Justine Katz dévoile #Investigation sur la RTBF : «Je ne suis pas que Madame Attentats»

Justine Katz présente #Investigation © RTBF
Pierre Bertinchamps
Pierre Bertinchamps Journaliste

Ce mercredi à 20h20 sur La Une, la journaliste prend les rênes du nouveau magazine d’investigation de la RTBF.

«#Investigation», c’est le magazine qui réunit les équipes de «Questions à la Une» et «Devoir d’enquête». Nouveau nom et nouvelle dynamique que détaille Justine Katz.

Fusionner deux magazines très différents, ça va donner quoi ?

Ce qui m’intéresse essentiellement, c’est la capacité des équipes, peu importe le thème. Aussi bien sur «Devoir d’enquête» que sur «Questions à la Une», il y avait une vraie école de l’investigation. En effet, on s’ouvre à des thématiques plus larges, mais certains journalistes en sont très contents. Faire du judiciaire pendant des années, c’est riche mais très lourd parfois.

Ils sont contents de sortir de leur zone de confort ?

Le terme est fort, j’ai plutôt envie de dire qu’ils veulent aussi faire autre chose, et mon rôle est de les accompagner vers cette ouverture. Mais on aura toujours des sujets liés à des thématiques judiciaires. Par contre, on ne fera plus du récit d’affaire criminelles. Il n’y a plus qu’une seule équipe qui enquête sur des thèmes très larges. C’est d’ailleurs elle qui propose la plupart des sujets. On ne parle plus en termes de personnes de «QALU» ou «Devoir d’enquête», par contre, on a gardé la répartition sur trois sites (Bruxelles, Charleroi et Liège)

Pourquoi avez-vous repris la présentation, et plus Malika Attar ou Laurent Mathieu ?

Nouvelle émission, nouveau nom, nouveau concept, nouveau tout… donc autant prendre aussi un nouveau visage. Pourquoi moi ? il faut le demander à ceux qui ont fait ce choix. Personnellement, j’ai été appelée, il y a plusieurs mois pour lancer le projet, et puis on m’a demandé de le présenter. Le rôle du présentateur va être d’échanger avec le journaliste, c’est important qu’il soit impliqué dans les sujets. Ce serait difficile pour quelqu’un qui viendrait juste présenter. Je vois les sujets, je relis les textes avec le journaliste,… et je suis rédactrice en chef de l’émission. Je fais tout le travail en amont.

Qu’est-ce qui sera novateur ?

On va sortir.

Comme Elise Lucet ?

Non, parce qu’elle interroge aussi des passants dans la rue, nous c’est juste une histoire de décor ou d’ambiance. On me verra aussi dans les sujets pour parler avec le journaliste ou à un protagoniste. C’est une démarche d’accompagnement et de pédagogie. Il faut se dire aussi que ce n’est pas Elise Lucet qui a inventé cette façon de présenter. Le principe de l’enquête veut ça… On ne va pas déranger des gens gratuitement, on leur donne l’opportunité de s’expliquer pour ne pas avoir qu’une seule version. Elise Lucet a scénarisé ça pour l’écriture de «Cash Investigation». Nous, nous n’irons pas jusque-là.

Quel est votre modèle ?

On en a plein, et le modèle français est dans notre culture. Ce que fait «Cash Investigations», c’est super, mais c’est parfois trop agressif. On les a rencontrés cet été pour échanger sur ces questions-là, et ils avouent qu’ils commencent à s’adoucir un peu et ils réorientent leur façon de travailler. Le modèle très présent, chez nous, c’est celui de «Pano» sur la VRT. On a aussi beaucoup de contacts et on fera des collaborations avec eux. Le sujet sur Schild en Vrienden, c’est quelque chose que l’on voudrait pouvoir faire.

Vous allez aussi proposer des enquêtes ?

Aujourd’hui, je n’ai clairement pas le temps, mais à moyens termes, il n’est pas exclu que j’en fasse. J’aime toujours ça… Là, je me concentre sur le lancement, ce n’est pas ma priorité du moment.

Vous avez renoncé à suivre les affaires judiciaires pour les JT ?

Depuis quelques mois, c’est Sébastien Georis qui me remplace dans la fonction de responsable du service «Police-Justice» pour l’info.

La période des attentats vous a mise en lumière…

Cette période est à la fois horrible et intense professionnellement pour moi. Aux yeux du public, et peut-être en interne, cette période de forte exposition m’a donné un nom. Pour «#Investigation», je dois me décoller de cette étiquette vis-à-vis du public. Le but n’est pas qu’on m’identifie comme «Madame Attentats». Je vais parler de toutes les thématiques, il va falloir que le déclic se fasse dans l’esprit des téléspectateurs.

C’était difficile à vivre ?

Je n’ai jamais eu peur, et je n’ai pas reçu de menaces non plus. Je ne vous cache pas que c’est lourd émotionnellement parce que c’est être au contact de personnes qui souffraient énormément et on parlait de problématiques assez dures. Je n’en ai pas tout à fait fini non plus. Quand vont arriver les grands procès, on verra ce qu’on fera. Mon expertise s’est construite sur plusieurs années, ce n’est pas facile de l’évacuer. Je serai sans doute là en soutien…

Vous avez des objectifs d’audience ?

Non, pas en termes de chiffres. Ce qu’on veut c’est que nos enquêtes aient un impact sur la société, qu’elles puissent faire bouger les choses et que l’on crée le débat au boulot, dans les écoles, à la maison…

Entretien : Pierre Bertinchamps

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