«La Cage aux folles» : 50 ans de… Zazamusement !
Portée par un Michel Serrault au sommet de son art, cette pièce de Jean Poiret, adaptée par le 7e art et devenue culte, conserve tout son panache.
Depuis fin février, l’INA (Institut national de l’audiovisuel en France) propose une pépite en ligne (accessible en Belgique) : 65 min de captation (théâtre filmé, ndlr) de «La Cage aux folles». Étonnamment, ce triomphe, joué plus de 1.500 fois à Paris à partir de 1973, n’a jamais été immortalisé dans sa totalité. Le document rare permet enfin d’en mesurer l’époustouflante force comique. Et pour fêter les 50 ans du phénomène, La Trois revient sur les péripéties de sa création, ce lundi à 20h35 avec le documentaire «Merci Zaza – La folle histoire de La Cage aux folles».
«La Cage aux folles» est surtout connue aujourd’hui pour son adaptation cinématographique, signée Édouard Molinaro en 1978. Ou son remake américain «Birdcage» (1996). L’aventure a commencé beaucoup plus tôt, quand l’acteur Jean Poiret, encore enfant, voit le film «Fanfare d’amour» (qui inspirera «Certains l’aiment chaud» à Billy Wilder), récit de deux chômeurs obligés de se travestir pour décrocher un job.
Plus tard, il s’en rappelle en voyant la pièce «L’Escalier», drame relatant le quotidien d’un vieux couple homosexuel. Touché aussi par les spectacles transformistes du célèbre Michou, Poiret songe à en faire une comédie où son «frère» d’art burlesque, Michel Serrault, lui donnera la réplique. Ils incarneront respectivement Georges et Albin, alias Zaza, vedette excentrique de leur cabaret, La Cage aux folles.
Au début, ces drôles d’oiseaux n’attirent guère le public. Les critiques sont partagées. Dans les années 1970, l’homosexualité est encore, hélas, un délit. Mais il ne s’agit ni d’en faire l’apologie ni de s’en moquer. Les héros, au-delà du rire et de la caricature, cherchent à vivre libres et à être acceptés tels qu’ils sont.
La magie boulevardière et l’alchimie entre Poiret et Serrault séduisent finalement le public. Beaucoup de spectateurs reviennent plusieurs fois car les duettistes improvisent, rajoutent des répliques jusqu’à prolonger le show d’une demi-heure, notamment dans la mythique «scène de la biscotte» où Zaza, essayant de tartiner de façon plus virile, finit par la casser ! Effet comique garanti !
Dans la salle, une personne s’esclaffera tant qu’elle fera une crise cardiaque et sera discrètement évacuée… Le succès ayant son revers, Jean Poiret, épuisé, craque lors de la 1.300e représentation et est remplacé.
Il y a bientôt de quoi le consoler. L’adaptation à l’écran fait plus de 5 millions d’entrées en France et devient la fiction étrangère la plus vue aux USA dans les années 1980 et 1990. Les Américains en tirent une comédie musicale très applaudie.
En 2009, la pièce est reprise par Didier Bourdon et Christian Clavier. Celui-ci déclare à Paris Match : «Quels que soient leurs caprices, leurs défauts, les personnages sont toujours traités avec beaucoup de respect. Jean Poiret a écrit un chef-d’œuvre, un classique. Cette pièce est intemporelle ; dans un siècle, elle fera toujours autant rire !»
À voir : https://madelen.ina.fr/programme/la-cage-aux-folles
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