Homosexualité dans le foot : carton rouge au tabou !

Homosexualité dans le foot : carton rouge au tabou !
Julien Vandevenne
Julien Vandevenne Rédacteur en chef adjoint

Ce mardi à 23h30 sur France 2, le documentaire «Footballeur et homo, au cœur du tabou» dénonce les rapports compliqués qu’entretient la planète foot avec l’homosexualité, l’homophobie et la différence.

Cet article est paru dans le magazine Télépro du 9/5/2019

En 2010, Yoann Lemaire, joueur de football amateur depuis l’enfance, est viré de son club parce qu’il est gay. Pour justifier sa décision, le FC Chooz ardennais où jouait Yoann affirme que la présence de ce dernier sur le terrain mettrait en cause sa propre sécurité.

Dans le documentaire diffusé mardi soir, l’homme sillonne la France pour savoir si, neuf ans après son éviction, le monde du football est prêt à mettre l’homophobie sur le banc de touche. Est-ce qu’un footballeur, amateur ou professionnel, pourrait, aujourd’hui, déclarer son homosexualité sans risque de représailles ?

Difficile de répondre, tant les joueurs de foot qui osent s’exprimer sur leur homosexualité se comptent sur les doigts d’une main. Et, généralement, ceux qui se décident à sortir du placard sont déjà à la retraite.

Pour Yoann Lemaire, c’est aux premiers concernés à briser le tabou. «J’en veux beaucoup aux joueurs qui se cachent. Sans eux, on n’arrivera jamais à avancer», affirme-t-il dans le documentaire. «Aujourd’hui, une star qui joue en Ligue 1 n’a rien à perdre, tous les sponsors sont gay-friendly. C’est malheureux que ce soit aux amateurs de porter la cause.»

La dictature du vestiaire

Mais pourquoi les footballeurs, de premier plan surtout, ont-ils une telle frousse de parler ? Pour comprendre l’omerta sur l’homosexualité dans le monde du ballon rond, il faut entrer dans un lieu sacré : le vestiaire. C’est probablement dans cet endroit où la testostérone règne en maître que la honte s’installe, dès le plus jeune âge.

«Ça se joue notamment pendant les discussions aux vestiaires, sur les conquêtes féminines. Des phrases comme « on n’est pas des tafioles »sont souvent prononcées pour s’encourager», explique Frédéric Rasera, sociologue du travail spécialisé dans le football, dans son ouvrage «Des footballeurs au travail : Au cœurd’un club professionnel». «Il y a des rapports de domination qui se mettent en place, c’est implicite, mais c’est violent. C’est par une manière très diffuse que se façonne cette norme. On n’a pas d’actes brutaux. Ce n’est juste pas un univers accueillant aux personnes homosexuelles.» 

Alice Kriescher

Retrouvez l’intégralité de cet article dans le magazine Télépro du 9/5/2019

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