Interview : Timsit en terre inconnue
Cet été, France 2 propose de (re)voir sept numéros de «Rendez-vous en terre inconnue», le jeudi en deuxième partie de soirée. Démarrage ce soir avec Patrick Timsit chez les Mentawaï au large de Sumatra.
Suivront, tout l’été, les voyages en terre inconnue de ces personnalités : Muriel Robin, Marianne James, Adriana Karembeu, Gérard Jugnot, Bruno Solo et Virginie Efira.
Patrick Timsit
«Un psy du XVIe ne m’aurait pas mieux parlé que ce chaman !»
Les yeux bandés, ignorant tout de sa destination jusqu’à la dernière minute, le comédien a répondu à l’invitation de Frédéric Lopez avec simplicité et humilité. Impressions choisies d’une aventure humaine intense et déconcertante !
Étiez-vous sensibilisé, avant cette aventure, à la culture de peuples comme les Mentawaï ?
C’était une vraie découverte pour moi : je ne suis pas un grand voyageur, même si l’idée du parcours initiatique est quelque chose qui me touche. J’ai rencontré un peuple, un clan, qui vit en harmonie, de l’enfant au vieillard. Ils se sont coupés du monde volontairement, c’est pourquoi il faut les préserver tout en les laissant vivre comme ils veulent ; les respecter, les connaître pour mieux les aider. Sans “les mettre sous cloche”, comme le dit Jean-Philippe Soulé, le responsable de l’association Native Planet. Il y a de vraies questions à se poser.
Comment se sont passés les premiers contacts ?
Après un voyage d’une quarantaine d’heures interminables dans des conditions difficiles, j’étais complètement hagard ! Arriver de nuit à l’autre bout du monde, être reçu dans la maison commune d’hommes en pagne tatoués des pieds à la tête… Quand Frédéric Lopez m’a demandé ce que je ressentais, l’un des Mentawaï l’a arrêté : ce soir pas de questions, pas de réponses, vivons le moment présent. Cela m’a donné une énergie nouvelle ! Une demi-heure après, je me suis baigné dans une petite retenue d’eau en pleine forêt tropicale, et ça m’a fait tellement de bien… Ensuite, le contact s’est noué par le rire, par la confiance qui s’est instaurée petit à petit, le temps de s’observer, de se voir vivre, d’être à l’écoute. Avec toute leur finesse.
Sur place, quels sentiments ont prédominé ?
Je crois que ma curiosité a toujours dépassé mes peurs… Et ce qui était formidable, c’est que j’étais très rassuré, malgré les piqûres, la fatigue, le climat… Un soir, j’ai dit à Teoreun que j’avais souvent du mal à m’endormir, et sa réponse a été : “Ne pense pas à demain”. Je n’ai jamais aussi bien dormi que ce soir-là, sous une moustiquaire au milieu des Mentawaï, en pleine forêt. Quand je vous parle d’intelligence… Je crois qu’un psy du XVIe ne m’aurait pas mieux parlé que ce chaman ! (rires).
Au retour, on se sent “changé” ?
On revient bouleversé. Concerné profondément par le sort de chacun des êtres qu’on croise et qui nous touchent. On ne pourra pas dire “qu’on ne savait pas”. Ce voyage tombait très bien pour moi, je voulais que cette expérience me serve humainement, et pas seulement dans l’optique du film. J’ai été accompagné par une équipe de gens formidables, qui m’ont tendu les clefs pour me dépasser dans cette expérience. Je n’ai pas cherché à me prendre pour un autre… C’est aussi là-bas, loin de votre vie quotidienne, que vous vous rapprochez de vous-même, que vous allez à l’essentiel. Vous pensez à ceux qui ont besoin de vous, à vos proches. On gagne en humilité, en souci de bienveillance.
Entretien : Laure BARILLON
En préambule, un voyage aller infernal…
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