Jean-Marc Barr : «J’ai été libre de mes choix !»
Ce jeudi à 20h55 sur Arte, l’inoubliable héros du «Grand Bleu» joue dans «La Corde», une minisérie singulière qui lui permet d’aborder son registre favori : la fiction d’auteur.
Dans «La Corde», Serge (Jean-Marc Barr) et un groupe de scientifiques découvrent un cordage qui s’enfonce dans une forêt. Ils ne peuvent s’empêcher de le suivre. Ce chemin étrange leur réserve quelques épreuves…
Quels éléments vous ont interpellé dans le scénario ?
Le registre m’a fait penser à «Solaris» d’Andreï Tarkovski, où des astronautes au contact d’une planète, voient leurs rêves se réaliser. L’un retrouve sa femme décédée, mais ne peut s’empêcher de la tuer. Cette métaphore montre que certains de nos rêves sont impossibles. J’ai retrouvé cette même métaphysique dans «La Corde» : nous sommes liés à nos destins, il est difficile d’y échapper, mais c’est bien de s’en rendre compte. Et ici, le réalisateur Dominique Rocher traite de sujets très humains dans lesquels chacun peut se reconnaître.
Comment avez-vous dessiné les contours de Serge, votre personnage ?
Il vit seul à la suite d’une tragédie et cherche à sortir de son purgatoire. J’ai vu en lui quelqu’un qui, a priori, est plutôt en retrait dans le groupe. Mais la corde va révéler son passé et qui il est. Serge ressemble à ces vigiles impassibles postés aux portes des discothèques. Ils sont là, mais on ne sait rien d’eux, on ne parvient pas à en tirer quoi que ce soit. Tous sont là non pas pour nous protéger, mais pour nous surveiller et ils ne montrent pas leurs vraies émotions. J’ai donc essayé de paraître impénétrable et mystérieux !
Les côtés philosophique et métaphysique de la série en font un ovni télévisuel. Pensez-vous que le réalisateur a pris des risques en la proposant ?
Oui et on remercie Arte de les avoir endossés avec nous, car on vit une époque où la fiction d’auteur disparaît au profit des blockbusters. Le capitalisme a gagné, on ne parle plus de cinéma, mais de profit et de marché. Donc, soit on laisse les plateformes tout imposer, soit on tente d’amener des créations rappelant le 7e art des années 1970 et 80 ! J’essaye de défendre ce principe-là, de tourner des films qui montrent le monde dans toute sa complexité et les contradictions de l’être humain. En outre, le casting de la série réunit des nationalités variées : française, allemande, danoise… L’Europe peut créer des concepts qui ne sont pas repliés sur eux-mêmes.
Il y a une scène où vous plongez dans l’eau ! Serait-ce un clin d’œil au «Grand Bleu» ?
Peut-être ! À 60 ans, je suis encore en bonne forme, je peux encore plonger en apnée. Pour préparer cette séquence où mon personnage passe sous une grotte, j’ai travaillé avec le plongeur Fred Brossard. J’ai la chance d’être reconnu pour pouvoir tourner dans l’eau ! (Rire) J’aime encore prendre des risques, mais aujourd’hui je ne pourrais plus reproduire les performances du film de Luc Besson !
Êtes-vous quelque peu agacé d’être toujours associé à ce film, trente ans plus tard ?
Pas du tout. Il est connu internationalement et m’a ouvert beaucoup de portes dont l’opportunité de jouer pour Lars von Trier («Breaking the Waves»). Avec cette carrière, j’ai pu évoluer à ma guise, ne pas me prendre au sérieux, faire des choix avec le cœur plus qu’avec le portefeuille !
Cet article est paru dans le Télépro du 20/1/2022
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