Indispensables Enfoirés

Michèle Laroque et Michaël Youn, deux Enfoirés emblématiques © TF1/Capa

Coluche espérait que ses Restos du Cœur ne durent que quelques mois. Mais Les Enfoirés ont 35 ans déjà… Car la précarité alimentaire est plus présente que jamais.

Le concert des Enfoirés décroche chaque année des records d’audience. Gageons que vendredi 1er mars à 21h10 sur TF1, la 35e édition ne fera pas exception. Quand Coluche a lancé Les Restos du Cœur, il pensait que l’initiative serait éphémère. Quatre décennies plus tard, elle est plus indispensable que jamais. L’an dernier, Les Restos du Cœur ont distribué 171 millions de repas en France et 1,6 million en Belgique. Ce samedi à 13h40 sur TF1, «Grands reportages» nous emmène dans les coulisses du spectacle des Enfoirés, indispensables pour financer les immenses besoins des Restos.

Ceux qui ont faim

«J’ai une petite idée…», avait dit Coluche. «Quand il y a des excédents de nourriture et qu’on les détruit pour maintenir les prix sur le marché, on pourrait les récupérer et faire une grande cantine pour donner à manger à tous ceux qui ont faim.» C’était au micro d’Europe 1, le 25 septembre 1985.

Quelques semaines plus tard, les Restos du Cœur voyaient le jour, parrainés par un autre homme au grand cœur : Daniel Balavoine. Les deux amis allaient mourir quelques mois plus tard. Balavoine en janvier 1986, lors d’une mission humanitaire en marge du Paris-Dakar. Coluche en juin de la même année, dans un accident de moto.

Fin février 1986, l’humoriste était à Liège pour inaugurer le premier Resto du Cœur belge. Aujourd’hui, on en compte une vingtaine : quatorze en Wallonie, deux à Bruxelles, quatre en Flandre – auxquels il faut ajouter les restos mobiles. L’équipe belge comprend une centaine de salariés et près d’un demi-millier de bénévoles.

Des travailleurs pauvres

L’an dernier, les Restos du Cœur belges ont distribué 1.621.489 repas. Ce chiffre record traduit un terrible accroissement de la précarité. C’est 18 % de plus qu’en 2022… et 141 % de plus qu’en 2019, avant le covid. Les crises successives ont fortement affecté la population. Les personnes précaires, mais aussi celles qui se croyaient à l’abri.

«Ces derniers mois, nous remarquons que le profil des bénéficiaires a changé», explique Frank Duval, président de la Fédération des Restos du Cœur de Belgique. «Avec une augmentation des demandes émanant de familles recomposées ou monoparentales, de personnes pensionnées, d’étudiants… mais surtout de «travailleurs pauvres». Car leurs revenus sont insuffisants pour couvrir les dépenses de base (logement, énergie, déplacements, etc.) et ce, même avec un travail à temps plein.»

En rupture de stocks

Alors que la demande d’aide explose, les Restos du Cœur sont confrontés à une pénurie de l’offre. Pendant des années, ils ont travaillé avec les surplus alimentaires, qu’ils récupéraient notamment dans les supermarchés. Mais ces surplus disparaissent. Car la grande distribution lutte contre le gaspillage. Elle commande moins, puis elle déstocke ses invendus à prix réduit en magasin ou via des applis. «Là où on recevait auparavant plusieurs palettes, on ne reçoit plus que quelques caisses», explique-t-on à la Fédération belge. «L’aide alimentaire reste primordiale pour les personnes précarisées», souligne Frank Duval. «Les mesures gouvernementales ont le mérite d’exister, mais elles sont insuffisantes. Dans le contexte économique actuel, combien de temps encore le soutien des Restos du Cœur pourra-t-il se maintenir envers les personnes précarisées ? Cette situation est intenable sur le long terme.»

Le concert 2024

De Jean-Louis Aubert à Zazie, quarante-sept artistes se retrouvent ce vendredi dès 21.10 sur TF1 pour interpréter «Born to Be Alive», «Popcorn salé» ou «La Goffa Lolita». Parmi eux, quatre petits nouveaux : Santa, Claudia Tagbo, Gaëtan Roussel et Ycare – qui a cosigné avec Patrick Bruel l’hymne 2024, «Jusqu’au dernier». Chaque CD ou DVD vendu permet aux Restos du Cœur de distribuer dix-sept repas.

Faire un don aux Restos du Cœur en Belgique : restosducoeur.be

Cet article est paru dans le Télépro du 22/2/2024

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici