Hadja Lahbib : «On ne fera pas de promo dans « Tout le Baz’Art » (Arte Belgique)» (interview)

Hadja Lahbib : «On ne fera pas de promo dans "Tout le Baz'Art" (Arte Belgique)» (interview)
Pierre Bertinchamps
Pierre Bertinchamps Journaliste

«Tout le Baz’Art», c’est la nouvelle offre culturelle d’Arte Belgique dès ce dimanche 27 septembre. Pas de promo, mais de l’intime au sens noble, et de l’humain. Voilà la promesse d’Hadja Lahbib pour ce nouveau rendez-vous.

Ne dites plus «Quai des Belges», ni «Vlaamse Kaaï», Arte Belgique fait sa rentrée mais avec un seul programme, le dimanche en fin d’après-midi, à 17 heures.

«Nous avons pris le meilleur des deux anciennes émissions», explique Hadja Lahbib, présentatrice de «Tout le Baz’Art». «On a gardé l’esprit de découverte et de rencontre.». Le magazine se compose de 2 parties : un 26 minutes autour d’un invité, et ensuite, un documentaire comme dans «Quai des Belges».
«Tout le Baz’Art» occultera les programmes d’Arte de 17 heures à 18h30, une semaine sur deux. Avec rediffusion sur La Trois.

Quelle est la particularité du concept «Tout le Baz’Art» ?

Tout se fait de façon naturelle, parce qu’on ne répète pas. Mais il y a un gros travail de préparation en amont, parce qu’il faut repérer les lieux, et faire la liste des invités. Nous faisons l’émission avec la personne que nous recevons. C’est vraiment une conduite écrite à quatre mains. La préparation est longue, parce que j’ai besoin de rencontrer l’artiste avant. D’avoir une certaine intimité avec lui pour entrer de façon très naturelle dans ce qui le fait vibrer, et qu’il s’ouvre. Pour la première avec le chanteur Arno, nous lui avons demandé les lieux qui comptent pour lui et les gens qu’il a envie de mettre en valeur pour que le grand public les découvre. On va découvrir plein d’anecdotes sur son premier clip avec le pianiste de l’époque…

C’est un peu comme chez Michel Drucker…

Nous n’avons pas de salon rouge ! (Rires). Nous ne serons pas en studio, nous suivrons la personne là où elle veut aller, pendant une journée entière. Mélanie de Biasio voulait nous emmener voir un terril avant que le jour se lève, à Charleroi. On l’a fait, et c’était assez grandiose et fabuleux. On se permet aussi des petites surprises.

Le choix des invités se fait en fonction de la promo ?

Non, on ne fait pas de promo. C’est une émission totalement intemporelle. L’intérêt est réellement de découvrir la personnalité. Nous arrivons à faire un huis clos dans lequel l’artiste se confie, notamment dans une séquence en voiture avec des caméras embarquées.

Est-ce que le documentaire qui suit aura un lien avec l’invité ?

On va essayer de le faire. Pour la première avec Arno, nous diffuserons « Reinhoud », l’histoire d’un sculpteur flamand qui a eu une reconnaissance internationale, et est issu d’une famille assez flamingante… Les ingrédients de «Tout le Baz’Art», ce sont la rencontre, la découverte, l’émotion et la générosité.

La partie rencontre de «Tout le Baz’Art» aurait sa place sur La Une…

Non, parce que La Trois est une chaîne plutôt culturelle et quand je vois sa grille, nous sommes très heureux d’y être (le jeudi en 2e partie de soirée, NDLR). Et grâce au site d’Arte France, l’émission sera disponible en VOD (pas le doc pour des raisons de droits) ailleurs qu’en Belgique.

Le changement de nom et de concept est une conséquence de la rationalisation des moyens ?

C’était déjà en préparation. Je n’avais pas envie de faire dix ans de «Quai des Belges». C’est dans ma nature aussi de vouloir changer et ne pas rester en place trop longtemps dans un poste à la RTBF. Avant de présenter le JT, j’étais envoyée spéciale ou reporter de guerre. Il faut toujours avancer sinon, on tombe.

Après quatre années de «Vlaamse Kaai», pensez-vous que la culture flamande soit différente de celle du sud du pays ?

Oui, surtout au niveau artistique même si des ponts se tissent entre les deux. On va recevoir Fabrice Murgia, et il nous a fait découvrir un jazzman qui compose pour ses spectacles, et avec qui il va faire un opéra. Arno, c’est l’inverse, il nous fait découvrir la Carolo Mélanie de Biasio. Et lui, c’est un Bruxellois qui vient d’Ostende. Les frontières s’estompent. On le voit aussi dans les documentaires, où la façon de le réaliser est très différente aussi. D’ailleurs, les docs sont sélectionnés pour la singularité de leur écriture…

S’il fallait faire un choix entre «Tout le Baz’Art» et le JT ?

Les deux évidemment ! (Rires) Je n’aime pas choisir. J’ai le temps de me consacrer aux deux activités. Le JT, ce n’est qu’en remplacement de François De Brigode. Je garde mon ADN de journaliste. Aujourd’hui, plus que jamais, on doit abattre ces frontières-là du métier. On peut être journaliste d’un côté, et faire du documentaire et avoir l’envie et la curiosité de faire découvrir des artistes. Pour moi, il n’y a aucun problème d’incompatibilité… Au contraire, elles se complètent et me nourrissent pleinement. «Tout le Baz’Art» me permet de m’oxygéner et de ne pas tomber dans la lassitude de l’info.

Après «Patience, patience… T’iras au paradis», allez-vous réaliser un deuxième documentaire ?

Non, je viens de lancer «Tout le Baz’Art », et ça m’occupe déjà pas mal. Je suis aussi sur la préparation de la «Spéciale réfugiés», qui sera diffusée ce mercredi 30 septembre, sur La Une.

Entretien : Pierre Bertinchamps

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