Jean-Pierre Pernaut : «Ma longévité tient aussi à ma capacité à décrocher»

Jean-Pierre Pernaut : «Ma longévité tient aussi à ma capacité à décrocher»
Julien Vandevenne
Julien Vandevenne Rédacteur en chef adjoint

Ce jeudi 22 février 2018, le journaliste fête ses 30 ans à la barre du JT de 13 heures de TF1. Une longévité record dont il nous dévoile les secrets.

Quel souvenir gardez-vous de ce 22 février 1988 ?

J’avais présenté le journal de 23H de 1975 à 1978 et déjà coprésenté le 13H avec Yves Mourousi pendant deux ans mais j’ai malgré tout ressenti un gros sentiment de panique. Succéder à une star telle que lui, qui incarnait le 13H depuis treize ans, était compliqué. Il y avait de nombreux photographes sur le plateau… et beaucoup de stress !

Vous êtes le seul présentateur à être aux commandes d’un JT depuis aussi longtemps. Comment expliquez-vous cette longévité ?

Diriger un journal et impulser le travail d’une rédaction est une chance inouïe. Je suis heureux de ce que je fais. Chaque matin, j’arrive avec énergie et bonheur au bureau. Il n’y a pas deux jours semblables car nous nous remettons sans cesse en question. J’ai la chance de faire un métier passionnant, d’avoir la confiance de mes patrons et celle des téléspectateurs. C’est un immense bonheur.

Quels moments forts retenez-vous de ces 30 ans d’antenne tant au niveau de l’actualité que de façon plus personnelle ? 

Sur une carrière aussi longue – et je n’en suis qu’au début ! -, les souvenirs sont nombreux. J’ai le sentiment d’avoir participé à plusieurs événements significatifs de l’histoire du monde, de la chute du mur de Berlin aux attentats qui ont marqué la France il y a deux ans. La Coupe du Monde de football de 1998, les attentats au World Trade Center, les obsèques de Yasser Arafat, les conflits, les élections sont autant d’événements auxquels nous avons participé en organisant des éditions spéciales. Entre 1988 et 1995, nous avons réalisé en direct et en extérieur plus de 150 journaux  que ce soit au sommet du Mont Blanc, au pèlerinage aux Saintes-Maries-de-la-mer, dans les ruines de l’usine AZF à Toulouse, ou encore à Tchernobyl… Les liens, tissés au fil des années avec les correspondants en régions, sont très forts. Nous travaillons énormément avec eux et partageons des rapports d’amitié et de proximité. En y pensant, des dizaines d’images et de frissons me reviennent. Depuis mon arrivée, j’ai travaillé avec quatre rédacteurs en chef sous cinq directeurs de l’information différents. Le 13H est une sorte de famille et un espace de liberté où l’on discute beaucoup. Je ne décide pas seul. Nous sommes très soudés.

Comment définiriez-vous le lien qui vous unit aux téléspectateurs ? 

Un lien de proximité. Je suis un homme normal, aussi bien dans la vie qu’à l’antenne. Je ne joue pas un rôle. Être soi-même et ne pas utiliser de téléprompteur à l’antenne favorise la proximité. J’essaye d’être curieux et attentif aux vraies préoccupations des Français.

Fabrice Decat, rédacteur en chef depuis vos débuts au 13H, vous décrit comme une source inépuisable d’idées. Où puisez-vous l’inspiration ? 

Je suis curieux et je m’efforce de ne pas m’enfermer dans l’institutionnel et, autant que faire se peut, de ne pas faire de suivisme. Tous les jours, le journal est différent. S’il n’y a pas d’actualité particulière à Paris ou sur la scène politique, il se passe toujours plein de choses en régions. Le contact avec les correspondants, l’écoute, la lecture des journaux régionaux et la curiosité sont indispensables pour trouver des idées nouvelles.

Après 30 ans d’antenne, vous semblez infatigable. D’où vous vient cette énergie ?

Tous les jours, nous avons la responsabilité de quarante minutes d’antenne sur la première chaîne de télévision en Europe. Nous sommes très regardés et jouissons d’une liberté extraordinaire. Je suis porté par la passion, l’envie de faire mieux et d’essayer de trouver sans cesse de nouvelles idées. Nous avons lancé deux nouvelles rubriques depuis l’année dernière : «L’actu et vous» où des anonymes nous expliquent ce qu’ils retiennent de l’actualité et «Votre histoire» où l’on se rend dans un village au hasard pour dresser le portrait de la première personne qui accepte de nous raconter sa vie. Les anonymes ont toujours des choses à raconter, parfois passionnantes. Ma longévité tient aussi à ma capacité à décrocher. Quand je suis en vacances ou en week-end, il ne faut pas me parler boulot ! Je me consacre totalement à ma famille, mon jardin… J’arrive à vraiment décompresser. Sans cela, je n’aurais peut-être pas réussi à tenir aussi longtemps !

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