«Funny Girls», ces héroïnes sont excentriques mais on les adore

Audrey Fleurot, 44 ans, incarne Morgane, HPI, grande gueule et diablement intelligente ! Forcément, ça énerve... © François Roelants/Itinéraire Production/September Production/UGC/TF1

Elles ne sont pas toujours glam’, ont des comportements et une façon de parler peu orthodoxes. Aussi, pourquoi les aime-t-on tant, ces héroïnes déjantées ?

Sapées comme l’as de pique, un débit et un vocabulaire qui dépotent, les nouvelles héroïnes de séries sortent des cases où les producteurs les ont longtemps confinées. Et ça nous plaît ! Car elles disent tout haut ce que l’on pense tout bas et n’en font qu’à leur tête avec panache. Focus sur ces «funny girls» !

Liberté folle

L’année dernière sur La Une, elle avait passionné 613 mille Belges francophones. Un record ! Même topo en France : «HPI» a été le programme de fiction le plus regardé. Ils étaient 10 millions, en moyenne, vissés devant la télé à chacun de ses épisodes. «Je suis ravie !», confie son héroïne Audrey Fleurot, 44 ans, en évoquant la suite de ses aventures diffusées dès mardi sur La Une. Enfin, celles de Morgane, 38 ans, ex-technicienne de surface, trois enfants, deux ex, et 160 de QI. Cette fille à «haut potentiel intellectuel» est devenue, par hasard, une précieuse consultante pour la police. «J’ai été intéressée par le côté rebelle, ingérable et génial du personnage», se souvient Audrey dans 20 Minutes. «Je suis fascinée par les adultes qui se comportent comme s’ils avaient 5 ans. C’est une liberté folle. C’est gênant pour leur entourage, mais il y a quelque chose de frais, de jubilatoire. C’est comme si Morgane était passée au travers des codes, de l’éducation. Elle est excessive, drôle, grande gueule, attachante et insupportable.»

Un si grand attachement

Comme l’assure Alice Chegaray-Breugnot, créatrice de la série, à Télépro : «Morgane est présentée avec fantaisie car elle associe des idées qui, a priori, ne semblent pas coller. Elle n’aime guère les ordres et l’autorité, et remet tout en question. Ces caractéristiques des HP pimentent le récit !»

Dans «Astrid et Raphaëlle», Sara Mortensen incarne Astrid Nielsen. Cette héroïne autiste Asperger est, elle aussi, devenue consultante pour la police par hasard. Et ses réactions atypiques désarçonnent ses collègues ! «Je dois me concentrer, car je mets un point d’honneur à ce que tous les gens concernés par le spectre autistique ne se sentent ni ridicules, ni trahis ni blessés», explique Sara à France 2.

Chapeau aux autistes !

La fiction a permis d’éclairer le grand public sur l’autisme Asperger et d’éloigner les clichés nés de films tels «Rain Man» (1988). «Contrairement aux neurotypiques (personnes non-autistes, ndlr), les Asperger vont à l’essentiel, ne s’embarrassent pas de conversations futiles. Ils doivent donc s’adapter à notre monde en ayant la patience de parler de sujets qui ne les passionnent pas. Quel effort !», déclarait Sara à Télépro. «Comme dit Josef Schovanec, philosophe et écrivain autiste, c’est pour eux un cirque social !» Comme le note Melissa Reiner, neurologue et consultante pour la série «Good Doctor», feuilleton sur un jeune médecin autiste (Freddie Highmore), «chaque fois que l’industrie du divertissement apporte des exemples de neurodiversité, elle ouvre la voie vers sa compréhension.»

Madame Sans-Gêne et sans filtre

Qui n’a pas eu envie, un jour, de claquer le beignet à un inopportun avec une réplique bien sentie ? «Capitaine Marleau», incarnée par Corinne Masiero, leur en donne l’occasion par procuration ! Sans filtre, peu attachée aux conventions, elle lance : «Respecter les règles ? Quelles règles ? J’m’en fous, j’suis ménopausée !» Coiffée d’une chapka cachant une tresse en bataille, enveloppée dans ses chemises à carreaux, la capitaine a oublié de jouer les coquettes. Et de prévenir flics et suspects : «Vous savez pourquoi on dit que je suis moche comme un pou ? Parce que c’est vrai. Et quand je m’accroche, je leur ressemble !» C’est l’actrice elle-même qui ajoute certaines de ces saillies aux dialogues. La réalisatrice Josée Dayan, auteure de cette série sur-mesure pour la comédienne, est cliente de ses réparties, car sur la même longueur d’onde que Marleau : «La vie est trop courte pour se forger une fausse personnalité, pour ne pas dire ce que l’on a envie de dire. Je préfère être moi !»

Désobéissance humaine

En France, Maître Munchovski, alias «Munch», sollicite ses sbires officiels et officieux pour ses dossiers. Isabelle Nanty l’incarne avec une tendresse jubilatoire : «Elle n’a peur de rien et fait des choses que je ne ferais jamais dans la vie !» Et de préciser sur France Info : «Elle court-circuite les enquêtes de police, prend les devants et n’hésite pas à se mettre en danger pour innocenter ses clients ! En définitive, Munch est attirée par l’humain qui se cache derrière chaque affaire, quelle qu’elle soit !»

«Alexandra Ehle», médecin légiste, est récemment venue renforcer le panel de ces atypiques «attachiantes». Son interprète, Julie Depardieu, souligne dans Gala : «Elle se débrouille bien pour désobéir avec le sourire ! Moi non plus, je ne fais pas toujours tout ce qu’on me dit. Mais ça passe plutôt bien car il n’y a pas de scénario écrit !»

Cet article est paru dans le Télépro du 28/04/2022.

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