Gustaph : « Je ne vais pas à l’Eurovision pour choquer ! »

Gustaph passera à la 5e position lors de la 2e demi-finale de l'Eurovision, le 11 mai 2023. © Getty Images / Aldara Zarraoa
Pierre Bertinchamps
Pierre Bertinchamps Journaliste

Notre candidat pour l’Eurovision nous a accordé une interview avant de partir pour Liverpool.

Dernière ligne droite pour notre compatriote, Gustaph. Jeudi prochain (dès 21h, sur La Une), il sera le cinquième artiste à se présenter sur la scène du Liverpool Arena et tenter de se qualifier pour la finale du samedi suivant. Si les fans et les bookmakers n’ont pas été envoutés par la chanson belge, le Louvaniste a pas mal d’atouts pour séduire l’Europe. Un refrain qui se retient, une voix et un style qui peut lui faire marquer des points. Cette quinzaine à Liverpool est une belle opportunité pour ce fan de l’Eurovision de la première heure…

Quel est le message de la chanson «Because Of You» ?

C’est une chanson que j’ai écrite avec Jaouad Alloul qui est également un artiste queer. Au départ, l’idée était de pouvoir la passer sur des évènements gay ou des prides. On y parle de personnes queers ou qui sont un peu «différentes» et qui rencontrent d’autres personnes comme elles, et elles s’échangent des choses sur leur vie et se donnent du courage. Le sens, c’est que nous devenons une sorte de «famille». Avec le message est l’acceptation de soi mais je pense que le «You» du titre est universel. Il peut concerner tout le monde, les enfants, le mari, la femme, les parents… Beaucoup de personnes vont s’y reconnaitre.

Le message est très engagé vers la communauté gay. Vous ne craignez pas que dans certains pays la chanson ne soit pas comprise ?

Oui et non, mais j’ai envie de croire que non ! Lorsque j’ai eu l’occasion de participer à la sélection nationale de la VRT, j’ai voulu prendre l’opportunité pour donner ce message positif qui concerne les LGBTQIA. Je n’ai pas le choix, c’est la manière de me comporter dans la vie et dont je m’exprime comme artiste. Ca fait partie de moi. Ce que je ne voudrais pas faire, c’est amener un message qui choque ou qui est trop politique. Bien sûr, il y en a un peu quand on traite de ce sujet, mais avec la performance que nous allons proposer sur scène, on retiendra surtout le positif du message. Je veux que ma chanson soit synonyme de fête. Les choses trop politiques ou choquantes, ce n’est pas mon truc. C’est vrai, il y a des pays où il n’y a pas les mêmes droits que nous, en Belgique.

Le changement de méthode de vote en demi-finale (exclusivement le télévoting, NDLR) a fait modifier vos plans ?

Ce sera très différent de ce qu’on a pu voir lors de la sélection nationale. J’ai 3 minutes pour faire tout ce que je peux et convaincre les gens de voter. En effet, ce changement de système de vote a eu une influence sur la performance scénique. Ce sera plus dynamique et il y aura plus d’interactions entre moi et les choristes mais aussi avec les écrans. Honnêtement, je suis content qu’on a changé par rapport à l’émission de la VRT.

Après avoir été choriste à deux reprises (2018 et 2021), c’était un objectif d’y retourner en tant qu’artiste interprète ?

Les expériences que j’ai vécues avec Sennek ou Hoverphonic, avec les répétitions et la rencontre avec le public sur place, ont allumé une petite flamme en moi. Je me suis dit que je voulais le faire aussi. Mais avant ça, j’avais un peu trop peur. Grâce à mes participations en tant que choriste, j’ai un cadre de référence qui m’aide dans mon aventure. Les choses sont différentes, mais c’est du positif. Je vis un chouette moment.

Comme Loïc Nottet, vous décidez de tout ?

J’ai une équipe qui me conseille, ainsi que me mari qui m’accompagne dans tout ce que je fais. Il y a des personnes dans la délégation pour m’accompagner, mais tout part de moi. On travaille tous dans le même sens pour apporter le meilleur de ma performance.

Êtes-vous un fan de l’Eurovision ?

Oui, c’est un peu sentimental pour moi. Le première fois que j’ai vu l’Eurovision, c’est quand Johnny Logan a gagné avec «Hold Me Now» (à Bruxelles, en 1987, NDLR) et j’ai aussi le souvenir des boucles d’oreille de Viktor Lazlo. A l’époque, les chansons de l’Eurovision passaient à la radio la veille du show, et je me rappelle que j’écoutais tout, je prenais des notes… j’étais obsédé par ce concours, puis c’est un peu parti vers la vingtaine, mais depuis 2010, des amis encore plus fans que moi qui vont à tous les évènements m’ont emmené à leurs fêtes et mon amour l’Eurovision est revenu.

Quelle chanson concurrente vous fait-elle peur à Liverpool ?

Il y en a une que j’adore depuis le début, c’est «Evidemment» de La Zarra pour la France. Elle est un peu comme Edith Piaf… C’est un peu de la chanson française, c’est un peu du disco. J’adore comment elle se porte sur la scène et ce qu’elle porte sur la scène. C’est un titre qui devrait finir loin.

Si vous remportez le Grand-Prix, vous aimeriez devenir un symbole de la communauté gay comme l’ont été Dana International ou Conchita Wurst ?

Ce serait un honneur… C’est ce qui me plait de l’Eurovision. Vous évoquez Dana International, et à l’époque de sa victoire, j’avais 17 ans et j’étais un garçon gay qui se cherchait. De voir Dana International qui remporte un tel festival, ça m’a donné du courage et un signal que les choses sont en train de changer. Même ma grand-mère trouvait que Dana était la plus belle chanteuse de la compétition en 1998. (rires)

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Dans le clip de «Because Of You», on voit une drag queen. Vous avez suivi «Drag Race Belgique» sur Tipik ?

Pas encore, parce que c’est tombé pendant la préparation de l’Eurovision et regarder une compétition quand je prépare une autre compétition, c’était un peu trop pour moi. Je suis un très grand fan de « Drag Race » et de toutes les franchises à travers le monde. Mais, dès que je reviens de Liverpool, je regarde. Je connais quelques noms de drags qui y participent.

Entretien : Pierre Bertinchamps

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