Franck Dubosc («La Dernière partie») : «Mon père désirait mourir»

«J’ai vraiment joué une ’dernière partie’ de Scrabble avec mon père avant sa mort», confie Franck Dubosc © RTBF/TF1/CALT Story/François Lefebvre

L’acteur de 57 ans est à la base du scénario de «La Dernière partie», un téléfilm en deux volets traitant du thème controversé de l’euthanasie, à voir ce mardi à 20h40 sur La Une.

Franck Dubosc, on vous connaît rieur, mais vous avez les larmes aux yeux…

Je suis effectivement très ému de parler de ce film.

Car cette histoire est la vôtre ?

Complètement romancée, bien sûr ! Comme chacun sait, l’euthanasie est interdite en France et personne ne la pratique…

Pourquoi ce besoin de parler de la fin de vie de votre papa, qui a donc choisi l’euthanasie ?

Un jour, ma mère m’a dit : «Papa meurt mardi. Es-tu d’accord ?» Que voulez-vous répondre à ça ? J’étais en tournée, je suis revenu pour voir mon père une dernière fois. Il était atteint de la maladie de Charcot. Très diminué, il estimait que cela suffisait. Voilà… Quand on a vécu un truc pareil, vient un moment où l’on a envie de vider son sac. J’étais incapable d’écrire sur le sujet mais je me suis confié à un ami et il en a fait un scénario.

Pourquoi ce titre, «La Dernière partie» ?

Mon père et moi avons beaucoup joué au Scrabble. Lorsque je suis allé le voir la dernière fois, il ne pouvait plus parler, mais on y a joué. C’est bête mais j’ai songé un instant le laisser gagner. Car je savais que c’était notre dernière partie. Lorsque je l’ai quitté, je savais que c’était la dernière fois que je le voyais… Et en découvrant le film, j’ai pleuré en revoyant cette scène : moi en bas de l’immeuble, lui au balcon. Pour la dernière fois.

Vos relations semblaient pourtant tendues…

Il y avait pas mal d’incompréhensions entre nous. Et un manque de reconnaissance. Dans les deux sens. J’avoue avoir toujours eu honte de mon père. De nos origines modestes, de son métier d’ouvrier. Je l’ai longtemps dénigré. Je comprends aujourd’hui que c’était une génération plus pudique que la nôtre. On ne disait pas à ses enfants qu’on les aimait…

Avez-vous choisi Macha Méril et Guy Marchand pour incarner vos parents ?

Non, mais j’en suis très heureux. Macha est magnifique et il se fait que Guy ressemble un peu à mon père. Je suis admiratif de son travail, il apparaît très vieux, très diminué… Il fait même pipi dans son pantalon ! À près de 85 ans, il faut avoir le cran de jouer ça. Je lui tire mon chapeau. Lorsqu’on a tourné la scène où il s’allonge dans le cercueil, il nous a dit : «Je répète !». On était tous morts de rire.

C’est donc une comédie dramatique…

L’histoire est dramatique mais c’est d’abord une comédie. C’est le meilleur moyen de désamorcer le sujet et toucher le public. L’euthanasie a beau être officiellement interdite en France, plein de gens vivent de telles situations. Il faut en parler. Je suis fier qu’on en ait fait un téléfilm, qui touche un plus large public. Au cinéma, on aurait eu moins de monde.

Votre maman ne verra pas le film…

Non. Elle savait le projet en cours, mais elle est partie juste après le tournage. J’y ai vu un signe. Elle était malade depuis un moment. Avant de mourir, elle m’a dit : «Ton père a eu de la chance : il a choisi !»

Cet article est paru dans le Télépro du 30/9/2021

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