvez modifier vos choix à tout moment en cliquant sur « Paramètres des cookies » en bas du site.

Des succès d’audiences énormes

Le succès étant tel que Monsieur Zygo devient très vite la star de l’émission : ces séquences piégeuses font un tabac. Rançon du succès : Bernard Faure aura de plus en plus de mal à agir incognito…

Ensuite, de 1986 à 1992, Monsieur Zygo reprend du service dans le «Tatayet Show».

L’affichage de ce contenu a été bloqué pour respecter vos choix en matière de cookies. Cliquez ici pour régler vos préférences en matière de cookies et afficher le contenu.
Vous pouvez modifier vos choix à tout moment en cliquant sur « Paramètres des cookies » en bas du site.

Le succès est une nouvelle fois énorme (on parle de 80 % de parts de marché, le dimanche soir !). Mais, à cause de sa popularité, Zygo s’exile de plus en plus en France pour pouvoir piéger des gens qui ne le reconnaissent pas.

Il pouvait aussi compter sur l’aide occasionnelle de complices tels les frères Taquin, Plastic Bertrand ou Tatayet lui-même. Les pièges de Monsieur Zygo seront réutilisés à l’envi dans les différentes émissions d’humour de la chaîne publique. On pense évidemment à «Bon week-end».

Fin des années nonante, une collection «best of» de l’œuvre de Faure sera proposée dans «Mais où est la caméra ?», avec, aux commandes, Maria Del Rio et la complicité de Tatayet.

Keynews entre dans la danse !

L’autre grand producteur de caméras cachées, en Belgique, c’est KNTV (Keynews). À la base, c’est une société de logistique et de production de programmes d’infos pour les chaînes étrangères qui gravitent autour du Parlement européen de la Commission (d’où le nom « Keynews », les clefs de l’actualité).

Mais la société de Boris Portnoy a dû diversifier ses activités, la Commission européenne ayant décidé de lancer sa propre équipe de production télé. En 1992, la toute première caméra cachée («Just Kidding») est produite. Pour la petite histoire, c’est la patte d’un singe qui sort du présentoir des fruits exotiques dans un supermarché…

L’Embrouille sur RTL-TVI

Face à la RTBF leader sur le marché, c’est RTL-TVI qui commande des concepts à KNTV. On se souvient de «Si c’était vous» avec un petit jeunot à la télé, un certain Jean-Michel Zecca… L’émission aura aussi lancé François L’Embrouille. Un personnage imbuvable (dans les caméras cachées) qui a permis de lancer la carrière de François Damiens.

L’affichage de ce contenu a été bloqué pour respecter vos choix en matière de cookies. Cliquez ici pour régler vos préférences en matière de cookies et afficher le contenu.
Vous pouvez modifier vos choix à tout moment en cliquant sur « Paramètres des cookies » en bas du site.

Dans son portefeuille, KNTV possède encore «Just Kidding» (programme court) et «Tranches de rire». RTL a succombé aux concepts, mais aussi TF1, France 2, la ZDF, AB et même la FOX aux USA !

Pour l’anecdote, le «Monsieur Zygo» de Keynews, dans les années nonante, était Christian Loiseau, devenu depuis le Directeur de BeTV. Au départ, «Just Kidding» est une initiative totalement privée avec un investissement important (on parle de plusieurs millions d’euros) qui s’est fait en partenariat avec RTL, qui a assuré un soutien conséquent pour le lancement et le suivi de la production.

Dernière grosse production en date, «Les Vieilles canailles», la version francophone de «Benidorm Bastards» de VTM.

L’affichage de ce contenu a été bloqué pour respecter vos choix en matière de cookies. Cliquez ici pour régler vos préférences en matière de cookies et afficher le contenu.
Vous pouvez modifier vos choix à tout moment en cliquant sur « Paramètres des cookies » en bas du site.
Et quand vous prenez l’avion sur des long trajets, si vous ne tombez pas sur une séquence du «Bourlingueur» ertébéen, il y a de grandes chances que les gags en caméras cachées, soient aussi des produits KNTV !

Pièges de stars

Sur plus de vingt ans, des dizaines de personnalités ont été piégées : des Belges comme Sabrina Jacobs, Sandrine Corman, Enzo Scifo, Raymond Goethals, les frères Saive, Claude Barzotti ou encore Lio … Mais aussi des Français (Franck Dubosc, Florent Pagny, Henri Lecomte, et comme ce vendredi sur La Une, Arnaud Tsamère…).

Véronique Billet, responsable de la production des caméras cachées pour KNTV depuis plus de vingt ans garde de bons souvenirs. «Ce sont des larmes de joie qui coulent…. Hier et aujourd’hui encore», confie-t-elle. «Collaborer avec les ados d’il y a vingt ans ou ceux d’aujourd’hui est toujours un moment délicieux ! Ce sont des comédiens nés. Tous les parents tombent dans le panneau à chaque gag avec la même naïveté et le grand ouf de soulagement d’apprendre que l’imbroglio n’est qu’une farce».

En chiffres, ce sont plus 40.000 personnes qui ont eu peur pour 35 millions de téléspectateurs qui ont ri devant 5.000 caméras cachées produites pour plus de 100 pays.

Notre savoir-faire et la bonhommie bien belge se sont largement exportés. Et ce n’est pas fini…

Pierre Bertinchamps

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici