Kendji Girac : «Merci la vie !»

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Nicole Real Journaliste

À l’occasion des 20 ans de l’émission «Rendez-vous en terre inconnue», France 2 diffuse ce mardi à 21h10 un voyage exceptionnel.

Pour sa der de der, l’animateur Frédéric Lopez a accompagné le chanteur Kendji Girac dans les plaines désertiques du nord-ouest du Kenya à la rencontre du peuple Turkana. Pour survivre à la sécheresse, cette tribu qui a perdu une grande partie de leurs troupeaux d’animaux, leur fierté et leur seule richesse, a été contrainte d’apprendre à pêcher dans le grand lac salé d’Afrique.

Avez-vous accepté, sans aucune hésitation, de partir à l’autre bout du monde ?

Avec mon équipe, j’avais évoqué l’idée de participer à cette émission, mais les conditions rudimentaires durant le séjour m’effrayaient un peu. J’appréhendais de dormir par terre ou de supporter une chaleur suffocante. Le jour où je me suis senti enfin prêt à vivre pleinement l’aventure, j’ai sauté le pas. Avec Frédéric, j’étais en confiance car je savais que j’étais entre de bonnes mains.

Avant le départ, quelles étaient vos craintes ?

J’avais été terrorisé de voir Kev Adams dormir à même le sol sur une peau de vache (en Éthiopie en 2017, ndlr). Ma peur était de boire du sang (rire) ou de dormir sur des cailloux pendant dix jours ! Finalement, j’ai très bien dormi à la belle étoile. Chaque soir, j’aimais contempler le ciel qui, avec sa Voie lactée, était d’une beauté exceptionnelle.

Sur place, comment avez-vous vécu cette aventure ?

J’ai essayé de profiter intensément de chaque instant. J’avais pris conscience de l’aventure extraordinaire que je vivais, de l’endroit et du peuple que je découvrais. Jamais je n’aurais imaginé avoir la chance de vivre un jour ce genre d’expérience.

Comment avez-vous établi la complicité avec la tribu et, en particulier, avec ses femmes ?

Cette complicité a mis du temps à se mettre en place. Comme elles étaient toujours souriantes, je me suis senti de plus en plus à l’aise pour dialoguer avec elles. Vivre en communauté avec des femmes fortes ressemble à ma façon de vivre en France avec ma mère et mes sœurs. Je n’hésitais pas à leur poser des questions.

Hormis leur joie de vivre, qu’est-ce qui vous a le plus impressionné chez les Turkana ?

Physiquement et mentalement, les hommes comme les femmes sont très forts. Pour nourrir leur famille, tous travaillent sous une chaleur de plomb sans rechigner. Les femmes vont chercher le bois et construisent les maisons, les hommes pêchent.

Êtes-vous devenu un bon pêcheur ?

J’adore la pêche que je pratique depuis mon plus jeune âge, mais leur façon de pêcher n’a rien à voir avec celle que je connais. Leurs filets composés de plus de 300 mètres de fil étaient très lourds. Malgré les cloques, pratiquer cette pêche très physique faisait partie du jeu et j’étais content de donner un coup de main à ces gens courageux.

Comment avez-vous géré le moment des adieux ?

Je n’aime pas les adieux et je ne voulais surtout pas pleurer. J’ai préféré laisser Fred échanger les derniers mots avec eux car mon émotion était tellement forte que je me retenais pour ne pas me laisser aller. Je voulais les quitter avec le sourire et non dans les larmes.

Pourquoi ne pas exprimer votre émotion ?

C’est mon caractère, je suis plutôt d’un naturel réservé. Mais j’ai appris que c’était plus sain de se laisser aller à exprimer ses émotions et ne pas garder pour soi son ressenti. Si on a envie de pleurer, il ne faut pas se retenir. Avec eux, je me suis un peu dévoilé car pour me raconter leur histoire, il me fallait parler de la mienne. Entre nous, l’échange était sincère. Je leur ai fait des confidences sur mes états d’âme que j’aurais été incapable d’évoquer auparavant.

Quel souvenir gardez-vous de cette aventure ?

Ce voyage a été l’un des plus beaux et des plus forts de ma vie. Je garde un souvenir magique de ces moments incroyables que nous avons vécus. Malgré la dureté de leur quotidien, les gens que nous avons rencontrés étaient toujours d’humeur joyeuse. Tant qu’on a la santé, garder le sourire malgré les ennuis est une bonne leçon qui reste gravée dans ma tête.

Depuis votre retour, avez-vous eu l’impression que ce voyage vous a, d’une certaine manière, changé ?

Dans l’avion du retour, j’ai promis à Fred de ne plus jamais me plaindre ! (Rire) Je me rends compte qu’en France, on pleure la bouche pleine alors qu’eux, qui sont démunis, ne s’apitoient jamais sur leur sort. Ce voyage m’a appris à apprécier ce que j’ai. Je suis en bonne santé, je mange, je bois, je ris, merci la vie !

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