Jean-Jacques Deleeuw : «À BX1, il y a une souplesse qui me plaît» (interview)

Jean-Jacques Deleeuw : «À BX1, il y a une souplesse qui me plaît» (interview)
Pierre Bertinchamps
Pierre Bertinchamps Journaliste

Après 27 ans à RTL, Jean-Jacques Deleeuw se lance dans un nouveau défi, diriger la rédaction de BX1, la télé régionale bruxelloise. Rencontre.

De SIS à Bel RTL, on avait toujours eu l’impression que la radio collait à la peau de Jean-Jacques Deleeuw. Aujourd’hui, à la tête de la rédaction de BX1, la chaîne locale bruxelloise, à Molenbeek, il fait sa grande entrée dans le monde de la télé.

«J’ai un grand parcours à la radio, c’est vrai, mais j’ai déjà fait un tout petit peu de télé, à RTL.», explique le journaliste. «Par exemple, comme chroniqueur dans une émission littéraire de Pascal Vrebos, où encore lors des élections en tant qu’expert politique aux soirées électorales, à l’époque, présentées par Stéphane Rosenblatt et Kathryn Brahy où je faisais de l’analyse politique, avant que Fabrice Grosfilley ne reprenne le poste. Mais je le reconnais, c’était il y a un certain temps !»

L’un des papas de Bel RTL a-t-il définitivement rangé son casque et son micro ?

Vous ne manquez pas d’expérience dans la fonction de rédacteur en chef d’une télé ?

Je n’en n’ai pas énormément, mais j’ai celle d’avoir interviewé pas mal d’hommes et de femmes politiques. Je le faisais aussi en radio. À BX1, je fais une interview quotidienne à 12h45, plus une émission qui résume l’actualité de la semaine, «Les Experts», le samedi. 

De RTL à une télé locale, l’écart est très grand…

Oui, j’étais dans une entreprise où il y avait 650 personnes. Ici, il y en a 50, mais j’ai dirigé des équipes de 5 à 100 personnes. J’ai une certaine habitude. Et une plus petite structure, ça me plaît. Ça me ramène au lancement de Bel RTL.

Et la limite géographique ?

Il y a deux choses très différentes et importantes pour moi. D’abord, je ne m’intéresse qu’à une région, en l’occurrence celle de Bruxelles. Rappelez-vous, il y a dix ans, on avait créé une radio bruxelloise («BXL», NDLR), en partenariat avec Télé-Bruxelles et l’édition bruxelloise du Soir. Bruxelles reste un domaine intéressant.  Et dans le paysage belge, il y a pas mal de choses qui intéressent les Bruxellois aussi. D’un autre côté, le nom de la chaîne change de Télé-Bruxelles en BX1. C’est aussi une volonté de sortir de nos limites géographiques strictes. On s’intéresse aux «Bruxellois» de la périphérie. Et la deuxième chose, c’est de travailler dans un service public. C’est nouveau pour moi, mais c’est intéressant. Ici, je n’ai pas la même pression sur les audiences (Il n’y a pas de mesures journalières du CIM pour les TV locales, NDLR). Nous avons fait une grosse émission pour le lancement de BX1 où on a diffusé le concert «Brussels Colours», et je ne sais pas du tout qui a regardé ! 

Ce n’est pas frustrant ?

Bien sûr ! Mais ceci étant dit, on voit les effets que les audiences quotidiennes peuvent avoir sur un service public. Mais c’est important pour nous de savoir que l’on touche notre public. Il y a 2 études par an qui nous permettent de prendre la température du public. Nous avons aussi les «returns» sur le web et les réseaux sociaux. Les invités des émissions nous disent qu’après un passage par BX1, on les reconnaît dans la rue. C’est aussi un indicateur. 

Vous avez été choisi sur base d’un projet pour la fonction ?

Entre autres, je souhaiterais développer l’information sur BX1 parallèlement aux autres plateformes, sur le web et les réseaux sociaux…

Envie de lancer une radio comme du côté bruxellois flamand ?

La comparaison peut être faite avec FM Brussel, en effet. Il n’y a pas de radio régionale dans le plan de fréquences pour Bruxelles. Ça a été prévu dans toutes les autres provinces, mais pas ici. Il y a juste VivaCité Bruxelles en décrochage, et qui fait très bien son travail. 

