Georges Lang : «Ce n’est pas une corvée de faire de la radio !»

Georges Lang © Isopix
Pierre Bertinchamps
Pierre Bertinchamps Journaliste

«Les Nocturnes» fêtent leurs 50 ans, ce dimanche soir, sur bel RTL. Rencontre avec son animateur depuis la première émission en 1973.

50 années à l’antenne, est-ce un record ?

Je crois que c’est un record, mais je ne cours pas après les records. J’ai cru comprendre que j’étais peut-être le seul animateur en France qui a pu avoir 50 ans d’antenne avec la même émission. Il existe des émissions plus vieilles, mais elles ont changé plusieurs fois d’animateurs, comme le «Stop ou encore», par exemple. Je ne l’ai pas fait exprès… J’ai fait en sorte que « Les Nocturnes » soient une réalité, le 22 mai 1973, et j’y suis toujours. Mais pas au même endroit, à Luxembourg puis à Paris, mais toujours pour RTL.

Vous n’avez jamais été un peu blasé par la routine ?

Non, parce qu’il faut avouer que c’est un métier-passion que je pratique presque par vocation. Ce n’est pas une corvée de faire de la radio ! Quand j’étais jeune, j’ai eu envie de faire ça et j’ai tout fait pour le faire. Quand je suis entré à RTL, j’ai réussi à y faire ce que je voulais. On me laisse faire, je ne subis aucune pression. C’est plutôt rare. Mon record, c’est ça. Personne ne m’a rien dit sur ma programmation. Je suis libre et je passe ce que je veux. Vous ne savez pas comme je suis envié par des collègues…

D’où vient l’idée de cette émission et l’heure improbable de diffusion ?

Vous avez raison, «Les Nocturnes» est une émission que l’on a envie d’écouter. Quand j’ai commencé, c’était minuit-3h du matin. J’avais rencontré le directeur artistique de RTL à la rue Bayard à Paris et je lui ai proposé de faire des émissions de nuit. Comme vous, il m’a demandé pourquoi. J’ai répondu que j’étais fan de radio, j’écoute ce qu’il y a sur France inter et Europe 1, et je crois que sur RTL, j’aurais ma place. Il m’a envoyé faire une émission à Luxembourg, en direct, où j’ai été coaché par celui que j’allais remplacer. Et deux ou trois mois après, on m’appelait pour reprendre la tranche le samedi soir. C’est comme ça que j’ai progressé. Avec Bernard Schu, on a créé le programme et on a voulu refaire le monde… On a vu qu’il n’y avait pas grand-chose comme émissions de rock sur les antennes françaises. C’était la fin des années 60 où la musique devenait structurée, intelligente, bien produite avec des paroles qui disait vraiment quelque chose. C’est ça qui me plaisait. Le disque «The Dark Side Of The Moon» des Pink Floyd passait chez nous en intégralité (42 minutes, NDLR) et en permanence. Parfois, on nous demandait si on n’avait pas été mandaté par la maison de disque pour le faire, mais on l’adorait.

Qui vous écoute ?

Les routiers font partie des gens qui nous écoutent. J’ai tendance à aller vers le passé pour retrouver des choses qui sont des classiques du rock. Ce qu’ils adorent, c’est l’été, quand je fais des émissions spéciales où je vais fouiller le répertoire du rockabilly. Ils sont friands de ça. Le panel est très varié avec pas mal d’étudiants. Je reçois des courriers de personnes qui m’écoutaient durant leurs études, ils ont arrêté durant leur vie professionnelle et viennent de me retrouver alors qu’ils sont à la retraite «Vous êtes la bande originale de ma vie !». Ça me fait réellement plaisir. Il y a aussi tous artisans ou les gens qui se lèvent très tôt pour aller travailler. Ce qui est drôle, c’est que les Américains sont tombés par hasard, sans doute, sur « Les Nocturnes » sur internet, et ils m’écoutent. Je me suis inspiré d’eux, et maintenant, ils m’écoutent. C’est un retour d’ascenseur.

Après cet anniversaire des 50 ans… vous repartez pour 50 années ?

J’ai 75 ans, je ne crois pas que je vais encore rester 50 ans, faut pas rêver… (Rires) Je ne me suis pas donné de limites. Je serai vraisemblablement là à la rentrée prochaine. Cet été, je referai les «Beach Party». Si je n’ai pas de soucis de santé ou physique, je continuerai…

Vous avez déménagé plusieurs fois de studio. Vous avez eu peur que l’émission ne s’arrête à cette occasion-là ?

Non, ce ne sont pas les déménagements qui m’ont fait peur. En 2001, j’ai été écarté de l’antenne parce qu’un patron n’aimait pas ce que je faisais et il m’a dit qu’il me remplacerait par une machine. Il l’a fait… Beaucoup d’auditeurs ne l’ont pas bien vécu, et ils ont manifesté d’une manière ou d’une autre. Ils sont revenus sur leur décision pour des questions d’audience, c’était le même cas que Philippe Bouvard. À l’époque, Le Monde avait titré la situation par «Un accident industriel». Il fallait d’abord se séparer de ce directeur, puis colmater la brèche. Depuis, je suis reparti… La fin du studio à Luxembourg, c’était une question de contrat qui liait RTL Paris à la CLT. Un certain nombre d’heures devaient être diffusés depuis le Grand-duché pour garantir l’indépendance de la radio. Il y avait un studio dédié à RTL et une équipe pour faire fonctionner ce studio. Je faisais partie de cette équipe avec également Max Meynier.

 «Chewing Rock», sur RTL Télévision, c’était le pendant télé du concept radio ?

À Luxembourg, je m’ennuyais un peu dans la journée, donc j’allais voir souvent les gens de la télé. Ça a créé des liens et un jour, un producteur m’a demandé si je ne voulais pas faire «Citron-Grenadine», le mercredi après-midi. Je n’avais jamais fait de télé, mais il m’a rassuré parce que nous serions quatre animateurs (avec Michèle Etzel, Marylène Bergmann et Jean-Luc Bertrand). J’y ai fait mes armes pendant deux ans, mais les programmes pour enfants, ce n’était pas mon truc. Je voulais faire un programme sur le rock. J’ai commencé par vingt minutes, le dimanche après-midi puis j’ai eu une heure parce que ça marchait et l’aventure a duré dix ans. Ensuite, on a monté M6 où j’étais le premier animateur. On m’a demandé de choisir entre la télé et la radio, j’ai préféré la radio. J’ai fait un peu de télé en Belgique sur RTL-TVI et j’ai collaboré aux «Enfants du Rock» pour Antenne 2.

La télévision ne vous manque pas ?

À mon âge, non… (rires) Mes cheveux sont tous blancs…

Entretien : Pierre Bertinchamps

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