Julie Gayet : «Olympe de Gouges, l’avant-gardiste féministe»

« On a traité Olympe de Gouges d’hystérique et de folle parce que c’était une femme libre ! », déplore l’actrice © MSVP - France Télévisions
Nicole Real Journaliste

Lundi à 21h10, en amont de la Journée internationale des femmes (8 mars), France 2 diffuse « Olympe, une femme dans la Révolution ». Julie Gayet (52 ans) interprète et coréalise ce téléfilm qui relate la vie singulière d’Olympe de Gouges, pionnière du féminisme en France.

Pourquoi avoir choisi cette période de la Révolution française ?

Parce que les femmes en étaient partie prenante, elles étaient nombreuses à s’impliquer. Il y avait des clubs de femmes et certaines voulaient même se battre dans l’armée aux côtés des hommes.

Pourquoi cet engouement pour Olympe de Gouges ?

Ce qui m’a intéressée, c’est la méconnaissance par le grand public de l’histoire des femmes en général pendant la Révolution française et du combat d’Olympe de Gouges en particulier. Au collège, on nous a appris que ce soulèvement populaire avait été initié pour et par les hommes. J’ai été frappée de découvrir l’engagement féministe avant-gardiste d’Olympe, qui n’a pas hésité à rédiger une Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne.

Avez-vous tout de suite envisagé de jouer le rôle ?

Non, pas du tout. Au début du projet, je voulais juste coécrire et coréaliser le téléfilm. Comme à son arrivée à Paris, Olympe parlait l’occitan et qu’il était hors de question de l’imiter, il était plus logique d’engager une actrice avec l’accent du Sud-Ouest. Mais la directrice de la chaîne, la productrice et le coréalisateur Mathieu Busson m’ont persuadée que c’était à moi de l’incarner.

Quels sont les éléments de sa personnalité qui vous ont marquée ?

C’était une personne qui osait aller jusqu’au bout de sa démarche en ne lâchant jamais rien. La vie de cette autodidacte est aussi l’histoire d’une émancipation féminine. On l’a traitée d’hystérique et de folle parce que c’était une femme libre. Beaumarchais l’a même qualifiée de courtisane. Sa grande naïveté à croire en la justice des hommes lui a coûté la vie (elle fut guillotinée le 3 novembre 1793 à 45 ans, ndlr).

Pouvez-vous nous résumer son parcours ?

Issue d’un milieu bourgeois de Montauban, elle monte seule à Paris et apprend sans aucune limite. Olympe agit en osant parler et, dans l’Histoire, toutes les femmes qui, comme Gisèle Halimi ou Simone Veil, ont osé s’exprimer étaient, de leur vivant, des « chieu… ». En revanche, décédées, elles sont devenues formidables.

Incarner Olympe de Gouges vous a-t-il transformée ?

Ah oui ! Je parle encore plus qu’avant ! (Rire) C’était fabuleux de plonger dans son univers à travers ses écrits. Elle est dans la continuité de mes engagements. Je suis plutôt cartésienne, mais sur le tournage, j’avais la sensation qu’Olympe était présente, ce qui me mettait la pression ! •

Cet article est paru dans le Télépro du 27/2/2025

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