Kiss : les phœnix du hard rock !

Avec sa tournée d’adieu «End of the Road», le groupe Kiss est passé par la Belgique en juin dernier © ARTE/DPA

Débuts pénibles, carrière flottante, musiciens au tempérament de feu : le groupe le plus singulier de la scène rock a résisté à tout. Y compris à ses propres trépas.

En 1979, «I Was Made for Lovin’ You» est en tête des hit-parades, secoue les ondes radiophoniques et les tubes cathodiques. Tout le monde est fan, y compris les profanes. Le triomphe, pourtant, ne réjouit pas son interprète, le groupe Kiss. Ce tube, jugé trop commercial et pas assez métal, est une infidélité à sa réputation subversive. Mais il en a vu d’autres…

Sales gosses

Savoir aujourd’hui que Kiss est neuvième sur la liste MTV des meilleurs groupes de métal, qu’il figure sur le Rock & Roll Hall of Fame et compte plus 150 millions d’albums vendus sur la planète n’est pas une surprise. Mais si l’on avait prédit pareil destin à ces «sales gosses», ils auraient haussé les épaules, car leur entrée sur la scène de la vie n’a pas été fracassante. Paul Stanley, futur leader du groupe, s’appelle encore Stanley Bert Eisen. Sa famille juive a fui l’Europe et les nazis pour s’installer à New York. Il y est né en 1952 avec une microtie : le pavillon d’une de ses oreilles est quasi inexistant. Fausses notes aussi pour ses compères à venir : Gene Simmons, également israélite, grandit dans la précarité, Peter Criss est élevé par des religieuses aux punitions traumatisantes et Ace Frehley est expulsé de nombreux lycées.

Démons sur hauts talons

À la création du groupe, tous sont sûrs de leur talent. Même si le quatuor joue devant quinze badauds à l’orée des seventies, il veut être «un groupe comme on n’en a encore jamais vu sur scène». Extravagants, les Kiss se perchent sur des talons de 15 cm. Pour bâillonner ceux qui croient voir des drag queens, ils se griment méchamment, en noir et blanc – homme-chat, homme de l’espace, démon, fils des étoiles – et enfilent des tenues échancrées sur des torses velus. Leurs tournées sont à la démesure de leur musique. Gene tire la langue, apprend à être cracheur de feu et régurgite du faux sang. Le public est conquis.

Satanistes ?

Naissent alors d’autres rumeurs : la bande serait sataniste ! En Allemagne, Kiss est accusé de vénérer les nazis, les «s» de son logo prêtant à confusion. «Ces lettres sont des éclairs !», vocifère Gene. «Comment imaginer cette c… alors que Paul et moi sommes juifs ?» En 1975, l’album «Alive !» est disque de platine, avec des tubes désormais mythiques : «Rock and Roll All Nite», «Deuce» et «Parasite».

Résilience très rock

Mais telle une mise en abyme de leurs shows imprévisibles, leur carrière frôle régulièrement le trépas, Paul et Gene étant les meilleurs ennemis du monde, Ace et Peter, dilettantes, devant être remplacés. Subclaquant dans les années 1980, Kiss joue un surprenant va-tout : apparaître à visage découvert. Le succès revient. La résilience devient le credo des quatre phœnix. Aujourd’hui, à nouveau poudrés, ils sont en tournée d’adieu («End of the Road»). Et Paul, 70 ans, veut partir avec panache. Il croit en la relève !

Cet article est paru dans le Télépro du 11/08/2022.

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