BX1 pourrait déposer un projet de radio en 2017 ?

C’est une question à poser au Conseil d’administration de BX1… Toutes les plateformes nous intéressent. Pour la faisabilité, c’est un autre dossier et il est trop tôt pour en parler. En tout cas, il y a une volonté d’exister partout…

Qu’ y a-t-il de différent entre le Télé-Bruxelles d’il y a 2 mois, et le BX1 d’aujourd’hui ?

Le mot «télé» en moins. Et ce n’est pas innocent. «Bruxelles» est remplacé par «BX» pour montrer une certaine modernité et donner un petit coup de jeune. Malgré cela, nous restons très attachés à notre ADN vis-à-vis des Bruxellois. Ce qui est différent aussi, c’est en matière d’info, puisqu’il y a dorénavant de l’info 7 jours sur 7. Depuis le mois de février, il y a un JT le samedi aussi. De nouveaux magazines font leur apparition, qu’ils soient culinaire, historique, sur la philosophie…

BX1 vise le statut de mini-généraliste ?

Le terme est un peu fort. L’info reste notre plus important corps de métier. Nous produisons plus de 75 minutes d’info par jour, sans compter le sport et la culture. Si on les ajoute, on arrive à plus de 2 heures ! Le reste, ce sont principalement des capsules de programmes.

Vu des télés wallonnes, BX1 est un peu à part. C’est vrai ?

D’abord, le financement est différent. Nous ne recevons pas d’argent des communes, mais de la Région de Bruxelles-Capitale. Nous avons des structures différentes qui feraient que si on veut un pendant en Wallonie, il faudrait une télévision qui couvre toute la région. J’ai postulé parce qu’il y avait un projet intéressant, avec une équipe intéressante aussi. Nous essayons d’être à la pointe, par exemple, en retransmettant en direct les débats de la Commission sur les tunnels au Parlement bruxellois. C’est une manière de montrer que l’on peut s’intéresser au débat parlementaire. Ce débat intéresse les Bruxellois, et si ça doit se retrouver sur une chaîne, c’est bien la nôtre.

Vous mettez la main dans le cambouis, c’était une envie ?

J’avais abandonné le strict opérationnel en 2010, à RTL, quand je me suis occupé des nouveaux médias. J’ai petit à petit fait des choses plus stratégiques, et c’est vrai que ça me manquait. Je voulais revenir à de l’opérationnel tout en continuant à faire un peu de stratégie dans les projets de BX1. C’est cela aussi qui fait le plaisir. On peut faire des choses soi-même et mettre en place des projets rapidement. On a une idée, on la réalise tout de suite. C’est une souplesse qui me plaît.

C’est quoi la patte «Deleeuw» dans une rédaction ?

Chacun à son style, et je n’ai pas envie de révolutionner les choses. Fabrice Grosfilley a fait un excellent travail pendant 3 ans. Il ne s’agit pas de tout défaire, sous prétexte que j’arrive. Je vais plutôt compléter, améliorer, monter… Il n’y a pas eu de suppression d’émissions parce que j’ai débarqué. Pour l’instant, on ne fait que du «+» ! Et il y aura encore des nouveautés en septembre.

La radio ne vous manque pas ?

Non, pourtant j’aime toujours la radio ! Lorsque je suis invité dans une radio, j’y vais  avec grand plaisir. Ce qui m’a manqué, c’était vraiment l’opérationnel et l’information.

Votre départ a surpris à RTL ?

Les gens qui savaient dans quel état d’esprit j’étais, n’ont pas été surpris. Et j’en avais fait part très ouvertement à la direction. Pour d’autres, là oui, parce que l’acte de candidature n’a pas été public. C’était aussi pour moi, une bouée de sauvetage, si ça n’avait pas fonctionné et que je n’avais pas été bien classé dans l’appel à candidature. Mais je ne suis pas le seul à avoir décidé de partir vers de nouvelles aventures à RTL…

C’est un tremplin vers la RTBF ?

Pas dans mon cas ! L’idée, c’était un tremplin pour BX1.

Entretien : Pierre Bertinchamps

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