Julie Gayet : «La culpabilité en intraveineuse»
Dans «12 ans, 7 mois, 11 jours» (à voir mercredi sur France 2), un suspense librement adapté du roman éponyme de Lorris Murail, Julie Gayet incarne une mère en proie au sentiment de vengeance
Malgré le jugement qui l’innocente de la mort du jeune Raphaël, Inès Zerouali (Marie Denarnaud, 45 ans) se sent coupable et reste convaincue que Lucie Coubert (Julie Gayet, 51 ans), la maman de l’enfant, cherche à se venger.
Julie Gayet, pourquoi avez-vous accepté ce rôle ?
Avant tout, parce que j’adore Marie Denarnaud. J’étais vraiment ravie qu’on lui propose enfin un rôle à la mesure de son talent car c’est elle qui porte le film. Ce face-à-face avec elle m’enthousiasmait. Donner la réplique à une actrice avec laquelle on s’entend bien est très agréable. En outre, lorsque j’ai rencontré le réalisateur Alexandre Coffre, j’ai été tellement touchée par sa façon de porter ce projet très personnel que j’ai accepté immédiatement.
Comment avez-vous abordé le rôle de Lucie Coubert ?
C’est une femme brisée, qui s’est presque arrêtée de vivre au point de négliger son autre fils, bien vivant. La violente douleur d’avoir perdu son enfant lui donne des envies de vengeance. Elle s’en veut d’être restée dîner avec son amant plutôt que d’aller récupérer son enfant. La culpabilité des femmes, des mères en général, est un sentiment qui m’intéresse.
Avez-vous des points communs avec Lucie ?
Il y a un peu de moi dans ce personnage, mais je n’aime pas cette démarche d’aller au plus profond de soi-même pour composer un personnage. Parfois, je m’inspire de mes amis, de mes lectures, des comportements humains. J’ignore si, inconsciemment, je me sers de ma vie personnelle pour nourrir un rôle, mais j’ai la sensation que plus on vieillit, plus on affine son jeu.
N’avez-vous eu aucune difficulté à imaginer la perte d’un enfant ?
J’ai la chance de n’avoir jamais vécu réellement ce drame, même si j’ai traversé un moment dans ma vie où cette tragédie aurait pu m’arriver. Cette sensation que le monde s’effondre avec ensuite la nécessité de surmonter un immense chagrin me touche donc énormément.
En tant que maman, ressentez-vous parfois de la culpabilité vis-à-vis de vos enfants ?
J’ignore ce que ressentent les autres mamans, mais j’ai l’impression que la culpabilité est un sentiment qu’on m’a injecté en intraveineuse. Cette injonction, qui affirme que c’est toujours la faute des mères, est incroyable ! J’adore travailler sur cette obligation d’être des femmes et des mères parfaites.
Demandez-vous l’avis de votre mari, François Hollande, sur le choix de vos rôles ?
Jamais. En revanche, il adore lorsque je tourne et me voir à l’écran. Il est très fier, très mignon. Il aime la comédienne que je suis, ce qui est plutôt gentil.
Pouvez-vous nous dire deux mots sur le Festival Sœurs Jumelles qui se déroule du 25 au 30 juin à Rochefort ?
Je suis contente d’avoir créé ce très joli festival qui marie deux mondes que j’aime, celui de la musique et celui de l’image !
Cet article est paru dans le Télépro du 9/5/2024
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