La Callas, absolument diva
Elle est considérée comme la plus grande voix lyrique du XXe siècle. Quarante ans après sa mort, la diva continue d’inspirer les jeunes chanteurs.
«À l’âge auquel les enfants devraient être heureux, je n’ai pas eu cette chance.» Les débuts sont difficiles pour la petite Maria Kalogeropoulos, née à New York le 2 décembre 1923. Ses parents grecs sont venus tenter le rêve américain. Mais, très vite, c’est la déception.
La fillette grandit au sein d’un foyer désuni, dans l’ombre d’un frère disparu peu avant sa naissance. Sa mère lui préfère sa sœur aînée, plus jolie et plus fine. Cependant, la musique inonde leur maison. Maria chante par-dessus les enregistrements de ses vedettes préférées.
En manque de reconnaissance, elle semble avoir trouvé sa vocation : «Quand je chantais, je sentais que j’étais vraiment aimée.» En 1937, ses parents divorcent. Maria retourne s’installer en Grèce avec sa mère et sa sœur. Elle intègre alors le Conservatoire d’Athènes où elle est remarquée par ses professeurs. Alors qu’elle n’a que 17 ans, elle obtient ses premiers rôles. Cinq ans plus tard, elle revient à New York en espérant y faire carrière.
Succès tonitruant
La gloire frappe à sa porte lorsque le chef d’orchestre italien Tullio Serafin lui propose le rôle-titre dans «La Gioconda» de Ponchielli. La jeune diva chantera aux prestigieuses arènes de Vérone. C’est un triomphe ! La Callas est née.
La même année, elle rencontre son futur époux, Giovanni Battista Meneghini, un riche industriel italien de vingt-huit ans son aîné qui va prendre sa carrière en main. Il sera son mari, son mentor, mais aussi son imprésario. La diva perd 30 kilos et suscite désormais l’intérêt des grands couturiers.
Elle se produit sur les plus grandes scènes du monde, remettant au goût du jour le bel canto. Grâce à son timbre particulier, sa virtuosité technique et son registre étendu de près de trois octaves, elle aborde tous les rôles de son répertoire, soumettant sa voix à d’énormes tensions. Un soir, tandis qu’elle chante devant le président de la République italienne à Rome, la Callas s’arrête après le premier acte, affirmant qu’elle a «perdu sa voix». La presse dénonce un caprice de l’ombrageuse diva et crie au scandale !
Ciel ! Ma voix !
Adulée ou décriée, la «divina assoluta» ne laisse pas indifférent. Elle aime avant tout la vie mondaine et s’entoure de personnes brillantes. Elle n’aura aucun mal à succomber aux avances enflammées du riche armateur grec Aristote Onassis. Leurs croisières de luxe sont dans tous les journaux. La diva met un frein à sa carrière pour se consacrer pleinement à son amant.
Mais, après neuf ans de relation, le milliardaire épouse Jackie Kennedy. Maria ne s’en remettra jamais. Ses apparitions sur scène se raréfient tandis que sa voix se détériore. Elle se dit lasse de jouer toujours dans les mêmes mises en scène. En réalité, son instrument est abîmé.
En 1973, elle entame une ultime tournée internationale de récitals. À Paris, si les bouquets et les «Viva Maria !» pleuvent, la critique, elle, est moins clémente… La Callas se retire dans son appartement parisien pour y rendre son dernier souffle, le 16 septembre 1977, à l’âge de 53 ans. Comme en témoigne son ancien directeur artistique : «C’était l’image de La Traviata. Son visage n’a pas pris une ride. Elle a l’air de se reposer.»
Le documentaire «Maria by Callas» est diffusé mardi à 22h55 sur France 3.
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