«J’ai 2 amours» (Arte) : quatre personnages en quête d’ardeur

Olivier Barthélémy, François Vincentelli et Julia Faure © Arte

Hector, en couple avec Jérémie, recroise par hasard Louise, son amour de jeunesse. Une comédie de mœurs contemporaine coécrite par Olivier Joyard, qui explore avec finesse les aléas du désir. À voir ce jeudi dès 20h55 sur Arte.

Réalisateur de cette minisérie, Clément Michel («La Stratégie de la poussette») brosse le portrait du quatuor de personnages au cœur de l’intrigue.

« Cette comédie en trois actes repose sur une histoire d’amour et de mensonge, sujets dont traitait déjà mon premier long métrage, «La Stratégie de la poussette». Ici, les codes de la comédie romantique sont bousculés par une thématique contemporaine, un grain de folie et de sexualité. J’ai adoré les potentialités que m’offrait chaque séquence, et ces basculements de la pure comédie à des scènes d’amour où les acteurs donnent énormément. J’aime aussi l’idée que les personnages soient en avance sur le sujet. Il ne s’agit pas d’une fiction militante ou revendicatrice : on est au-delà du débat et la question du pour ou contre ne se pose pas. Si le propos est politique, rien n’est appuyé, et la série reste d’abord romantique et comique. C’est là sa modernité et sa force. »

Hector (François Vincentelli)

« Personnage réjouissant à mettre en scène, Hector, qui crée cette situation de double vie, tire toutes les ficelles. Dès la lecture du scénario, je me suis senti avec lui et je le comprenais, qu’il soit avec Louise ou avec Jérémie. Premier spectateur de son dilemme en tant que réalisateur, je voulais éviter qu’il n’apparaisse antipathique ou cynique. Nous avons beaucoup travaillé là-dessus avec François Vincentelli, qui a su le rendre fou d’amour. Hector a deux amours, c’est aussi simple que cela – ou aussi compliqué… Dans son agilité à passer d’un univers à l’autre, d’un corps à l’autre, il a quelque chose de vaudevillesque, mais avec des sentiments très profonds. Être multiple, il ne réalise pas les dégâts qu’il commet autour de lui, devenant même un peu pervers, comme accro à la folle situation qu’il a engendrée. Grâce à son charme et son humour, François Vincentelli a justement cette capacité à enchaîner scènes d’amour et séquences burlesques. Séduisant et maladroit, il nous aide à partager le dilemme d’Hector. La bisexualité – sujet encore mystérieux, peu voire pas représenté à l’écran – donne lieu à des situations plus puissantes et modernes que si le héros passait d’une femme à une autre, ou d’un homme à un autre. »

Louise (Julia Faure)

« Louise est une femme libre, forte et indépendante. J’aime son côté entier et ‘cash’. Pour sacrifier aux clichés, je dirais qu’il s’agit, en apparence, du personnage le plus ‘masculin’ du trio. Olivier Joyard et Jérôme Larcher, les créateurs de la série, se sont amusés avec les codes. La franchise de Louise est un formidable ressort pour la comédie, car on se dit qu’Hector n’a pas intérêt à être démasqué. En même temps, elle est douce, romantique. Son amour est resté intact après toutes ces années. Quand elle tombe enceinte, elle se fragilise et s’ouvre davantage, vivant une maternité qu’elle n’avait pas complètement acceptée avec son premier fils. Dotée d’une voix incroyable et d’une grande autorité naturelle, Julia Faure l’incarne avec sensualité. J’ai très vite pensé à elle. Il émane d’elle et de François une sensation de liberté. Ensemble, ils parviennent à nous faire entrevoir le couple que Louise et Hector formaient à 20 ans, ce qui est émouvant. »

Jérémie (Olivier Barthélémy)

« Jérémie et Hector, c’est le ‘vieux couple’, installé. Si leur relation est au départ moins sexuelle que celle de Louise et Hector, leur complicité amoureuse reste très forte. Cet amour a évolué avec leur choix de vivre ensemble et d’avoir un enfant. Jérémie est boucher, lui aussi au contact de la chair. J’aimais beaucoup l’idée des scénaristes que ces trois personnages soient reliés par un rapport aux sens : la viande pour Jérémie, le vin pour Louise, la peau et le sang pour Hector. Au cœur de cette histoire, il y a des corps. Je voulais les montrer comme tels et que la série soit charnelle, sensuelle, sexuelle. Selon moi, Jérémie nourrit un léger complexe d’infériorité par rapport à Hector, médecin urgentiste, et c’est peut-être celui qui souffre le plus, allant jusqu’à se blesser volontairement la main pour qu’Hector le regarde à nouveau. Avant les premiers essais avec Olivier Barthélémy, acteur très physique, je craignais qu’il ne soit trop viril. Mais sa douceur et sa fragilité m’ont convaincu. Il a su parfaitement jouer de ce double aspect : un corps à la fois présent et effacé. Sous sa carrure impressionnante, Olivier a quelque chose de très féminin, et dès qu’il a échangé un regard avec François, on voyait un couple. »

Anna (Camille Chamoux)

« Il y a en fait deux trios : l’amoureux et l’amical, lesquels constituent finalement un quatuor. Anna, 40 ans, paraît un peu au bout du rouleau. Elle a envie d’avoir un enfant, et sa copine l’a quittée pour cette raison. Elle tente de se reconstruire auprès de ses amis, mais est-ce le bon endroit ? Le bon moment ? Sa relation avec Jérémie, son copain d’enfance, est très belle. Témoin – et relais pour le regard du spectateur sur la situation –, elle apporte une distance comique et nous remet les pieds sur terre. Ce n’était pas forcément facile à incarner, mais Camille Chamoux y parvient haut la main, en nuançant tout le temps son personnage, avec une infinie pudeur et son sens fulgurant de la comédie. Quand elle a accepté le rôle, je lui ai demandé d’être aussi géniale que dans «Les gazelles», le film de Mona Achache, et je ne suis pas déçu ! »

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