Julie Denayer : «Nous allons montrer comment fonctionne la Justice»

Julie Denayer : «Nous allons montrer comment fonctionne la Justice»
Julien Vandevenne
Julien Vandevenne Rédacteur en chef adjoint

La journaliste, découverte cette saison aux côtés de Georges Huercano, dans «Indices», prend un peu d’indépendance, et présente «Face au juge», dès ce dimanche 25 janvier sur RTL-TVI. Rencontre.

Pourquoi proposer un programme qui suit des affaires judiciaires ?

Depuis des années, Georges Huercano et moi trainons dans les couloirs de la Justice pour l’émission «Indices». On a déjà assisté à des audiences et des procès, et on sait comment ça se déroule. L’idée était aussi de montrer tout cela au téléspectateur. Très peu de gens – et heureusement – ont franchi les portes d’un tribunal. Même si beaucoup d’audiences sont publiques, on ne fait pas la démarche de venir voir comment ça se passe. Nous voulons montrer des affaires très humaines. C’est une perspective différente de la Justice.

Ce n’est pas du publireportage pour la Justice ?

Il n’y a rien d’édulcoré. Nous montrons exactement la réalité des audiences devant le juge. Ce qui donne peut-être cette impression de connivence, c’est parce qu’il y a parfois un peu d’humour de la part d’un juge ou du procureur. Ce sont aussi des rapports très humains, dans certains cas, parce que l’affaire se termine bien. Mais on verra des cas où une peine de prison est prononcée. Nous ne montrons pas que le côté positif de la Justice, mais plutôt comment elle fonctionne.

Les premières émissions vont se limiter au Tribunal de Police (Charleroi) et les procédures accélérées (Bruxelles). Une envie d’aller sur des procès d’Assises ?

La difficulté de la cour d’Assises, c’est que les audiences se déroulent des mois, voire des années après les faits. C’est la raison justement du choix des procédures accélérées, parce qu’il n’y a que quelques semaines entre le moment où le prévenu est arrêté et celui où il passe devant le juge. Mais peut-être qu’un jour, on prendra le temps de montrer comment se déroule un procès en Assises.

Les tournages ont démarré en avril 2014…

C’est un travail de longue haleine parce qu’il a fallu que je prenne des contacts et que j’aille assister à des audiences pour voir comment ça fonctionne… que je discute avec le juge pour expliquer le projet, et que l’on fasse une maquette. Dès que RTL a accepté l’émission, nous avons pu commencer à tourner dans les palais de Justice à Charleroi et à Bruxelles.

Les affaires judiciaires sont devenues votre spécialité. C’était déjà une passion ?

C’est le hasard de la vie. Quand j’étais en humanités, j’étais persuadée que je serais juge pour enfant… La masse de syllabus à assimiler m’a un peu déroutée. J’ai mis cette idée de côté, mais le droit m’a toujours intéressée. Et parfois, quand je suis un procès, je me dis que ça m’aurait bien plu d’être avocate ou de plaider. Ce n’est pas si éloigné de moi.

Vous pourriez reprendre un master comme Hakima Darhmouch ?

Tout est possible ! (rires)

Quelle évolution depuis vos débuts sur Fun Radio et Star TV !

Je travaille pour RTL depuis pas mal d’années. J’ai commencé en collaborant à «Clé sur porte». C’est vrai que l’on peut croire à une ascension fulgurante, mais il y a pas mal de travail dans l’ombre pendant plusieurs années. Aujourd’hui, RTL me fait confiance en me mettant à l’antenne. C’est une chance que de faire du magazine dans un domaine que j’aime beaucoup, et à côté de faire un peu de JT, qui est une facette différente de mon métier de journaliste.

Directement exposée en access prime-time, c’était stressant ?

Très sincèrement, je n’y pense pas du tout. Je suis tellement investie sur le terrain pour mettre ces émissions en place, que l’exposition en tant que telle me sort de la tête.

Vous n’avez pas envie de traiter d’autres sujets ?

J’ai la chance de pouvoir me vider l’esprit avec le JT, et de sortir de l’actualité judiciaire. Effectivement, peut-être que si je ne travaillais que sur ces sujets-là, je commencerais à me lasser. Ce n’est pas du tout le cas. Je change un peu d’air. Mais la Justice reste le domaine qui me tient particulièrement à cœur parce qu’on rencontre des personnes qui ont des histoires très touchantes.

Vous ne craignez pas de vous attacher un peu trop aux histoires ?

Non. Des histoires me prennent plus que d’autres, mais je crois que j’arrive toujours à prendre le recul journalistique nécessaire. C’est une ligne de conduite que je me fixe.

Entretien : Pierre Bertinchamps

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