Jeux télé : que le meilleur (tricheur) gagne !

Extrait de la mini-série «Quiz» © TF1/ITV/Sony Pictures Television/AMC/Matt Frost
Alice Kriescher Journaliste

Ce mercredi à 21h05 sur TF1, «Quiz», une mini-série en trois épisodes, raconte la fraude élaborée par un candidat anglais au jeu «Qui veut gagner des millions ?». Triche-t-on à la télé ? À voir…

Pour certains participants aux jeux du petit écran, les gains promis au vainqueur sont trop alléchants pour ne pas forcer un brin le destin. Afin d’être sûr de repartir plus riches, des filous ont redoublé d’imagination…

Toux qui dit tout

La série «Quiz» relate l’histoire d’un ex-militaire britannique, Charles Ingram, qui, en 2001, participe à la version anglaise du célèbre jeu «Qui veut gagner des millions ?». Fait exceptionnel, l’homme répond correctement aux quinze questions et empoche 1 million de livres.

Durant l’enregistrement, l’animateur Chris Tarrant ne voit rien à redire et pense juste avoir affaire à un candidat très cultivé. Les producteurs sont plus dubitatifs et visionnent attentivement la prestation d’Ingram. Ils notent que ce dernier lit systématiquement à voix haute les propositions de réponses et, quand il prononce la bonne, une toux discrète est entendue dans le public. Ceux qui semblent avoir un chat dans la gorge sont en réalité deux complices : l’épouse de Charles, Diana (ça ne s’invente pas), et un ami universitaire du couple.

La police s’empare de l’affaire ! Résultat : l’émission ne sera jamais diffusée, le gain d’Ingram est annulé et le trio, reconnu coupable d’escroquerie, écope de 18 mois de prison avec sursis et d’une amende de 30.000 livres.

L’affaire «Intervilles»

Les joutes cultes d’«Intervilles» furent, il y a vingt-quatre ans, au cœur d’une fraude. Ce jeu français faisait s’opposer deux villes dans des épreuves physiques et cérébrales, entrecoupées de courses aux vachettes dans des arènes. En 1997, Le Canard enchaîné accuse l’un des animateurs du show, Olivier Chiabodo, d’avoir favorisé l’équipe du Puy-du-Fou face à celle du Pays d’Ancenis, en faisant des signes avec les doigts pour indiquer la bonne réponse d’un quiz.

Des soupçons de connivence entre la production et l’homme politique Philippe de Villiers, alors dirigeant du parc d’attraction le Puy-du-fou, sont émis. Après cette révélation, Chiabodo est licencié par TF1 pour faute grave et la chaîne dépose plainte contre X.

Ordres dans l’oreillette

L’année suivante, le litige se règle par un accord de confidentialité engageant le présentateur «à ne pas révéler l’ensemble des faits auxquels il aurait assisté lors des tournages», détaille Le Parisien. Chiabodo est réengagé par la chaîne privée en 2006, pour être à nouveau viré en janvier 2017.

C’en est trop, Chiabodo révèle que le producteur Gérard Louvin, au moyen d’une oreillette, lui ordonnait de favoriser ou d’éliminer certains candidats. Dans le livre «Le Jackpot des jeux télé», de François Viot (éd. Moment, 2009), Gérard Louvin a lui-même déclaré, «on trichait tout le temps sur « Intervilles »».

Fautes avouées…

Certains n’ont pas besoin d’être pris la main dans le sac pour avouer leur fraude. Christophe Dechavanne a confessé aux «Grosses têtes» de RTL avoir régulièrement donné un coup de pouce aux candidats de «La Roue de la fortune», en les aiguillant sur la façon de lancer la roue pour éviter la case banqueroute. Et d’avouer même : «Il m’est arrivé de souffler la réponse en finale pour que le gars gagne une bagnole» !

Récemment, à l’occasion des 20 ans de «Loft Story», son animateur de l’époque, Benjamin Castaldi, a révélé que les votes des téléspectateurs, pour décider du destin des lofteurs, étaient bidouillés. Le comptage des voix du public s’effectuait bien sous le contrôle d’un huissier, mais c’est la production qui décidait de l’instant où l’on stoppait les appels…  

Cet article est paru dans le Télépro du 24/6/2021

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