Gwendoline Hamon : «Ce film a fracassé mon fils»

Gwendoline Hamon et Nemo Schiffman © RTBF/Incognita/Raoul Gilibert

Dans «Maman, ne me laisse pas m’endormir» (ce mardi à 20h25 sur La Une), l’actrice de 52 ans incarne Juliette Boudre, sa vraie amie dans la vie, dont le combat est d’alerter le public sur l’addiction aux médicaments.

Joseph est mort à 18 ans d’une overdose de médicaments. Depuis, Juliette Boudre, sa maman, se bat pour alerter les parents. Elle a raconté son histoire dans un livre : «Maman, ne me laisse pas m’endormir» (lire l’encadré). C’est désormais un téléfilm, à découvrir mardi sur La Une. Avec Gwendoline Hamon (52 ans) dans le rôle de Juliette.

On vous sent très émue de parler de ce film…

C’est vrai. J’ai eu du mal à le voir, à en parler et à prendre du recul… Je connaissais Joseph. Je l’ai vu grandir. Juliette, sa maman, est une amie proche depuis trente ans.

Était-ce une évidence de l’incarner ?

Pas du tout ! Quand il a été question de faire ce film, Juliette m’en a évidemment parlé. Je lui ai dit : «Ma chérie, je suis désolée, mais je crois que je ne peux pas…» Puis Sylvie Testud est arrivée dans le projet comme réalisatrice. Je la connaissais aussi. J’avais joué sa sœur dans «Sagan». Quand elle est revenue vers moi pour le rôle, je me suis dit que les choses devaient sans doute se faire…

Au-delà de Joseph et Juliette, ce film jette un coup de projecteur sur un vrai phénomène de société.

L’addiction aux médicaments. Particulièrement chez les adolescents. C’est terrible. Les jeunes ne mesurent pas le danger. Et leurs parents ne savent même pas qu’il existe ! Quand on parle d’addiction, on pense à l’alcool ou aux drogues. Juliette était très attentive à tout cela. Mais on n’imagine pas qu’un gamin puisse devenir «addict» aux médicaments. Surtout quand ils sont prescrits par un médecin. 

C’est aussi ce que dénonce le film.

Oui ! Au lieu de prendre le temps de poser les bonnes questions, certains médecins prescrivent des anxiolytiques. Et quand vous n’avez plus de prescription, il suffit de descendre en rue. Une pilule de benzodiazépine, ça se vend 10 €. C’est moins cher qu’un pétard.

Au début, Joseph avait juste des angoisses et des insomnies…

Comme plein de gens. Mais ce genre de médicaments n’est pas anodin. Surtout chez un ado. On devient accro sans s’en rendre compte. Quand Joseph s’est retrouvé en cure de désintoxication avec des mecs qui consommaient de l’héroïne ou de la cocaïne, il s’est dit que son histoire n’avait rien à voir avec la leur. Et pourtant, si. Il avait mis le doigt dans un engrenage.

Vous avez vous-même un fils de 18 ans…

Gabriel a bien connu Joseph (qui aurait 23 ans aujourd’hui). C’était un peu comme son grand frère. Le film l’a fracassé. Je ne l’avais jamais vu dans cet état. Je pensais qu’il allait me dire : «Ouais, M’man, c’est lourd, ton film.» Non. Il a fait une crise de larmes. Puis il m’a dit que tous ses potes devraient le voir. Je pense en effet qu’il peut aider les ados à prendre conscience de combien l’addiction est rapide et grave.

Avec une telle charge émotionnelle, comment s’est passé le tournage ?

C’était particulier. D’autant que Juliette est venue plusieurs fois et que Max, le frère de Joseph, travaillait comme assistant. Au début, l’équipe ne savait pas comment réagir en leur présence. Mais il s’est noué une incroyable amitié entre Max et Nemo Schiffman, qui joue Joseph. Et puis, Juliette était heureuse que le film se fasse. Il n’y a rien de plus terrible que de garder le silence autour des gens qui nous ont quittés. Partager l’histoire de Joseph, c’est continuer à le faire vivre. C’est aussi se dire qu’il n’est pas mort pour rien.

Cet article est paru dans le Télépro du 13/10/2022

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici