Jonathan Bradfer : «Mon retour sur la RTBF n’est que temporaire»

Jonathan Bradfer présente «Temps mieux !» le dimanche sur La Une © RTBF
Pierre Bertinchamps
Pierre Bertinchamps Journaliste

Cet été, après deux ans de voyages, le journaliste globe-trotter Jonathan Bradfer revient sur la RTBF pour prendre les commandes de «Temps mieux !», chaque dimanche à midi sur La Une.

En quoi consiste «Temps mieux !» exactement ?

C’est aller à la rencontre de ceux qui, en Belgique, dessinent déjà les contours d’un monde plus durable, d’un nouveau monde que l’on nous annonce depuis des années et que la crise du covid-19 nous engage à imaginer assez rapidement. Le cap que l’on s’est donné, c’est d’être le plus didactique possible. Être très pratique et pas que dans les belles valeurs.

Le confinement a-t-il réellement poussé les gens vers un changement ?

Le confinement n’a pas fait changer le monde, et je ne crois pas de trop au «monde d’après». Il y  a tout de même une prise de conscience par rapport à l’état du monde. Il y a une part d’explication de ce virus qui est liée à notre mode de vie.

Votre retour à la RTBF est durable aussi ?

Durable… en terme de développement oui !  Et on va beaucoup en parler. Par contre, pour le fond de la question, mon retour est temporaire, le temps de 10 émissions, cet été. Je reprends la route après.

Votre tour du monde vous a fait changer votre façon de voir les choses ?

Ça faisait 15 ans que je voyageais énormément dans plein de pays. Au plus je voyage, au plus mon regard change. On découvre que le monde est beau et qu’il y a encore beaucoup d’endroits magnifiques qu’il faut protéger. Durant mes voyages, je me suis rendu compte aussi de la bonté et de la gentillesse de gens, et ça me donne envie de construire là-dessus. C’est pour ça que je partage ce que les gens font de constructif pour les autres et pour la planète.

La vision du monde par le spectre de l’info ne vous manque pas ?

Pas du tout ! Mon spectre de l’info à moi, c’est le journalisme constructif, le journaliste d’impact, le journalisme de solution. J’ai envie de continuer à explorer cette sphère éco-citoyenne qui est trop peu exposée. L’info brute de flux même si on essaie de la rendre plus optimiste, reste très lourde, et ça ne me manque absolument pas.

Est-ce vrai que quand on quitte l’info, on n’a plus envie d’y revenir ?

Ça dépend, je pense. Mais je ne dis pas que je n’aurai jamais envie d’y revenir. L’info à la télé comme ailleurs est capitale. Pour le moment, je trouve beaucoup de sens dans ce que je fais, de manière indépendante.

Quelle est la plus belle chose que vous ayez vue durant vos voyages ?

Un projet extraordinaire au Bangladesh d’une ONG où c’est une femme qui dirige tout. On l’appelle la Gandhi du Bangladesh, elle fait beaucoup pour les populations isolées, qui sont les premières réfugiés climatiques du monde. Ça m’a retourné pourtant c’est un pays difficile à vivre de par sa pauvreté. Et au niveau des paysages, il y en a tellement que je ne saurais pas n’en sélectionner qu’un. On a s’est régalés…

On se plaint de la Belgique mais on n’a quand même de la chance…

C’est vrai que c’est ce qu’on a aussi appris de nos voyages. Nous sommes rentrés et nous avons pu mesurer à quel point nous vivons dans un pays assez stable en termes de grandes catastrophes à tous niveaux. Nous avons une très bonne protection sociale. Je dirais que pour la majorité des Belges, on a quand même de la chance, même si à côté de cela, il y a des personnes qui ont du mal à joindre les deux bouts.  

Comment avez-vous vécu un confinement après deux années à voyager quasi non-stop ?

La grande difficulté, c’est le côté sédentaire et enfermé, même si j’étais à la campagne. L’autre difficulté, c’était l’incertitude professionnelle quand on est jeune indépendant. Il faut se battre pour que les choses avancent, et ce n’était pas une bonne période. Plus concrètement, il y a eu beaucoup de lecture et beaucoup de réflexions.

La pandémie va changer vos plans de voyages ?

C’est clair que le grand voyageur que je suis a compris que le monde avait changé, et qu’on va être confronté à plus de difficultés. Ça alimente ma réflexion. J’espère qu’on ne va passer des années tous à ne pas pouvoir se faire la bise et devoir porter des masques. La prudence reste de mise et je pense qu’à court terme, nos voyages se limiteront à l’Europe et pas plus loin…

Entretien : Pierre Bertinchamps

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