Guy Lemaire : «J’aurais voulu être un grand chanteur d’opéra !» (interview)

Guy Lemaire : «J’aurais voulu être un grand chanteur d’opéra !» (interview)
Pierre Bertinchamps
Pierre Bertinchamps Journaliste

Pour la deuxième année consécutive, Guy Lemaire est à l’affiche de la pièce des animateurs et journalistes de la RTBF, au profit de Viva For Life : «Bossemans et Coppenolle». Un Liégeois qui parle brusseleir, oufti !

Après «Le Mariage de Mademoiselle Beulemans» en 2014, la RTBF remet le couvert (avec quasi la même troupe !) pour une autre pièce du patrimoine théâtral belge : «Bossemans & Coppenolle». Une version savoureuse à découvrir ce vendredi 1er janvier 2016 dès 20h05 sur La Une !

Guy Lemaire campe le patriarche de l’un des deux clans de supporters de foot. Comme l’an dernier, l’animateur prendra l’accent bruxellois. Un comble pour un Liégeois pur jus. «Je ne suis pas le premier !», sourit Guy Lemaire. «Il y a eu Victor Guyau qui était aussi un Liégeois. Il a été un Bossemans d’anthologie. Les comédiens s’amusent souvent à prendre des accents, qu’ils soient italien, espagnol, du sud, du nord… Pourquoi un Liégeois ne pourrait-il pas tenter celui de Bruxelles ?»

Vous avez été Monsieur Beulemans l’an dernier, lequel des deux rôles préférez-vous ?

Ils sont très différents. Le personnage de Monsieur Beulemans est très impressionnant et marque beaucoup, alors que ce n’est pas un rôle immense dans la pièce. Le plus emblématique des deux pièces, c’est évidemment Madame Chapeau qui n’est finalement qu’un tout petit rôle. J’aime bien le côté un peu rondouillard de Beulemans par rapport à celui acariâtre de Coppenolle. Mais ce dernier a une femme qui n’incite pas à la bonne humeur. (ndlr : rire de Véronique Barbier qui écoute l’interview et qui tient le rôle le rôle). Mais Coppenolle est un très beau rôle et c’est un rêve de comédien belge de pouvoir camper des personnages qui marquent dans des pièces de cette envergure. 

Existe-t-il des pièces liégeoises ou wallonnes du même gabarit ?

Non, «Tchanchès», c’est le répertoire de marionnette. Par contre, il y a de très belles pièces écrites en wallon, que ce soit de Liège, de Charleroi, de Namur…

Vous avez déjà joué en wallon ?

Oui, deux fois. Dont l’une était un téléfilm, il y a 25 ans, et une pièce. C’est très spontané, avec des sentiments très «ouvrier». Et ce n’est pas péjoratif. C’est moins polissé que le français et je dirais même que c’est plus riche. «Bossemans et Coppenolle» est un peu une synthèse à la fois du caractère régional d’une pièce et l’esprit très français dans le théâtre.

Est-ce que vous vous êtes inspiré des autres versions de la pièce ?

En général, non, mais cette année j’ai été «obligé» par David Michels de venir voir «Bossemans & Coppenolle». L’an dernier, il m’avait reproché de ne pas être venu à une représentation de «Mademoiselle Beulemans». Je connaissais déjà la pièce, et le rôle de Jacques Clippe, qui pour moi est le meilleur, mais c’est aussi une question de génération. Je dois reconnaître, que l’on joue plus vite en 2015, que dans les années 70… À la décharge du metteur en scène, nous ne faisons que 20 répétitions, alors que même les professionnels en font plus. J’ai beaucoup de respect pour tous les collègues de la RTBF qui n’ont jamais approché le théâtre quand on voit ce résultat qui tient vraiment la route…

Une seule représentation, ce n’est pas un peu frustrant ?

Si. On n’a joué qu’une fois et demie, puisqu’on a juste fait une générale publique l’après-midi de la captation. C’est vrai que l’on rêverait de jouer aussi longtemps que le fait la troupe du Théâtre des Galeries, mais c’est leur métier à eux, et nous ne sommes pas là pour piquer leur gagne-pain. 

Vous seriez partant pour une troisième pièce des animateurs ?

Bien sûr, mais il n’y aura sans doute plus de pièces aussi fédératrices dans le registre bruxellois. Il y a eu «Bossemans & Coppenolle à Hollyfoot», mais le succès n’a pas été au rendez-vous. Au théâtre, les séries ne marchent généralement pas. En Liégeois, il y a une pièce intéressante qui est «Les Ceux de chez nous» de Marcel Remy, mais c’est très français, donc ce n’est pas sûr que ça passe… L’accent, le vocabulaire et la truculence seraient moins fédérateurs.

Vous allez (re)monter sur les planches en 2016…

Je répète deux pièces en ce moment. La première sera jouée à La Comédie Centrale de Liège, tout le mois de janvier, «Secret de famille» (ndlr : avec son fils Brieuc Lemaire qui met en scène). Et l’autre, ce sera en mars, «La Vérité de Florian Zeller». 

C’est plus difficile d’apprendre un texte avec l’accent ?

C’est une difficulté en plus d’ajouter un accent, il ne faut pas le nier, mais c’est du plaisir aussi.

Il y a un rôle que vous rêvez de jouer ?

Non, j’aurais voulu être un grand chanteur d’opéra, mais c’est trop tard ! Je ne fantasme pas, parce que je n’ai pas de héros, de philosophe ou de personnage préféré… (rires) Il n’y a pas de laid rôle au théâtre. 

Votre sentiment sur «Les Ambassadeurs», la nouvelle émission du samedi après-midi de La Une à laquelle vous participez ?

C’est une sinécure agréable. Il y a beaucoup de motivation et de détermination dans l’équipe. Ce sont 20 personnes sur le terrain pendant 3 jours par semaine. C’est un gros rythme à tenir. C’est un projet ambitieux pour une programme qui passe en début d’après-midi. Mais il tient la route. L’audience est correcte, mais c’est trop tôt pour voir si le produit s’installe vraiment.

Les opérateurs touristiques ont bien pris le changement, l’après-«Télétourisme» ?

Comme dans toute situation, il y a toujours des pour et des contre. La seule chose que l’on peut observer, c’est qu’il y a moins de diversité vis-à-vis des opérateurs. Comme on fait un gros focus pendant 52 minutes, sur un lieu dans chaque émission, forcément, on va mettre plus de temps avant de revenir et parler d’eux. Ils sont moins gâtés…

Entretien : Pierre Bertinchamps 

La pièce «Secret de famille», avec Guy et Brieuc Lemaire, se joue du 7 au 31 janvier 2016 à la Comédie Centrale de Liège. Plus d’info en cliquant ici !

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