Jean-Louis Lahaye : «Ce goût pour l’histoire vient de l’Eurovision !»

Jean-Louis Lahaye réalise d'excellentes audiences avec «La Belgique criminelle» sur La Une © LDV Production
Pierre Bertinchamps
Pierre Bertinchamps Journaliste

«La Belgique criminelle» cartonne le vendredi soir, sur La Une. Jean-Louis Lahaye décrypte ce petit phénomène.

Avec parfois plus de 200.000 téléspectateurs, les vendredis soir de l’été, «La Belgique criminelle» fait aussi bien que «C’est du Belge» durant l’année. Le magazine de Jean-Louis Lahaye qui raconte les grandes histoires criminelles entre 1850 et 1956 n’a pas à rougir au vu de la qualité des reconstitutions et du support historique pour la préparation de l’émission.

Comment expliquez-vous ce succès ?

Le public a un gout prononcé pour le fait divers. C’est déjà un bon pouvoir d’appel. On revient sur des faits divers qui ont marqué la Belgique au fer rouge, mais qui ont été oubliés avec le temps. Selon moi, l’autre chose, c’est que dans chaque épisode, il y a beaucoup d’Histoire. On découvre la Belgique de l’époque. C’est quelque-chose qui intéresse de plus en plus les gens. Je dirais même que c’est l’Histoire de la Belgique qui les attire. C’est ce double effet qui en fait un succès : le crime et l’Histoire.

Pourquoi s’arrêter à 1950 ?

On ne veut pas toucher des familles qui sont encore impactées par un drame.

«La Belgique criminelle» est avant tout un programme de radio. Le passage en télé a été facile ?

Le plus compliqué a été dans la réécriture. On n’écrit pas de la même façon pour de la radio et de la télé. Et évidemment quand on explique des choses qui remontent à près d’un siècle, pour illustrer tout ça, c’est déjà un fameux boulot. Nous sommes obligés de rejouer des scènes. Ce n’est pas évident. Notre autre chalenge, c’est qu’on a reçu le feu vert fin mai à cause du coronavirus, et la première émission était fin juin. On n’a rien pu tourner en attendant…

D’où est venue l’idée de départ ?

Ça remonte à quelques années… Mon associé dans LDV Production l’a proposé à la RTBF et ça avait été refusé à l’époque. De mon coté, j’avais fait un essai chez moi que j’avais mixé moi-même, et Sacha Daout m’a dit que Franck Istasse cherchait ce genre de concept pour La 1ère. Il a écouté 30 secondes et il a signé tout de suite. Pour la télé, c’est le succès en radio, l’été dernier, et en podcast qui est revenu aux oreilles de François Tron qui m’a dit qu’il fallait le faire aussi en télé. Je n’ai pas eu besoin non plus de convaincre longtemps Sandrine Graulich (directrice de La Une, NDLR). Quand on ne lâche pas une affaire et qu’on y croit, tout arrive ! Aujourd’hui, nous sommes récompensés par le public. Nous sommes très contents que ça plaise à ce point…

Avoir fait «Sur les traces de…» vous a aidé ?

Complètement. Bien que aussi bizarre que ça puisse paraitre, c’est grâce à l’Eurovision tout ça ! En 2009, avec Jean-Pierre Hautier, lorsque nous sommes arrivés à Moscou, moi je me voyais directement aller faire la bringue sur la Place Rouge. Eh bien non ! Nous sommes allez voir un panorama de la Campagne de Russie de Napoléon. Jean-Pierre m’a expliqué la Campagne de Russie de Napoléon… J’ai adoré ça. On avait même pensé faire une émission sur l’histoire tous les deux. La vie a fait qu’on n’a pas su le faire… Mais c’est vraiment là que je me suis dit que c’est ça que j’ai envie de partager avec les gens. L’Histoire est passionnante et on y apprend des choses absolument exceptionnelles et dingues. Pour en revenir à la question, ce sont des choses que j’ai de plus en plus envie de faire dans le domaine criminel, mais pas que… J’adore raconter des histoires, j’adore découvrir des choses et j’adore faire découvrir des choses.

Il y a d’autres projets en cours ?

Pour l’instant, on fait un test l’été. Avec mon associé, on a d’autres idées dans la même veine. On verra ce qui va se passer. Déjà à la mi-aout sur La 1ère, je vais raconter 10 histoires qui ont fait la renommée de Scotland Yard. Même en les lisant pour la radio, je suis surpris parce que ce ne sont pas que des crimes. Ce sont des vols «exceptionnels» et on redécouvre la fragilité d’une époque.

La première saison comporte 8 crimes. Il y a moyens d’en faire plus ?

J’ai eu la même question par Franck Istasse et Sandrine Graulich… Si vous lisez les faits divers, vous allez voir le nombre de crimes qui a eu en Belgique. Il y en a à profusion. C’est presque un puits sans fond.

Ca veut dire qu’il y a un siècle, il y avait la même insécurité qu’en 2020 ?

Ce n’était pas plus calme. Ce qui change, c’est qu’à l’époque, il n’y avait pas les moyens d’investigation d’aujourd’hui. C’est pour ça que bon nombre de crimes étaient impunis. Et il y avait un nombre colossal d’erreurs judiciaires. Franchement, je ne pourrais pas dire, dans ce domaine, que c’était mieux avant… En 1850, quand la Belgique était prospère, c’était surtout l’état et quelques personnes, certainement pas les ouvriers qui devaient souvent voler pour survivre.

L’émission est vendue à des chaines françaises ?

Là, en l’état, c’est une production faite pour la Belgique, mais je pense que la RTBF et nous en tant que producteurs, nous avons envie de le proposer à d’autres chaines.

En résumé, on peut dire que Jean-Louis Lahaye est quelqu’un qui fédère à la télé ?

(rires) Oui, dans le sens où tu regardes une de mes émissions, tu passeras un bon moment ! Que ce soit l’Eurovision et sa folie poussée à l’extrême que j’adore, Cap 48 et son coté émotion et télé utile, et ici, «La Belgique criminelle» où tu sais que tu vas passer un bon moment parce qu’il y a du suspense et tu vas apprendre des choses.
 

Entretien : Pierre Bertinchamps

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