Guillaume Néry : «Suivez-moi dans le Grand bleu»

Guillaume Néry dans «Méditerranée, l'odyssée pour la vie» © France 2/Boréales
Nicole Real Journaliste

À voir dès ce mardi à 21h10, «Méditerranée, l’odyssée pour la vie», une série documentaire en six épisodes en prime time sur France 2, a déployé des moyens pharaoniques inédits. Rencontre avec le plongeur professionnel et champion d’apnée qui a supervisé les plongées.

Plus de 50 scientifiques, 40 opérateurs de prise de vue, 12 coréalisateurs, 15 coauteurs et plusieurs centaines de personnes monopolisés durant quatre ans dans une quinzaine de pays, ainsi que des moyens techniques de pointe pour des tournages sous-marins et aériens avec des équipes chevronnées : la série «Méditerranée, l’odyssée pour la vie» est du jamais vu !

Le champion d’apnée en profondeur Guillaume Néry, 39 ans, a participé à cette gigantesque aventure !

Quel est le but de cette série ?

Nous avions envie de raconter la Méditerranée comme une jolie histoire. Pour la plupart des gens, cette mer se limite à une belle étendue bleue en surface. Ils ignorent tout de sa beauté sous-marine. Toutes mes explorations ont pour but de dévoiler la force de vie mais aussi la fragilité qu’enferme la Méditerranée.

Comment êtes-vous devenu un accro de l’apnée ?

À 14 ans, à Nice, pour passer le temps dans le bus avec un copain, on s’amusait à retenir notre souffle le plus longtemps possible. Je me suis découvert d’excellentes capacités pulmonaires et, comme j’étais déjà assez sportif, l’apnée m’a attiré. Plonger en profondeur est devenu le bon moyen de combiner ma découverte de l’inconnu dans un défi physique.

Votre pratique de l’apnée a-t-elle évolué au fil du temps ?

Oui, beaucoup. Je m’y suis d’abord consacré pleinement dans une approche sportive de haut niveau, concentré sur la performance. Mais un accident lors d’une plongée en 2015 m’a fait prendre du recul puis arrêter la compétition pour laisser libre court à mes idées créatives et découvrir la beauté du monde sous-marin sous d’autres angles.

Quelle est votre méthode pour approcher de si près les cachalots ou les phoques moines ?

Il y a toujours un temps d’adaptation pour apprendre à écouter et à observer le comportement de l’animal. En tant qu’apnéiste, on est assez libre, réactif, très silencieux et discret. Face à chaque animal, c’est presque instinctivement qu’on apprend à adopter le comportement adéquat. Les phoques moines, par exemple, ont peur de l’homme qui les a longtemps chassés. Il a fallu procéder en douceur et progressivement susciter leur curiosité pour enfin créer l’interaction. Cette démarche était passionnante : on redevient animal dans le monde animal.

Quel animal marin vous a le plus impressionné ?

Tous les mammifères marins. Avec les baleines à bosse, les globicéphales, les cachalots… on se retrouve dans un face-à-face entre mammifères. C’est surprenant. J’ai aussi eu la chance de rencontrer des gros poissons, notamment les requins qui, en général, font peur car ils incarnent le danger sous l’eau. Alors qu’ils sont loin d’être les tueurs qu’on imagine !

Que ressentez-vous sous l’eau ?

Tout dépend de la mer et de la profondeur. Dans cet univers extrême et hostile à cause de la pression, du froid et de l’obscurité, on n’a pas d’autre choix que de rester très concentré pour éviter de vivre cette incursion comme une souffrance. Sous l’eau, je me sens bien car j’ai appris à être dans une recherche de paix, de calme intérieur et d’harmonie.

L’apnée a-t-elle changé votre façon de vivre ?

Oui, complètement. Je viens de sorti un livre, «Nature aquatique» (*), autour de ce lien que j’ai tissé avec la mer et dans lequel je raconte comment l’apnée a enrichi ma philosophie de vie et mon évolution dans mon rapport à l’eau depuis mon accident.

(*) À lire «Nature aquatique», Guillaume Néry, 208 pages, 16 € (éd. Arthaud) 

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