L’enfant terrible du rap français étonne dans un rôle d’enseignant (presque) taillé sur mesure : «Le Remplaçant», une série à voir sur RTL-TVI.
«La production m’a proposé une série où j’avais le premier rôle», explique JoeyStarr (53 ans). «J’y croyais moyennement… Mais j’avais en tête le film «Detachment», avec un prof remplaçant dans un système scolaire américain un peu dingue, et «Le Cercle des poètes disparus» !» Un prof de français original et sans complaisance, voire l’ovni d’une salle des profs : c’est le pari de cette nouvelle fiction rappelant les belles heures de «Pause café» dans les années 1980, avec Joëlle Mazart campée par Véronique Jannot.
Êtes-vous satisfait de ce rôle de «Remplaçant» ?
Je le voyais plus «dark», mais le public visé est familial et on m’a fait comprendre qu’on allait plutôt axer sur l’aspect éducation. Je suis de la génération qui a connu «Pause café». C’était bien fichu. On crée de moins en moins de rôles de médiateur comme ça.
L’idée est-elle de refaire du «Pause café» ?
on, pas forcément. Je trouve intéressant ce remplaçant dont on ne sait pas où il vient et qui se retrouve confronté au verbe de la jeunesse actuelle. Deux mondes se télescopent, c’est ce qui me plait. C’est aussi un produit TF1, avec ses codes et son protocole. Quand j’ai vu le premier épisode, je me suis écroulé.
Aimeriez-vous que ça évolue ?
Le deuxième épisode tient déjà plus la route et est davantage dans le ton que je voulais, même si ça reste un peu pince-sans-rire. J’aimerais le faire évoluer, oui, pour faire dire à Nicolas Valeyre des textes autres que les classiques français. Que l’on sorte des sentiers battus.
Est-ce un tel prof que vous auriez voulu avoir ?
C’est une fiction… mais je pense que ce type d’enseignant doit exister. Des gens se permettent des choses en classe pour tuer la routine de l’éducation. L’idée est que Valeyre soit un prof d’humanisme plutôt que de français.
Comment ont réagi les jeunes en voyant débarquer JoeyStarr ?
Un peu comme moi devant eux… Ils étaient assez surpris. Ce qui me plait dans le cinéma, c’est d’être un jour dans le romantisme, et le lendemain, un voyou. Vu le clan que j’avais face à moi, je devais jouer le mec qui vient animer la classe. Le casting des jeunes est très bon et, avec le réalisateur, même si c’est écrit, on s’est entendus pour que je tienne le discours.
Ce rôle est-il une revanche ?
Ça fait trente ans que je danse car l’école m’a foutu dehors en 3e secondaire. Je n’aime pas ce mot «revanche», mais c’est un juste retour. La vie réserve des surprises.
Y a-t-il un rôle que vous rêveriez jouer ?
Je n’ai pas ce questionnement. On me propose et je prends. Quand j’ai dit à ma mère que j’allais jouer un prof de français, elle a failli faire un AVC. Ce qui m’intéresse d’abord, c’est l’histoire. Je lis parfois des scénarios où je ne sais même pas quel rôle je pourrais prendre…
Cet article est paru dans le Télépro du 25/3/2021