Guide vert pour la survie de Noirs
Une pépite du 7e art sur France 2 (21h05) : «Green Book», couronné par l’Oscar du Meilleur film en 2019 !
Face à un long métrage des frères Farrelly, on s’attend à se bidonner devant une farce pour ados attardés dans la pure tradition US. Les frangins sont à l’origine de «Dumb and Dumber» (1994), «Mary à tout prix» (1998) ou encore «Fous d’Irène» (2000). Mais en 2018, quelle n’est pas la surprise du 7e art quand l’aîné, Peter Farrelly, signe en solo «Green Book». Ce film retrace l’histoire vraie de Tony Lip, un videur italo-américain engagé pour protéger Don Shirley, un célèbre pianiste noir, lors d’une tournée de concerts en 1962, alors que la ségrégation sévit encore.
Guide de survie
Le titre est emprunté à un guide de voyage pas comme les autres : «The Negro Motorist Green Book». Son auteur, Victor Hugo Green, un postier afro-américain, l’a édité tous les ans entre 1936 et 1966. Son but ? Recenser les commerces et établissements qui acceptaient la clientèle noire afin de lui éviter d’être violentée.
Au pays de l’oncle Sam, la ségrégation naît à l’issue de la guerre de Sécession (1861-1865) qui voit l’Union du Nord triompher face à la Confédération de onze États du sud. Grâce à cette victoire, l’esclavage est enfin aboli. Mais les Sudistes contournent l’abolition en imposant un système légal de ségrégation, «les lois Jim Crow», qui organise la séparation sociale entre Noirs et Blancs. Au début des années 1960, face à cet ostracisme honteux, la contestation citoyenne qui grondait depuis un moment trouve enfin écho auprès du président JFK. Mais il faut attendre 1964 et la loi sur les droits civiques (sous Lyndon Johnson) pour que toute discrimination soit enfin interdite. Victor Hugo Green, mort en 1960, n’aura pas connu cette ère. Pire : plus de 55 ans après la fin de la ségrégation, la société américaine est toujours fortement teintée de racisme. «Quand, à travers un film d’époque (…), on observe la façon dont les gens se comportaient dans le passé, on en apprend souvent davantage sur le présent qu’avec un film se déroulant dans un cadre contemporain», souligne Viggo Mortensen, Tony à l’écran.
Duo de choc
Pour incarner Tony Lip – de son vrai nom Vallelonga, un Italien du Bronx -, l’acteur a non seulement pris 20 kg, mais aussi visionné de nombreux enregistrements de Tony. L’auteur en est l’aîné des Vallelonga, Nick, aussi co-auteur du scénario de «Green Book». À en croire le fils de Tony, le pari est réussi pour Mortensen : «C’était par moment presque irréel tant il me rappelait mon père». Et pour parfaire le tableau, notons que Mahershala Ali, alias le musicien Don Shirley, fournit aussi une performance de haut vol saluée par l’Oscar du Meilleur acteur dans un second rôle !
La bande-annonce :
Vous pouvez modifier vos choix à tout moment en cliquant sur « Paramètres des cookies » en bas du site.
Cet article est paru dans le Télépro du 4/02/2021.
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici